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Citation de coco4649


EN LANGEDINE
A KIVNI

Ce fut Ajvinia qui m’introduisit à la Cour et m’enseigna les usages.
Hélas, quel mauvais élève elle eut en moi !
Par une faveur exceptionnelle, je fus invité chez Ajvinia, au grand dîner qu’elle donne à la fin de l’hiver, à trente ou trente-cinq personnes. C’était la première fois que j’étais invité par une dame de la Cour, ayant le premier rang après les princesses.
Comme tout y était différent des réceptions du palais, et d’une intimité imitée à merveille, à laquelle, malgré ma méfiance, je me laissais prendre ! Ce n’était partout que chuchotements, grands secrets enfin dévoilés, aveux tout nus, gens qui se donnent tout entiers !
Dans cette atmosphère pour moi nouvelle et presque étrange, le visage de Cliveline, reposé et parfait, lumineux comme une perle, régnait seul pour moi.
Le repas ne fut pas long. Ils se levèrent de table à l’improviste et pas tous en même temps ; on se dispersa et je n’osai même pas la saluer.
J’ignorais quelle était la règle pour saluer une jeune fille de rang inconnu, dont la mère est déjà sortie de table.
Comment, comment allais-je jamais retrouver Cliveline ?
L’époque venait où les soudards devaient revenir de l’expédition victorieuse contre les Clavas et aucune jeune fille ne sortirait plus. L’époque vint. Je ne la rencontrerais donc plus !
J’allai rendre visite à Ajvinia. « Jeune étranger, me dit-elle, il faut mieux appliquer nos règles », et j’appris que j’avais gravement manqué à Cliveline.
« Elle vous pardonnera peut-être, comme vous êtes étranger, mais la règle est que quand un chevalier voit une jeune fille de son rang pour la première fois, il lui offre deux noix ; elle remercie, les tient quelque temps dans sa main et les laisse sur la table en sortant. Mais elle les regarde avec attention si elle veut marquer au jeune homme de l’intérêt. Exceptionnellement, elle peut garder une noix. La signification n’en est pas absolument précise : c’est un mouvement du cœur. Je puis bien vous le dire en confidence, Cliveline m’avoua : « Si ce jeune étranger m’avait fait le cadeau d’usage, je crois bien que j’aurais gardé une noix. »…

p.63-64
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