Hamou Bouakkaz

Faisons de l'instabilité un plaisir plutôt qu'une contrainte. Les personnes handicapées ont vocation à être des enseignants de ce monde qui change. Après tout, l'évolution du monde ne s'est-elle pas construite de cette façon ? Parmi les batraciens qui vivaient dans les eaux qui recouvraient alors la Terre, l'un est né avec des poumons à la place des branchies. Il aurait dû mourir, ce "handicapé"-là. Mais voilà que l'eau s'en est allée, et les poumons si malcommodes lui ont permis de respirer et de survivre. La personne handicapée d'hier était le valide du nouveau monde.

La vie est un songe et elle ne dure qu'une seconde au regard de l'éternité. Mais quelle seconde... un hasard, un gène, et elle n'advient pas. Un hasard, un gène, et elle fait de vous un singulier presque conforme à son semblable et pourtant à nul autre pareil. Ma seconde à moi s'est ouverte sous les auspices de la nuit, une nuit définitive, une nuit insondable, et pourtant bien plus belle que les jours de 80% des habitants de cette planète.

Le handicap n'est une charge pour la collectivité que si et seulement si celle-ci n'a d'autre horizon que l'assistanat pour les personnes concernées. Nous connaissons le dicton chinois : " Si tu donnes un poisson à un pauvre, il mangera un jour et en redemandera ; si tu lui donnes une canne à pêche, il subviendra à ses besoins"; Les choses ne sont pas toujours aussi simples, mais l'idée est là.

Le seul vrai handicap est le manque d'amour. On vient à bout de tous les autres par la persévérance, le travail, les nouvelles technologies, l'information et un entourage de grande qualité.