Guy Croussy

Au lendemain de la Libération, une femme est tondue devant les élèves de l’école primaire d’un village du Nord. Parmi les assistants, le petit Manuel : son fils. Il nous raconte cette histoire et tout ce qui s’ensuit : son incompréhension de la cérémonie démoniaque, la honte de son grand-père Vivi, le cordonnier, père de Marie la Tondue. Parce qu’elle était « distante » et trop fière, disent les uns, parce qu’elle avait soigné un Allemand blessé, disent les autres. En fait, Marie la Tondue avait été résistante, comme son père Vivi et son mari, Michel, fusillé par les Allemands. Alors, innocente ? Mais comment peut-on être innocent quand on est puni ? Le petit Manuel n’imagine pourtant pas sa mère coupable : si elle a été tondue, se dit-il, « c’est de bonne foi »...



Tondu à son tour, lynché par ses camarades de classe, il partira sur les routes et finira enfermé dans la « Colonie », un univers quasi pénitentiaire. Les aventures du jeune Manuel nous mèneront loin : de la demeure des Fleury, un vieux couple de bourgeois salauds, à la péniche des Fernez, anarchistes d’eau douce.



Roman populiste ? Roman métaphysique ? Aucune formule ne peut résumer la Tondue, cette quête spirituelle de l’innocence que mène un gosse de onze ans et demi dans les campagnes de Picardie, au sein d’un monde terriblement serein où toute injustice semble méritée.



Ce roman, tout en demi-teintes, laisse suggérer les ambiances plus qu'il ne les décrit. Tout apparaît entre les lignes ; les silences sont éloquents. Au sein d'un monde impitoyable et dur, les personnages rusent avec le sort qui est le leur mais semblent, d'autre part, très fatalistes.
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Ce roman m'a prise au ventre et au coeur. Comment ne pas être bouleversée par le récit d'un petit garçon, Pierre, témoin du drame vécu par sa mère, tondue par l' instituteur, dans l'école, devant tous les élèves et exclue du village. L'enfant n' est protégé que par la vieille Noémie qui va l'emmener aux Bleuets, "une bonne maison orpheline". Ces années-là seront celles de l'amitié, des bagarres ,des cruautés entre enfants, de l'attente du retour du père, prisonnier. Pierre arrive à l'âge adulte, et devra surmonter l'ignominie de l'épuration.

Ambiance, psychologie...dureté.

Même une fois la lecture finie, et avoir pris le temps d'y réfléchir, je ne sais toujours pas ce qui m'a le plus frappée dans ce roman, à savoir l'indifférence du personnage principal, qui se révèle nécessaire dans chaque situation qu'il vit, ou bien, la propension des gens à toujours créer des ennuis à autrui !

D'une tristesse absolue, dans laquelle réside la beauté, j'ai véritablement été conquise par cette ce roman !

Les places que l'on occupe et les rôles que chacun joue dans une famille,

les difficultés à savoir qui l'on est, à s'accepter différent des autres et différent de qui l'on voudrait être.

Une réflexion sur le bonheur et les conventions.