Non, entre ces marins, c’est autre chose : le secteur qu’ils fréquentent, la nature avec laquelle ils composent sortent si vigoureusement de l’ordinaire qu’il se crée entre eux, malgré les humeurs et les caractères, une culture commune, une solidarité de frères de la côte. Même quand ils ne s’aiment pas (et, souvent, ils s’aiment bien), ils partagent une estime mutuelle, une espèce d’admiration réciproque, jamais déclarée, niée si besoin est, mais solide. Ils connaissent les mêmes trous, les mêmes gouffres, ils calculent avec la même exactitude l’heure de la renverse, ils ont peur des mêmes rencontres, des mêmes brisants. Ils forment une aristocratie sans manière, ce qui est le summum de l’aristocratie (Chapitre 3 - page 120).