Depuis la mort de sa mère, Ravel est toujours seul, jamais isolé. Il a tissé de résistants et très fidèles liens d'amitié, un réseau qui l'aime pour lui-même, sa gentillesse, sa pudeur, sa distinction naturelle, son intelligence ; non parce qu'il est une vedette dont la musique est adulée dans le monde entier, culte au Japon, référence européenne aux Amériques.
Ravel n’a pas accompagné la maladie de Debussy, enfermé dans la douleur de sa prison, obsessionnelle, sa mère. Il n’a pas pris de ses nouvelles, non par indifférence, mais par éloignement, celui de deux arbres, dorénavant plantés à deux extrémités du jardin. Depuis plusieurs années, Claude et Maurice, autrefoisproches, se sont éloignés, ne se voient ni ne se parlent.
L'Amérique ne lui est pas montée au cerveau. Il plaide lors de cette conférence pour qu'émerge une véritable école américaine de la composition, qui devrait puiser dans le patrimoine populaire que sont le jazz et le blues, plutôt que de singer l'Europe. « Devenez ce que vous êtes » semble dire Ravel aux Américains. À commencer par Gershwin qu'il rencontre à plusieurs reprises et auquel il refuse d'être son professeur :
Il vaut mieux que vous fassiez du bon Gershwin que du mauvais Ravel et c'est ce qui arriverait si vous travailliez avec moi.