Helmut Krausser

Voilà un roman auquel j’ai repensé en lisant Amour dure sans fin d’Alain Rézette ; plus exactement un roman dont je me suis dit à cette occasion que je devrais en faire la promotion parce qu’il a, d’une certaine façon, changé ma vie. C’est un roman qu’on n’oublie pas parce qu’il ouvre à un autre monde.

Je l’ai lu il y a des années déjà, un peu obligée par mon père qui me l’avait mis dans les mains : il se désolait que je n’avais eu aucun cours de musicologie pendant mes études. Lui-même l’avait acheté après avoir entendu Stéphan Eicher en faire l’éloge sur RTL.

Ce n’est pas une lecture simple, mais si l’ouvrage est, comme on dit, un pavé, on n’en ressent pas la longueur. En fait, on est envoûté, initié à quelque chose qu’on ne soupçonnait pas (je parle pour moi) : la puissance alchimique de la musique, la vraie, la grande, celle qui constitue le socle de tout ce qui est venu ensuite, celle dont j’ignorais totalement l’existence avant d’ouvrir ce roman. Cette musique-là possède des pouvoirs magiques. Ce roman, articulé autour d’une intrigue puissante, prenante, les exerce sur le lecteur qui se trouve poussé, irrésistiblement, à écouter les œuvres évoquées. La première fois que j’ai entendu le Miserere d’Allegri, je n’en ai pas cru mes oreilles. C’est con, hein ? Ben, c’est comme ça. Et à chaque fois, je ressens le même frisson. Donc, si vous êtes comme je l’étais, ignare en musicologie, n’hésitez pas, faites cette découverte, lisez ce livre !

Il faut que je m’explique sur mon mot d’introduction. En fait, dans Amour dure sans fin, le héros se rend en voiture de Florence à Saint-Paul-de-Vence, et il cite quelques-uns des morceaux qu’il écoute, dont… le Miserere d’Allegri.