Il me semble que nous avons été amis toujours, Henri Cartier-Bresson et moi. Mon aîné d'un an, cependant, je sais bien que c'est lui qui découvrit le premier et qui me dévoila la plupart des choses pour lesquelles nous allions nous passionner plus tard. Peintre et puis photographe, déjà, quand je n'étais qu'une larve, il m'a montré, tyranniquement parfois, ce qui valait la peine d'être vu, lu, entendu, dans l'univers. C'est vers 1928, la grande époque surréaliste, que nous avons décidé de sortir de la médiocrité bourgeoise pour devenir au moins des hommes libres, et le rester. Ainsi mourra-t-il, j'en suis sûr; comme je veux mourir.
André Pieyre de Mandiargues