Berlin n'est pas une jolie ville. Mais elle saisit l'âme ! Je ne parle pas des claques historiques qu'on se prend à chaque coin de rue, ces tumultes du siècle dernier sur lesquels on trébuche en flânant - une ligne de pavés qui marque l'emplacement du Mur, une plaque en laiton dorée devant la maison d'une petite fille juive déportée en 1943, des impacts de balles dans les façades... Non, je pense aux herbes folles qui s'emparent des ronds-points, aux batailles de boules de neige organisées entre les habitants de quartiers limitrophes, aux cotonneuses pluies de pollen d'acacia du mois de mai qui recouvrent des rues entières et entrent dans les appartements, aux barbecues sur les balcons, à ce territoire parsemé de lacs et de forêts, au ciel si vaste au-dessus de l'ancien aéroport de Tempelhof transformé en parc...