Citations de Hugues-Félicité Robert de Lamennais (22)
Sous la terre que vous leur aviez donnée pour héritage, on leur a creusé un vaste sépulcre (...) et on en a scellé la pierre d'un sceau sur lequel on a, par moquerie, gravé votre saint nom. Et ainsi Seigneur, ils sont là gisants.
Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère.
Le droit est la garantie de notre existence individuelle et de notre liberté, il est notre liberté même ; il fait que nous sommes une personne et non une pure chose dont le premier venu est maître d'user à sa fantaisie.
Le livre du peuple (1838)
Nul homme ne peut se passer de l'aide et du secours d'autrui ! Nous en avons tous besoin dans l'enfance, nous en avons besoin dans la maladie, nous en avons besoin en tout et toujours. Représentez-vous un homme seul, sans relations avec ses semblables, n'en recevant rien, et ne leur rendant rien. Cet homme ne serait qu'un sauvage au milieu des bois, il serait bien moins qu'un sauvage.
Le livre du peuple (1838)
La notion de l'Art implique radicalement celle de la création : car créer, c,est manifester extérieurement un vie préexistante, le revêtir d'une forme sensible...
Chaque sphère d'existence présente ainsi un type idéal du Beau, distinct du pur phénomène sensible; et ce Beau idéal, s'élevant avec les natures, atteint dans le plus parfait des êtres connus de nous, dans l'homme en un mot, son terme extrême.
Aussi le dessin, expression de la limite, et fondement dès lors de tous les arts qui ont pour objet la manifestation de la forme dans ses rapports avec le sens de la vue, est-il commun à la sculpture et à la peinture. Et puisque la sculpture reproduit le type idéal, le Beau spirituel qui reluit, à travers l'enveloppe corporelle, non moins parfaitement que la peinture, on voit déjà que cette haute partie de l'Art, après laquelle tout est secondaire, dépend entièrement du dessin; d'où la dénomination d'arts du dessin, pour distinguer ceux qui, par quelque procédé que ce soit, représentent à l'œil les formes sensibles.
La manifestation du Beau infini ou de l'Être absolu est infinie comme lui, sans quoi, n'en étant pas la réelle manifestation, le Beau infini ou l'Être absolu, éternellement plongé dans des ténèbres impénétrables, serait éternellement invisible, inintelligible.
Comme les sons, les couleurs sont pour elles mêmes indéterminées, elles ne représentent comme eux que des formes vagues, flottantes, insaisissables. Dans le langage parlé, les consonnes déterminent le son, elles en marquent pour ainsi dire les contours en je limitant, et ainsi limité il exprime l'idée nette et précise qu'il doit manifester ou rendre visible à l'esprit. Dans le langage des couleurs, le dessin aussi détermine l'image, il en marque les contours en la limitant, et ainsi limitée elle exprime la forme nette et précise qu'elle doit manifester à l'esprit; car les sens ne sont que des intermédiaires, que les conditions organiques de la perception
essentiellement spirituelle. Le dessin, dans le langage des couleurs, a donc les mêmes fonctions et la même importance que la consonne dans le langage parlé. Négatif comme elle, il est comme elle le moyen nécessaire par lequel s'opère la détermination extérieure de l'objet.
La liberté est le fruit de l'intelligence et de l'amour.
Or la manifestation de l'idée, du Vrai par le phénomène, étant proprement le Beau fini, le Beau qui est l'objet de l'Art, il s'ensuit que l'homme a le sentiment, la perception du Beau avant d'avoir celle du Vrai pur, et qu'ainsi, sous ce rapport, l'Art précède la Science. Cependant, comme on le voit, l'Art implique essentiellement l'intelligence, puisqu'il implique la vision de l'idée, et ses progrès dépendent en partie du progrès de l'intelligence, puisqu'il doit s'élever d'autant plus que l'intuition de l'idée est plus nette et plus vive. Delà vient qu'aucun oeuvre d'art ne saurait être exécuté par des forces purement mécaniques. L'instrument de l'art doit être nécessairement intelligent.
L'intelligence pure perçoit le Vrai, l'idée dans sa pure essence, indépendamment des conditions qui la spécifient dans un être effectif; elle perçoit, par exemple, la sphère idéale abstraitement séparée de toutes ses manifestations possibles au sein du monde phénoménal.
Il a fallu du temps, beaucoup de temps, pour que le pays pût croire à des projets d’abord hypocritement voilés, désavoués en paroles et activement poursuivis dans l’ombre, à la coupable résolution de transformer, sous des apparences mensongères de garanties constitutionnelles, un gouvernement libre en un gouvernement absolu, de ravir à la société ses conquêtes, de la faire reculer d’un demi-siècle et plus.
Esclaves, levez-vous, rompez vos fers ! Ne souffrez plus que l'on dégrade plus longtemps en vous le nom d'homme !
On ne lit plus : on n'en a plus le temps. L'esprit est appelé à la fois de trop de côtés ; il faut lui parler vite, ou il passe.
Le siècle le plus malade n’est pas celui qui se passionne pour l’erreur, mais le siècle qui néglige, qui dédaigne la vérité. Il y a encore de la force, et par conséquent de l’espoir, là où l’on aperçoit de violents transports; mais, lorsque tout movement est éteint, lorsque le pouls a cessé de battre, que le froid a gagné le Coeur, qu’attendre allors, qu’une prochaine et inévitable dissolution?(Essai sur l’indifférence en matière de religion)
La science ne sert guère qu'à nous donner une idée de l'étendue de notre ignorance.
L'amour est inépuisable, il vit et renaît de lui-même, et plus il s'épanche, plus il surabonde.
L'amour repose au fond des âmes pures, comme une goutte de rosée dans le calice d'une fleur.
Le pire de tous les états de l'âme est l'indifférence.