Il y a un moment, il doit y avoir un moment, juste avant le degré zéro, où l’eau ne coule plus mais est encore fluide. Une fraction de seconde avant que le premier cristal ne se forme et ne se propage dans l’espace avec un craquement inaudible, se divisant, se réfléchissant, se dédoublant, s’élargissant à une vitesse vertigineuse dans toutes les variantes possibles de l’arithmétique, jusqu’au moindre recoin de la masse aqueuse qui se fige en formant un dessin splendide, une grimace glaciale. Une vague peut geler en plein mouvement, avec son écume, ses bulles d’air et tout. Mais avant, l’espace d’un court instant, j’imagine que tout est silencieux dans l’eau montante. Le silence avant que tout ne se fige. C’est le genre de silence que je sens en ce moment.