Ce n'était plus la nuit, mais le noir rempli de points lumineux à l'origine de tout. Ce paysage, à la fois vide et plein, la remplissait d'un sentiment de beauté absolue. Elle ne voulait plus vivre autrement et demeurer ainsi pour toujours. Elle restait là, tel un vestige du temps présent, tandis qu'une mélodie nostalgique envahissait sa tête.
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Elle s'assit à une terrasse de café et se mit à observer le paysage urbain qui l'entourait. Elle trouvait l'esprit de la ville éternel tandis que ses passants étaient de simples passagers, dont le trajet allait de la vie à la mort.
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Les autres clichés correspondaient presque tous aux victimes retrouvées jusque-là. Des visages d'adolescentes, qui paraissaient comme incommodées par cette métamorphose physique échappée de l'enfance, qui serait suivie d'un égorgement silencieux. Une très grande tristesse émanait de leur expression.
Elles portaient le plus souvent des blousons et des jeans, ce qui leur conférait un aspect de garçon manqué. Leurs cheveux étaient courts, parfois mi-longs.
Une cigarette au coin des lèvres, la plupart semblaient taciturnes, ressemblant à des statues antiques d'un nouveau genre. De là à penser qu'elles préféraient mourir et être des victimes potentielles, Léa se garda bien de l'imaginer.
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Léa sortit quelques instants sur le balcon, la douceur de la température, associée au noir du ciel, suggérait une ambiance estivale et festive. Elle se sentait à l'aise dans ce paysage, à un âge où les promesses de lendemains qui chantent sont encore intactes. Une cigarette à la bouche, une légère brise effleurant sa nuque, elle réfléchissait à la façon d'un vieux sage, tout en tirant sur son morceau de papier enfumé.
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