Henri Jeanson

Le Panthéon pour Jeanson



Epoustouflant, gratifiant, égratignant, impertinent, extravagant, irrévérencieux, insultant, jamais vulgaire, mais toujours avec dignité et distinction et surtout, surtout avec de l'humour, tel est le ton de ce recueil de bons mots.





Henri Jeanson dialoguiste et scénariste entre autres de "Pépé le moko, Hôtel du Nord", critique de cinéma, écrivain, journaliste, était également ce que l'on appellerait aujourd'hui, un polémiste.



L'ouvrage reprend beaucoup de ces chroniques écrites dans "Le Canard enchaîné", des extraits de ses dialogues et de nombreuses citations dont Jeanson s'était fait une spécialité. A travers tous ces textes, c'est aussi la vie artistique et politique de l'entre deux guerres que l'auteur nous permet de découvrir.



Artistique car Henri Jeanson était un scénariste important à cette époque et fréquentait de nombreux acteurs, poètes et écrivains tel que ses grands amis Louis Jouvet et Robert Desnos.



Politique parce que ce chroniqueur, pacifiste et anarchiste, libre et nullement inféodé à quiconque, n'hésitait pas à dénoncer et à affronter les hommes politiques qu’ils soient de droite comme de gauche, dans cette période particulièrement clivante, ce qui lui valut plusieurs séjours derrière les barreaux.





C'est un ouvrage rempli d'humour, de drôlerie, intransigeant, Jeanson n'épargnant personne, pas plus les producteurs, réalisateurs et acteurs avec qui il travaillait que ses amis les plus chers. Un livre qui fait du bien, un véritable bonheur de lecture car elle est le reflet d'une culture de l'impertinence faîte avec élégance.





Le Panthéon, donc, pour Jeanson, celui des bons mots et du politiquement incorrect.

Qui ne connait pas la fameuse réplique d'Arletty dans "Hôtel du nord" : "Atmosphère... atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère…"?



Et bien, cette réplique, entre bien d'autres, nous la devons à Henri Jeanson, qui avec Prévert et avant Audiard, fut un dialoguiste vedette du cinéma français entre 1932 et 1967.



Je ne peux énumérer tous les films dont il a signé le dialogue, citons simplement : Hôtel du Nord, Pépé le Moko, Entrée des artistes, Fanfan la tulipe, Marie Octobre, La vache et le prisonnier...



Jeanson était aussi critique et journaliste polémiste, entre autres au "Canard enchainé", antimilitariste et pacifiste déclaré.



C'est un très bel hommage à cet auteur quelque peu oublié que rendait René Château, dans ce copieux volume, paru dans la collection "La mémoire du cinéma français".



Pour conclure, je ne résiste pas au plaisir de citer cette réplique de Noël Roquevert dans "Marie Octobre" :

"J'ai le courage de mes opinions, seulement, je les garde pour moi."

Cette pièce de théâtre d'Henri Jeanson raconte la vie au conservatoire des arts dramatiques.

Cette pièce est préfacée par Louis Jouvet, qui par ailleurs y joue le rôle du professeur Lambertin.

Dans ce livre figure aussi une lettre de M.Pagnol, un portrait de Touchagues, quelques photos et des extraits de presse parus en 1938 au moment de la présentation de la pièce au Colisée.

Sur les photos on reconnait Bernard Blier, Odette Joyeux, Janine Darcey, Claude Dauphin, roger Blin et Louis Jouvet avec derrière lui en arrière plan le groupe des jeunes élèves du conservatoire.

Ce livre est une curiosité du théâtre français écrit que l'on découvre avec extrêmement de plaisir.

Pour qui se veut amateur de bons mots, fussent-ils cruels, ce petit ouvrage est incontournable. Il recense mille et une vacheries dites par des célébrités du show-bizz ou de la politique à l'encontre de leurs semblables.

Je ne résiste pas à l'envie d'en citer une, atrocement savoureuse. Elle est prêté à Marie-France Garaud, à l'endroit de Jacques Chirac :

"Je pensais qu'il était du marbre dont on fait les statues. Il est en réalité de fayence, dont on fait les bidets".



On trouvera dans ce recueil des citations de Guy Bedos, Coluche, Mitterrand, Clémenceau, Chirac, Jeanson, ...