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Critiques de Hervé Bouchard (10)
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Mailloux

C'est un petit livre peuplé par la prose poétique d'un enfant québécois.

A travers les âges de l'enfance, difficiles, car plutôt souffre-douleur, mal aimé de ses parents, ou du moins pas comme on l'aimerait.



On rebondit d'une époque à une autre, sans ordre apparent, autre que celui du souvenir cuisant, de ces événements qui poursuivent jusque dans les rêves.

On est dans le Canada rural, froid et dur, bien qu'une inexplicable douceur s'en dégage, d'une simple évidence propre à l'enfance.



La langue s'entend à la couleur de son accent, rappelant à ceux qui en ont eu la chance, cette autre musicalité francophone, incarnée dans la bouche d'un ou d'une amie.

Ils me manquent ceux-là, formidables camarades d'études et de jeux, et la promesse jamais tenue de se revoir, ici ou bien plutôt là-bas…

On lit ces lignes en les écoutant à voix haute dans sa tête, d'un léger sourire nostalgique et vaguement moqueur…



La photographie du bandeau de couverture, par l'immense Roger Ballen, est particulièrement bien choisie. Un joli travail d'édition du Nouvel Attila.
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Mailloux

« Mailloux », un roman réaliste et dérangeant



C’est avec beaucoup de naturel qu’Hervé Bouchard raconte la vie de Jacques Mailloux, enfant. La vie d’un gamin confronté à la dureté du quotidien de la vie de quartier, confronté aussi à l’indifférence de sa mère, à l’alcoolisme de son père, aux décès qui jalonnent son existence. Une invitation à partager le quotidien des petites gens, celles qui occupent leurs journées en les regardant passer, celles qui ont des enfants, mais ne les voient plus et les laissent affronter la vie extérieure seuls et sans repère.



« Mailloux », le gamin qui connaît la honte de déféquer devant ses amis, qui s’initie aux plaisirs de la chair, seul dans la chambre de ses parents, puis se retrouve spectateur d’ébats non conventionnels chez des gens qu’ils fréquentent sans vraiment les connaître. Mailloux qui côtoie la mort d’amis et bien plus, qui côtoie le malheur s’abatant sur toute la famille quand un petit « Mailloux » de 100 jours est retrouvé dans le canapé, mort noyé dans son vomi, écrasé par un père alcoolisé qui s’est endormi.



« Mailloux » qui connaît les amitiés fortes, faites de violence, de jeux où quand on y perd, on paie de sa personne. Et le gage, qui de brimade devient défouloir pour se terminer en pugilat.



Une lecture qui sent la misère d’une enfance trop tôt confrontée aux réalités



Une lecture particulière, comme l’ambiance qui règne dans ce livre. De lecteur, on se retrouve voyeur de toutes ces courtes scènes de vie. Une ambiance moite, qui sent la cigarette et la bière. On imagine les femmes bigoudis sur la tête, habillées d’un tablier, puis devenir pimpantes dans leurs vêtements bon marché à l’occasion d’une rare sortie de leur quotidien étriqué. On se représente les hommes titubant jusqu’au canapé, petit-déjeunant au tabac et à la vinasse. On entend les commérages qui se rependent de pailler en pailler et auxquels il faut faire face, en attendant que d’autres ragots alimentent les conversations et salissent d'autres victimes.



Il m’aura fallu beaucoup de concentration pour m’immerger dans la vie de Jacques Mailloux. Le langage, mêlant argot, manque d’éducation et automatisme forgés sur plusieurs générations est assez difficile à s’approprier. On s’y habitue toutefois au bout de quelques (courts) chapitres. L’ambiance, les situations, les hontes et les drames, je les sais réalistes. Aujourd’hui encore, même si l’on vit moins en extérieur qu’à cette époque, je sais qu’il y a des gens qui habitent dans des endroits où l’intimité n’est pas respectée, où tout se sait et se répète, ou l’humiliation est naturelle et chacun, un jour ou l’autre en sera victime. C’est étrange, mais en terminant ce livre, je me suis sentie sale, comme si je venais de vivre l’histoire de « Mailloux » en direct. C’est un sentiment de compassion que j’ai ressenti pour lui alors qu’il ne m’a inspiré que du dégoût lors de ma lecture.



Un livre pour lecteur aventureux, curieux de lire un texte bien écrit malgré le côté « inculte » du phrasé. Pour tout vous dire, je ne sais pas si j’ai aimé ou pas, mais en tout cas, j’y pense beaucoup.


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Mailloux

Pas facile l’enfance québécoise de Jacques Mailloux. Une mère insensible, un père qui rentre de l’usine pour s’abrutir en tétant la bouteille et ne lésine pas sur les taloches, des copains moqueurs. Mailloux pisse au lit, c’est plus fort que lui. Plutôt que de l’aider, ses parents l’enfoncent dans la honte. En courts chapitres, on suit les traces d’un gamin plutôt solitaire, en butte à l’indifférence des adultes, mais qui ne se plaint pas plus que cela de son sort. Un gamin davantage dans l’observation que dans l’analyse, un gamin qui se dit que les choses sont comme elles sont, faisons avec. Par moment surgissent des épisodes plus optimistes, soulignant le poids de l’amitié. Il y a dans ce roman une forme de brutalité, de sauvagerie et d’autodérision qui aurait dû me plaire. Sauf que ça n’a pas été le cas. Du tout.



Un abandon, très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je n’aime pas me battre avec un texte. J’aime qu’il me résiste si cette résistance finit par céder et devient source de plaisir. Ici, la lecture a été laborieuse, tellement laborieuse que je me suis arrêté après cent pages (sur 150). En cause, la langue. Une langue inventée, changeante, d’une telle liberté qu’elle m’est apparue incontrôlable et que je m’en suis lassée.



En fait, on peut attaquer un chapitre d’une écriture fluide et parfaitement compréhensible et se retrouver derrière avec un phrasé digne des prédictions de Nostradamus. J’admire la prise de risque et le culot d’Hervé Bouchard mais à la longue, ça m’a fatigué. Et cette focalisation sur la forme, cette espèce de pénibilité, a plombé ma lecture, m’a éloigné du fond, m’empêchant de ressentir la moindre émotion envers ce pauvre Mailloux.



Un rendez-vous manqué donc. Impossible pour autant de ne pas reconnaître les qualités d’un ouvrage publié au Québec en 2002 et régulièrement réédité depuis. Le fait est qu’Hervé Bouchard possède une vraie plume, déstabilisante certes, mais avec une incontestable identité. Pas une écriture prétentieuse ou boursouflée à la manière de, juste une écriture à laquelle je n'ai pas adhéré. Et pour le coup je le regrette sincèrement, mais ce n’est pas la peine de faire semblant, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.


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Mailloux

«… ah la vie, disait-elle, ah oui la vie, disaient-elles. »



Lire Mailloux, c’est plonger tête la première dans Rabelais, Jarry, Renard et Beckett. Sans oublier Jean-Jacques… C’est du lourd dirait l’autre. Du vrai !

L’enfance de Mailloux, « dehors tout le temps », s’échappant à quatre pattes du traîneau que ses parents tiraient, direction opposée, c’est l’enfance du pisseux, du « mardeux » qui invente une histoire les pieds en l’air « pour faire descendre les mots » : « il faut seulement se mettre en position instable pour que les mots on les entende mieux » confie-t-il à son copain avec lequel il compte écrire une petite saynète.

Les mots de Mailloux sont dans l’ordre où ils sont, comme ils sont, bruts, grossiers, entrechoqués, accumulés. Ils disent le vécu du gamin, la violence de la honte, la recherche du plaisir, l’omniprésence de la mort. Ils crachent, vomissent, se tiennent mal et vous sautent au visage dans un rythme insensé, ivres de vie, fous d’existence et de rage. Ils disent la vie de Mailloux, emmêlés, empêtrés et jaillissants. Sublime torrent bouillonnant et grondant auquel il faut accepter de s’abandonner pour y goûter, admettre d’être secoué, propulsé dans ce flot de paroles débridées à la syntaxe disloquée mêlant argot et mots québécois, brouillant les niveaux de langue. Il faut aimer jouer, s’amuser, être ouvert à une parole qui vient vous bouleverser…

L’enfance drôle et cruelle de Mailloux… Il sort de la piscine « une motte de merde plus dense que la roche » dans le maillot, et celle-ci sort sous le regard écoeuré du grand Gagnon qui « voit sans croire ce que Mailloux laissa, la motte luisante sous le couchant » et qui demain dira aux autres. Honte absolue de l’enfant. Il est « un Mailloux qui pue… sans doute une merde lui-même ». Le Gagnon en parle chez lui, qu’est-ce que tu crois, dit le père philosophe, « tout le monde c’est des pleins de marde ! Une bonne pluie, c’est ce qui faudrait pour nettoyer toute la marde que les pleins de marde ont chiée à terre partout où qu’ils passent. »

Et puis Mailloux veut être dehors, le sirop de la rue, mais « Parfois pressé on n’avance pas. On est Jacques Mailloux bloqué dans le proute, dans l’empêchement qui est. Je voulais souvent partir jouer. D’aussi loin que je me rappelle j’ai toujours voulu partir. » Le père le rappelle pour une réparation électrique longue et impossible qui se termine par une punition, enfermé le Mailloux, enfermé !

La mère Mailloux, « la mère monstre » dit au père : « Il se pisse dessus la nuit. Il va nous tuer. Père Mailloux, bats-le ! » Il obéit, le père Mailloux, frappe le fils avec le tue-mouche, la ceinture, un gros morceau de bois. Rien n’y fait. Tous les matins la machine tourne avec les draps dedans.

« Qu’il parte au camp, ça va reposer la machine ». C’est une idée. La corde à linge fait du bruit, les passants voient le linge. « Ta maison ne peut rien garder secret car ta rage est trop aiguë », Mère Mailloux. Ces objets « signifient » et disent ta haine. Le sais-tu ?

Et sa honte ? Y penses-tu, Mère Mailloux, y penses-tu à « la tristesse malade de la honte… qu’on appelle le malheur. » ?

Quelques moments d’oubli, « les veillées d’embouchure » avec les filles (si certains ont besoin d’une traduction, qu’ils lèvent la main…), les dimanches « d’ennui de juillet » dans l’arbre mort à dire les noms, à les gueuler au vent et à la terre, les pieds dans la boue au bord du ruisseau, la pêche au chat mort et son enterrement, les jeux sur la glace dans la région du Saguenay, ces moments heureux de l’enfance de celui qui dit « je voudrais une éponge de nuit sur mon tourment »

Une œuvre majeure d’une force sidérante et d’une poésie insensée, un texte théâtral que l’on a envie de dire et de redire tant les mots ont de puissance.

Encore les mots du songe de Mailloux : « J’ai la teneur de la boue. Je vois tous les mots. Je les vois m’embrunir d’incompréhension face à l’empêchement qu’ils font de moi. Je suis la colline désolée. La teneur de la boue m’a. » Maux de l’enfance…


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Mailloux

C'est un livre à lire, ne serais ce que pour l'usage que fait Hervé Bouchard de la langue. Mailloux donne l'impression d'entrer dans un laboratoire littéraire. Ce texte fascine par son étrangeté et son hybridité. Il est impossible de trancher: ce livre est à a fois roman et poésie. Il ne se donne pas d'emblée, il y a un certain travail de décodage à réaliser. Il faut se laisser le temps de s'imprégner du jeu de Bouchard sur la langue pour l'apprécier à sa juste valeur.
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Harvey

Lecture touchante d'un jeune garçon faisant face à la mortalité de son père. Écriture pouvant convenir à des jeunes ayant des difficultés en lecture.
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Mailloux

Cruelle et drôle, la langue unique des tempêtes sous un crâne enfantin du Québec.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/12/note-de-lecture-mailloux-herve-bouchard/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Numéro six

À quoi ressemble la vie d’un patineur sans talent embrigadé dès son plus jeune âge dans une ligue de hockey mineur ? [...] Hervé Bouchard répartit les faits saillants de cette carrière éclair en neuf périodes pointillistes, où les passes de cynisme amusent tout autant qu’elles tournent la lame du patin dans la plaie.
Lien : http://www.lactualite.com/cu..
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Numéro six

Qu'on aime ou non notre sport national, Numéro six d'Hervé Bouchard fera rire et sourire puisque le récit est raconté par le prisme observateur de l'enfance, de son innocence, de sa truculence et de son sens de la dérision.
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
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Harvey

Empreint de poésie, aussi bien au niveau du verbe que du trait, Harvey se révèle touchant, sans sombrer dans le pathos.
Lien : http://www.bodoi.info/critiq..
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