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Citation de gouelan


Massacre en haute mer [...]

François m'a aussi alerté sur un autre fléau méconnu du grand public : les prises accessoires, le 'bycatch', en anglais. Ce terme désigne tous les animaux que les pêcheurs capturent non intentionnellement. Leurs navires ont beau cibler une espèce en particulier, leurs filets, eux, ne font pas dans le détail. Tous les êtres vivants plus gros que les mailles sont pris au piège et remontés à bord. Non commercialisables, ces animaux sont ensuite rejetés à la mer, la plupart du temps morts ou agonisants. Rien que pour la pêche au thon, 145 autres espèces sont tuées et balancées à l'eau : requins, espadons, dauphins, raies, tortues, poissons en tout genre... Selon la FAO, les animaux marins capturés accidentellement représentent 8% du volume global des prises de pêches. Cela équivaut à plusieurs dizaines de milliards d'êtres vivants chaque année. D'autres organisations, moins neutres, avancent des chiffres encore plus alarmants. Le WWF estime ainsi que 40% des poissons pêchés sont des prises accessoires. Et certaines pêcheries sont plus meurtrières que d'autres. "Le pire, c'est le chalutage des crevettes, assure François. Tout ce qui est plus gros qu'une crevette, c'est à dire presque tout, est pris dans les filets." Selon un document de la FAO datant de 2009, la pêche aux crevettes représente 27% des rejets mondiaux d'animaux en mer. "Le chalutage des crevettes est généralement considéré comme l'une des méthodes de pêche les moins sélective puisque les prises accessoires [...] vingt fois plus élevées que les captures de crevettes, écrit l'organisation. Aucune autre méthode de pêche n'approche un tel niveau de rejets et de gaspillage des ressources marines." Plus de 90% des animaux ramenés à bord des chalutiers de crevettes sont rejetés morts ou agonisants à la mer. Conséquence : pour 500 grammes de crevettes sauvages achetées en supermarché ou en poissonnerie, au moins 10 kilos d'autres animaux marins ont été tués inutilement. Ce ratio est moins élevé pour d'autres espèces que nous consommons, mais il reste important.
Des milliards d'êtres vivants, non ciblés par les industriels, disparaissent en raison de ces prises accessoires, fléau collatéral. Les tortues, notamment, périssent massivement dans les filets. Selon les statistiques du WWF, environ 250 000 d'entre elles sont ainsi noyées chaque année par les navires de pêche. [...]
François attire également mon attention sur le sort des requins. "Les filets font des ravages chez ces prédateurs, souffle-t-il. Et, en Asie, les navires utilisant la méthode de la palangre capturent autant de requins que de thons. Chez certaines espèces il ne reste plus que 5% et 10% de la population d'origine. C'est en grande partie lié aux prises accessoires." Les cétacés, dont les dauphins et les petites baleines, sont aussi touchés. Toujours selon le WWF, 300 000 d'entre eux sont victimes de la pêche industrielle tous les ans. J'en ai été témoin directement, en février 2019, au large des côtes françaises.

p.165
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