La surprise et désappointement de l'aveugle furent grands lorsque, arrivé au bout de la corde, il constata qu'il n'y avait pas d'eau et sentit la broussaille sous ses pieds au lieu du sable humide. Effrayé, il revint en hâte auprès de son compagnon.
- Nous sommes perdus, dit-il. Le lac est desséché. Il n'y a plus une goutte d'eau, et la broussaille à poussé pendant la nuit à l'endroit même où le pieu était planté.
Surpris et justement inquiet, son camarade décida de se rendre compte par lui-même à l'horrible situation où ils semblaient se trouver. Il pris le récipient et se dirigea à son tour vers le lac
C'était au commencement du monde. Les bons et les mauvais esprits se partageaient la terre ; nous devons croire que les bons esprits furent les plus forts puisque malgré eux, la terre est restée et restera belle.
C'est parce qu'il connaissait ses devoirs qu'un Indien ne tuait que les animaux nécessaires à sa subsistance et ne cueillait jamais ni tous les fruits d'un arbre, ni toutes les baies d'un buisson : il en laissait toujours un peu pour les oiseaux et les insectes, qui avaient le même droit de vivre que les hommes.
Il tenait ses légendes de son père qui, lui même, les tenait du sien. Ses paroles étaient celles d'un sage. Elles expliquaient le ciel, la terre, les hommes, les animaux et les plantes. Elle avaient passé de bouche en bouche depuis les générations les plus reculées. Elles apprenaient aux hommes la valeur du travail, de la bravoure, de la bonté ; le respect de la parole donnée et la reconnaissance qu"ils devaient au Grand Esprit qui les avaient crées, qui les faisait vivre et qu'ils désignaient sous le nom de "Grand-Manitou" pour le distinguer d'autres esprits, plus ou moins inconnus des hommes, et qu'on appelait simplement "Manitous".
Quand l'abondance régnait, tous les membres de la tribu en jouissaient en commun ; quand les provisions commençaient à manquer et que le besoin se faisait sentir, nous partagions loyalement ce que nous avions.
Il y a bien longtemps, et beaucoup de lunes ont brillé depuis l'époque dont je vous parle, l'Amérique n'était habité que par des Indiens. Après que Christophe Colomb eut découvert ce continent, les hommes de race blanche, les "Visages Pâles", y allèrent à leur tour. Peu à peu ils prirent possession de cette terre nouvelle ; il en devinrent les maîtres et la race des Peaux-Rouges s'éteignit graduellement. Il n'en reste guère que quelques tribus dispersées qui évoquent encore le souvenir des tribus d'autrefois.
Imaginez-vous donc vous appelez Daim-Léger ou Lièvre-Rusé et que vous êtes couché sur le ventre dans la grande plaine couverte de sauge-sauvage, à l'ombre d'un teepee au toit pointu. Le soleil est brûlant, le ciel d'un bleu argenté sans nuage ; la cime des Montagnes Rocheuses se dessine à l'horizon. A quelques pas de vous, votre cheval broute paisiblement. Le diseur d'histoire vient d'arriver ; écoutez-le, comme de nombreux Indiens l'ont écouté avant vous.
...Et les Nègres et les Visages-Pâles se développèrent aussi sous d'autres cieux, mais aux yeux des Indiens, Noirs et Blancs ne sont que des œuvres imparfaites, des "essaies" du Créateur.