D'abord, je vous l'avoue, j'ai cru trouver par moments mon plaisir dans les divertissements du monde; et comment ne me serais-je point laissé, à vingt ans, enivrer quelquefois par le charme nouveau de ce qui jusqu'au bout suffît à étourdir tant de vies? J'ai eu de courtes ivresses, mais j'ai observé aussi, observé les autres et moi-même. Il m'a semblé que, dans la vie de plaisir, le plaisir qu'on éprouve est factice, illusoire, tout de surprise ou d'accoutumance; que les hommes s'assemblent pour traîner presque tous jusque dans leurs fêtes leurs préoccupations tenaces d'intérêt, de vanité, d'ambition.
C'est avec une curiosité avide, une presque superstitieuse émotion qu'en traversant Strasbourg, il y a quinze mois, j'allai vous trouver dans votre retraite ; et certes vous ne vous êtes point douté combien tout m'intéressait, me frappait, m'attirait, du cadre où s'enferme votre vie, de votre personne et de vos propos.