AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Bibliographie de Hervé Legrand   (3)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le corps devient un fait personnel. Certes, toute invention de soi est mesurée socialement par les propositions offertes sur le marché de la cosmétique en général, et des pressions sociales, et par la manière dont l'acteur essaie de tirer son épingle du jeu, mais il n'est pas seul dans son corps, une "foule" l'accompagne, comme disait Artaud. Le corps n'est plus le support irréductible d'une identité substantielle, mais le prétexte d'une identité purement relationnelle. Le corps ne détermine plus l'identité, il est à son service.
Commenter  J’apprécie          70
On le voit, le débat n'est pas entre "bio-conservateurs et "théorie du genre", comme certains le prétendent. Les débats traversent les Etudes de genre, s'agissant de la place du corps, de la symbolique dont il est le médium, de la filiation, de l'égalité, de la différence. Pourquoi craindre de s'y impliquer? Les catholiques peuvent voir dans la remise en cause des fondements des identités sexuelles une négation de la nature. Ils pourraient plus raisonnablement y voir une occasion de discuter des valeurs que l'on veut donner ou non à la différence des sexes.
Commenter  J’apprécie          30
D'autre part le débat sur la famille naturelle, discutée au prisme du genre, est révélateur d'un moment propre à "l'âge séculier" selon l'expression du philosophe Charles Taylor. ll pose la question des liens entre laïcité et famille car le débat sur la famille est aujourd'hui déployé dans un cadre post-chrétien. Ce dernier entérine une sécularisarion des moeurs et un questionnement sur les modalités de discussion possibles, en ce qui concerne les relations entre famille et genre dans les débats dits sociétaux, entre un État métaphysiquement neutre et des traditions religieuses ou spirituelles plurielles. Ces dernières, si elles cherchent à se faire entendre sur ces questions « sociétales » ne doivent-elles pas apprende à se séparer de l'idée de nature qu'elles convoquent en interne dans leurs communautés, mais qui n'est plus audible dans le champ public? En effet, l'Etat métaphysiquement neutre ne défend plus un modèle ou une norme familiale assise sur une essence du familial. Il est d'ailleurs renforcé en cela par la neutralité du discours et des pratiques techno-médicales concernant notamment l'assistance médicale à la procréation (une médecine palliative puisqu'il s'agit d'une médecine qui ne guérit pas car elle est une médecine du désir) ou la gestation pour autrui dont on sait l'importance pour les couples homosexuels notamment.
Commenter  J’apprécie          10
L'homme n'est donc pas dirigé par sa nature comme l'est l'animal, il développe ce que le latin médiéval appelle une consuetudo. Le concept de consuetudo englobe tout ce qui nous accoutume à agir: notre éducation, notre culture, les lois qui limitent notre action, les usages en vigueur dans notre pays et notre cercle social, les habitudes quí viennent de notre vie professionnelle, le développement d'une spiritualité, etc. Chez Thomas d'Aquin, la consuetudo désigne donc tout l'espace entre le donné de la nature et l'agir délibéré, espace largement exploré par les sciences humaines et sociales, quoique ignoré dans les analyses philosophiques, et il développe l'idée que cette coutume (consuetudo) prend la place de la nature en la prolongeant, elle est comme une seconde nature, quasi comme la nature, et ceci est le de l'être humain: « car la coutume devient en quelque propre sorte une nature, et produit un penchant qui ressemble à une inclination naturelle». Les animaux sont conduits par la nature, les êtres humains sont simplement disposés par elle: c'est la raison, la coutume, la culture, qui fondent l'agir spécifiquement humain.
Commenter  J’apprécie          10
Même s'il existe un impact génétique et hormonal dans la mise en place de différences comportementales et psychologiques chez les hommes et les femmes, il ne faudrait pas penser que le fonctionnement du cerveau humain est sexué. En effet, Homo sapiens possède la particularité d'avoir un cerveau hautement réactif à l'environnement. En particulier sa construction, qui sétale sur près de quinze ans, nécessite une interaction avec le milieu extérieur. L'apprentissage et l'expérience vécue vont ainsi provoquer des modifications cérébrales qui permettront l'acquisition des fonctions cognitives complexes. Cette neuroplasticité, qui assure également la capacité d'adaptation à l'âge adulte, est néanmoins conditionnée par des clichés sexués culturels. Les parents, les enseignants puis les pairs vont transmettre, même inconsciemment, un modèle identitaire conforme aux normes sociétales stéréotypées de l'homme et de la femme. Les différences notables du fonctionnement cérébral qui peuvent être observées entre les deux sexes sont ainsi principalement le résultat de méthodes éducatives.
Commenter  J’apprécie          10
Aussi, on ne pourra que conclure ici par un autre propos biblique, à la pertinence particulière sinon provocante, révélé à l'autre bout précisément de la rédaction des Écritures, la fameuse afirmation de Paul dans l'épitre aux Galates : "ll n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus." (Ga 3,28).

Question de foi sans doute. Mais justement. Car la foi aussi est à ce prix, celui du renoncement à toute catégorisation qui, en fin de compte, ne peut que s'opposer à l'idée même d'humanité.
Commenter  J’apprécie          10
Pour aller plus loin dans la saisie du masculin et du féminin, et pour conclure, il est à noter que presque toute la littérarure sur le genre occulte une réalité touchant à la foi l'essence de la personne età ses conditions d'existence corporelle. La relation homme-femme ne se réduit pas à ces deux termes. Le troisième terme de la relation est bien toujous l'enfant. Comme le souligne Christian Flavigny en partant de son point de vue psychanalytique fondé sur la pratique médicale, "encore importe-il d'inclure dans la réflexion le point de vue du principal intéressé: l'enfant".
La remise en question des identités sexuelles fondées sur le corporel est à l'égard des enfants d'une grande violence, "le sexuel qui est le principe de leur venue au monde serait dangereux", il faudrait s'en méfier. C'est le corps qui nous le dit: même dans le cas de procréations médicalenent assistées, il faut bien, in fine, une cellule mâle et une cellule femelle. La construction sexuelle psychique s'appuie sur cette réalité qui revêt alors une valeur symbolique fondatrice de toute la vie du futur adulte. Or, c'est en cette possibilité inscrite dans les puissances corporelles que réside le sens du devenir de l'homme et de la femme, qui se realise dans la perspective de fécondité d'une troisième personne. Cette omission dans les Etudes de genre vient sans doue d'une réaction à des morales enfermant la relation homme-femme dans la seule perspective de la génération biologique, et niant les autres dimensions de l'union de l'homme et de la femme.
Commenter  J’apprécie          00
Pour fonctionner, un cerveau humain adulte utilise cent milliards de neurones connectés entre eux par environ un million de milliards de synapses. Et pourtant, seulement six mille gènes participent au au cours du développement embryonnaire à la mise en place du plan général d'organisation du cerveau (formation des hémisphères, du cervelet, du tronc cérébral ...). Ces gènes ne sont pas situés sur les chromosomes sexuels X ou Y, ce qui signifie que la fabrication d'un cerveau masculin n'est pas différente de celle d'un cerveau féminin sur le plan génétique - seule l'influence des hormones in utero permet d'expliquer certaines différences entre sexes. A la naissance, le développement cérébral d'un bébé est loin d'être terminé, son volume est environ cinq fois inférieur à celui d'un adulte. Les neurones ont cessé de se multiplier mais les synapses ne sont pas encore établies. Seuls 10 % des neurones sont connectés, les 90 % restants vont l'être progressivement suite à l'influence de l'environnement familial, éducatifet culturel. Si ces environnements sont absents ou anormaux, le cerveau se développe différemment, le destin de chaque neurone étant fortement intuencé par l'expérience vécue. C'est ce que l'on appelle la plasticité cérébrale. Particulièrement importante dans les premières années de la vie, elle est également à l'œuvre pendant la vie adulte.
Commenter  J’apprécie          00
Dès les débuts du christianisme, les femmes sont considérées comme spirituellement équivalentes aux hommes. Elles entrent dans l'Eglise par le baptême, tout comme les hommes, - alors que seuls ceux-ci portaient en leur chair le signe de l'Alliance, la circoncision , ce qui fait dire à St Paul: «il n'y a plus l'homme et la femme» (Ga 3, 27-28). Elles bénéficient des dons de l'Esprit tout comme les hommes et prophétisent dans l'assemblée, à condition d'être voilées. C'est un signe de l'accomplissement de l'Aliance (Ac 2, 16-18, citant Joël 3, 1-5). Dans la mission auprès des pagano-chrétiens, elles sont très actives: en Rm 16, par ex., Paul mentionne neuf femmes parmi ses collaborateurs, soit près de la moitié; I'une porte le titre de diaconesse et l'autre d'apôtre.
Malgré cela, l'Eglise primitive donnera rapidement un statut ambivalent aux chrétiennes : spirituellement équivalentes aux hommes, elles leur seront cependant socialement subordonnées par l'adoption des codes domestiques. Paul, pourtant grandement ouvert aux femmes, propose avec autorité, dès avant I'an 52, une interprétation androcentrique de la Genèse en I Co 11
Commenter  J’apprécie          00
Dans le contexte ecclésial actuel, vous me permettrez pour conclure d'évoquer l'hypothèse suivante. Certains jours, je me demande si les périls tous azimuts que l'on nous promet avec la déferlante des Etudes de genre ne bénéficie pas à ses dénonciateurs, renforçant par là même le relativisme. Le retour des valeurs, la défense contre un nouvel axe du mal éthique assurent la cohérence des délimitations identitaires, voire communautaristes, qui caractérisent certains hérauts des grandes traditions religieuses actuelles. À l'instar du catastrophisme répandu par les thèses de l'écologie radicale débouchant sur un délit ou un déni d'humanité, les Eglises ou communautés chrétiennes, pour ne parler que d'elles, seraient contraintes au repli sur des regroupements de type vertueux et monastique, laissant le reste du monde à son entropie programmée. Pour un prochain travail, il serait sûrement fructueux de confronter ce qui a priori peut se révéler surprenant, à savoir la constellation du genre à la constellation communautarienne dans ses différentes versions plus ou moins marquées ou dégradées: Mac Intyre, Hauerwas, Milbank, etc.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Hervé Legrand (1)Voir plus

Quiz Voir plus

La nuit des temps - Barjavel

Quel est le prénom de l'auteur ?

Gaston
René
Albert
Franck

10 questions
1187 lecteurs ont répondu
Thème : La nuit des temps de René BarjavelCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}