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EAN : 9782020408042
288 pages
Seuil (01/04/2000)
4.19/5   42 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Seuil - 03/1999)


« L’Abeille », c'est un remorqueur de haute mer, Un des plus puissants de la planète, en « station » à Brest. Ouessant, c'est le cap Horn de l'Europe, le pays des vents furieux, des courants sauvages, des crocs sous-marins.

« L’Abeille » garde Ouessant comme on garde un trésor ou un stock de nitroglycérine. 24 heures par jour, 365 jours par an, elle est prête à appare... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le plaisir suprême du lecteur est de pouvoir lire une oeuvre sur le lieu même où se déroule l'action.
Je n'ai pas eu la chance de monter à bord de l'Abeille Flandre mais j'ai eu le privilège de découvrir ce récit palpitant d'Hervé Hamon dans un hameau de la côte sud de l'Ile d'Ouessant, face au Fromveur et au Phare de Kéréon.

Avant la traversée depuis Brest, j'ai eu l'occasion d'admirer au port l'Abeille Bourbon, remorqueur majestueux de force et de taille, imaginant les aventures et les expériences de sauvetage en mer qu'il a dû engranger au fil des ans.
Et puis, en l'observant, tant d'interrogations se pressent dans ma tête : Combien de marins sont nécessaires au bon fonctionnement du bateau ? Quels types de bateaux peuvent être secourus par l'Abeille ? Sur quel territoire ?

Et voilà qu'Hervé Hamon, avec ce récit L'Abeille d'Ouessant vient au devant de toutes mes questions en donnant la parole à ce remorqueur extraordinaire, à ses équipiers-marins tout aussi extraordinaires, aux multiples acteurs des sauvetages en mer, aux Ouessantins, aux femmes et aux amis restés à terre.
Il n'en fallait pas plus. Je suis captivée.

Durant plus d'un an l'auteur a partagé la vie des marins de Abeille Flandre, au tempérament hors du commun, a affronté les vagues les plus hautes sorties tout droit des enfers, a expérimenté les émotions les plus belles, les plus fortes et les plus intimes dans un corps à corps avec les éléments pour nous offrir ce livre à couper le souffle.

Hier je marchais au pied de la tour du CROSS-Corsen me remémorant les échanges anxieux d'un fameux soir de tempête entre Carlos, le commandant de l'Abeille et les aiguilleurs.
Ce soir, ce sera une visite nocturne au Phare de Crea'ch et au loin, le fantôme de l'Olympic Bravery qui s'est enfoncé dans les eaux tumultueuses au Corn Héré.
Et puis je regarderai avec effroi le Capraia s'approcher dangereusement de l'île Keller et de ses nombreux rochers.

J'ai l'impression de vivre la visite guidée la plus passionnante, la séance de cinéma en 3D la plus captivante de toute ma vie.
J'ai l'impression d'y être. Simplement.

Par ses mots, avec beaucoup d'humour et de poésie, Hervé Hamon m'a permis de vivre de l'intérieur cette vie de marin-sauveteur qui est si opposée à celle de la fille des Alpes que je suis.

Et puis, dans une semaine, je reprendrai la Penn Ar Bed pour regagner le continent. J'espère une traversée tranquille contrairement aux vacanciers qui ont vu leur séjour sur l'île prolongé de 5 jours pour cause de tempête.
À Brest, je n'hésiterai pas à m'arrêter à nouveau longuement devant l'Abeille Bourbon, en souvenir de toutes les émotions vécues à la découverte des aventures de sa soeur l'Abeille Flandre à travers ce livre.
Et puis, je tenterai d'apercevoir Carlos, Jean-Paul ou Lionel sur le pont. Ou leurs successeurs. Peut-être auront-ils envie de partager, à travers un simple regard, l'immensité de l'océan, la passion de leur métier ou la force de leur engagement.

L'Abeille d'Ouessant est un très grand coup de coeur. Ce livre, comme cette île du bout du monde, vont laisser des empreintes indélébiles dans ma vie. Pour mon plus grand plaisir.

« C'est une mer qui rassemble toutes les autres, abrupte et hachée, pendulaire et rageuse, elle peut être énorme à toucher les cailloux. le Cap Horn subit des tempêtes effroyables, mais la roche y est clairsemée et le trafic plus encore. Ici, nous avons tout, les dents de la mer, les dents de la terre, et la folie des hommes, folie qui va grandissant avec le nombre. »
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Basée à Brest, l'Abeille Flandre est un bateau très puissant et hors normes. Il est en effet chargé du remorquage et du sauvetage des navires en panne, en difficulté, voire en perdition, dans l'une des mers les plus dangereuses du monde : autour de l'île d'Ouessant, au large du Finistère. La SNCM se charge, elle, du sauvetage proche de la côte. Il y a deux possibilités de passer de l'océan Atlantique à la Manche et inversement : soit par le "rail" qui contourne l'île à l'ouest, soit par le courant du Fromveur (en breton, le "grand torrent"), désormais interdit à tout trafic commercial, et qui longe Ouessant au sud-est. Là où l'affrontement du courant venant du sud-ouest (le "suroît") et du vent qui souffle parfois en sens contraire rend la mer très difficile. S'y ajoute, entre Ouessant et la pointe Saint-Matthieu, le danger omniprésent constitué par le chapelet d'îles et de rochers, comme autant de montagnes sous-marines, dont seul le sommet émerge.
Hervé Hamon nous livre ici le récit des mois de septembre 1997 à l'été 1998 qu'il a passés à bord de l'Abeille Flandre, aux côtés des douze membres de l'équipage, véritables héros des temps modernes, prêts à intervenir vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans des conditions dantesques, c'est-à-dire dignes de l'Enfer, quand le vent souffle force 12 sur l'échelle de Beaufort.
A ce titre, le nom de certains chapitres est révélateur. Dans le chapitre "Furie de temps", on lit que "le ciel est invisible, le gris de la mer et le voile d'une pluie froide l'ont totalement englouti" (page 209) ; le mot "déferlantes" revient fréquemment et leur violence peut tordre les rambardes métalliques du bateau. Dans le chapitre "Morceau de bravoure", l'auteur s'interroge : "Pourquoi des hommes acceptent-ils de mettre leur vie en jeu afin que d'autres hommes échappent à la mort ?" (page 230). Il dresse ainsi un portrait très élogieux du commandant, payé "pour tirer de la peur latente un profit dynamique" (page 233).
Dans ces conditions extrêmes, qui mettent à rude épreuve le courage des sauveteurs, on apprend aussi que le délai d'intervention est crucial, compte tenu de la violence des vents et des courants : au large d'Ouessant, vingt minutes perdues peuvent être fatales ; entre Ouessant et le continent, ce temps est réduit à trois minutes.
La lecture de cet ouvrage procure deux sentiments. A l'exaltation d'un sauvetage réussi, se mêle la colère de voir des armateurs peu scrupuleux ignorer délibérément les règles : mettre en danger la vie de leurs équipages, celle des sauveteurs, et polluer un milieu naturel fragile. Trouvé dans une boîte à livres, une semaine après le livre Ouessant d'Yvonne Pagniez, L'Abeille d'Ouessant y apporte un complément passionnant et dépaysant, tant il vous emmène à la fin de la terre. Car autant en emporte le vent.
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Embarquement immédiat ! L'auteur nous emmène en voyage au large de la Bretagne sur l'Abeille Bourbon, un des deux remorqueur de haute-mer français basés sur l'Atlantique. le rythme va relativement crescendo, avec au départ quelques généralités sur le bateau, son armateur, son rôle dans le protocole de sauvetage maritime, ses habitudes en mer et au mouillage ou au port, et enfin son personnel et son rythme de vie.
L'auteur a en effet embarqué sur le navire pendant plusieurs mois afin de vivre cette expérience avant de l'écrire.
Puis l'hiver approche, accompagné par des tempêtes de plus en plus violentes, et des situations de plus en plus difficiles à bord, avec quelques remorquages particulièrement périlleux...
Tout est dans ce roman : le rythme, l'atmosphère de la vie à bord, le stress, les vagues, tempêtes et gîte du bateau : on a l'impression d'être à bord !
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Pour les amoureux de la Mer des grands espaces et des Marins l auteur leur rend un hommage majestueux avec un talent remarquable.Un pur bonheur de lecture
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Une vraie belle decouverte que ce livre et cet auteur,une histoire qui tourne autour du thème de la mer et de la vie sur une tres grand bateau,un remorqueur des mers pour etre precis ,la fameuse "abeille" du titre .L'atmosphère est parfaitement retranscrite entre les pages et l'auteur nous transmet sa passion entre les lignes.A ne pas rater !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Pas de doute, c'est la njuit que la tempête est magistrale. Parce qu'on n'a ni le temps ni le pouvoir de calculer son élan - la déferlante est là, on ne l'a pas devinée. Parce qu'on danse un bandeau sur les yeux, parce que l'ouïe reste en dernière instance le témoin du monde et de ses ténèbres. A une exception près, peut-être : par moments, la nuit, on voit le vent. Quand tout n'est plus qu'un chaos brouillé, quand l'oscur chevauche l'obscur, une fumée de sel se déchire en tournoyant : c'est le vent qui se montre.
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Sauver n’est pas obéir. Plus qu’un impératif catégorique, le sauvetage est une culture. La fameuse « solidarité des gens de mer » n’est pas légende. Elle est propre à ceux qui partagent le secret de l’horizon insaisissable, à ceux qui connaissent le mystère de l’estran, la zone indécise entre la terre et l’eau, la frange des écueils et des remous d’où jaillissent le monstre et l’étranger - le comble de l’étranger, n’est-ce pas l’homme dont le navire est perdu, tellement vulnérable, tellement dépouillé, privé de mots, de vêtements, d’argent, de carte, que tu ne saurais l’abandonner ?
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Sa philosophie du commandement, au fond, est exactement contraire à celle de beaucoup d'hommes politiques : inscrire la victoire au compte de l'effort mutuel, et l'échec ou la faille à son propre compte. Ne jamais se décharger sur un subordonné de l'erreur ou de l'accident.
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Pour Lionel, Jean-Marc ou Charly, un bon bateau, ce qui s'appelle un bon bateau, un outil entretenu par des gens qui savent l'entretenir et qui ont reçu ce savoir de leurs prédécesseurs, un bateau pareil est, sinon une anomalie, du moins une survivance. La plupart des bâtiments qu'ils s'en vont assister sont l'incarnation de leur propre déclin. Un sauvetage réussi est toujours exaltant. Mais il y a, conjointe, la souffrance de voir s'estomper une culture maritime, de la voir partir en miettes, se démembrer comme craque une coque, avant d'aller au fond.
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Est-ce un métier ? Carlos, là dessus, est catégorique. Non, cette partie-là du métier n'est plus un métier. Ce n'est pas un dû, cela n'a pas de prix, ni de salaire équivalent, ce n'est pas un fragment de "culture d'entreprise". a un certain stade, celui où l'on engage sa peau, voire, plus simplement, celui où l'on craint de l'engager, une démarche volontaire et singulière est requise. On ne peut pas expliquer ce choix par la seule recherche de l'exploit, par le narcissisme héroïque, ni par l'émulation.
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Vidéo de Hervé Hamon
Hervé Hamon publie "Dictionnaire amoureux des îles" chez Plon. Votre mer est un milieu hostile, meurtrier, menaçant, attirant peut-être parce qu'il est tout cela. Loin de l'image un peu aseptisée des agences de voyages, ce livre nous donne envie de larguer les amarres, de voir ces îles de près et parfois on veut même s'y installer y compris dans les plus inhospitalières. Les îles sont synonymes de mystère et d'exotisme, mais aussi d'exil, de migrants, de conquête, de trésors, de pirates, de négriers, de déportés, de prisons et de liberté. Elles nous parlent d'écologie de mondialisation, de solitude mais aussi de joie. "Les îles éveillent en nous un imaginaire, mais je parle aussi des tragédies qu'elles ont vécu ou qu'elles sont en train de vivre comme à Lampedus ou Lesbos. Il y a les changements climatiques qui les menaces également."

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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>Commerce, communications, transports>Transports maritimes, aérien, spatial>Transport maritime (marine marchande) (7)
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