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Critiques de Idir Tas (31)
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Chansons de la pluie et du beau temps

J’ai écrit cette chanson à une époque de ma vie où je faisais des allers retours en train entre Toulouse et Valence. J’aimais passer près de la belle ville de Paul Valéry et de Georges Brassens, Sète. Quand j’apercevais la Méditerranée, j’avais toujours le cœur à la fois émerveillé et un peu serré en pensant à mon pays natal. Des villes de l’Algérie se mélangeaient à des villes du Sud de la France et tout m’emportait dans une folle valse.
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Chansons de la pluie et du beau temps

— Tu viens de publier aux éditions du Net un livre intitulé "Chansons de la pluie et du beau temps". Veux-tu nous le présenter brièvement ?

— C’est un recueil de 28 chansons. Quatorze sont écrites en français. Quatorze autres en kabyle. Certaines sont sur YouTube. Ces chansons abordent des sujets très variés comme l’exil, la vie urbaine, l’écologie, l’enfance, l’amour impossible et la famille.
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Petite soeur

— Tu viens de publier aux Éditions du Net un livre intitulé “Petite Soeur”. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?

— Ce récit de vie est un hommage à ma petite soeur Saâdia, décédée à Béjaïa en mai 2021, la cinquantaine non encore atteinte. J'ai voulu saisir les instants de grâce et de partage que nous avons eus ensemble, d'abord durant notre enfance, puis plus tard en tant qu'adolescents et adultes. C'était une femme admirable, toujours souriante, animée d'une grande force de caractère et dotée d'une espérance à toute épreuve pour atteindre ses objectifs.



— Enfants, vous avez vécu ensemble à Constantine, mais adolescents vous avez grandi dans des régions différentes d'Algérie et adultes vous étiez séparés par la Méditerranée. Comment as-tu pu entretenir cette complicité avec ta soeur ?

— À trois reprises, ma soeur est venue en stage à Toulouse ; plus exactement au printemps 1997, en été 2001 et en hiver 2005. J'ai pu moi-même passer un séjour en Algérie durant les étés 2013, 2014 et 2015, ainsi qu'au printemps 2017. Séparés, nous avons parlé pendant des heures au téléphone, nous avons échangé quelques mails et nous nous sommes écrits hélas très peu de lettres.



— Ton récit oscille souvent entre des moments d'émerveillement et des moments de séparation…

— En effet… Alors que je cherchais à rassembler les moments heureux partagés avec ma soeur, se sont révélées toutes ces microfissures créées par nos nombreuses séparations. C'était comme si ma mémoire m'avait pris par surprise pour me révéler tout ce qui était caché sous un humus épais, avant la séparation suprême.



— Ta soeur a été victime d'une erreur médicale. Peux-tu nous en parler ?

— D'abord, son cancer de l'estomac a été diagnostiqué trop tard. Ensuite, au lieu de faire de la chimio, comme c'est souvent le cas, ma soeur, mal conseillée, a accepté l'ablation totale de son estomac. Enfin, trois semaines après sa lourde opération, on l'a renvoyée chez elle. Heureusement qu'il existe encore aujourd'hui dans les hôpitaux publics algériens, dotés pourtant de moyens dérisoires, quelques médecins pour accompagner les malades en fin de vie. Une femme-médecin, que Saâdia a fréquentée au lycée Ihaddadane de Béjaïa, a pu ainsi atténuer les souffrances de ma Petite Soeur.



— Que retiens-tu après avoir écrit ce livre ?

— Beaucoup de choses difficiles à dire. D'abord ; j'ai cru vouloir écrire un livre seulement pour rendre hommage à la grande dame qu'était ma soeur, mais j'ai vite été rattrapé par la douleur de l'avoir perdue. Finalement ce livre est devenu aussi un livre sur le deuil. Écrire sur elle, c'est mesurer le vide qu'elle a laissé même si j'ai retrouvé beaucoup de souvenirs heureux qui seront toujours pour moi comme un chemin magique pour la rejoindre. Je ne crois pas que je puisse apprendre à vivre sans elle et j'ai souvent envie d'aller casser la gueule à ses bourreaux. Je m'en veux aussi de ne pas avoir été là à ses côtés dans les derniers moments. Certes, la vie doit bien continuer, mais sans elle, elle a un goût bizarre. Ceci dit je retiendrai que l'existence humaine est si courte qu'il ne faut pas la gâcher inutilement par des disputes ou toutes sortes de choses futiles et surtout qu'il faut aller voir souvent les êtres que l'on aime, aussi souvent que c'est possible, et même créer les occasions pour le faire.
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Bouquet de 21 chansons kabyles

Toutes les chansons de mon enfance, j’aurais aimé les rassembler dans un même recueil. Mais elles sont innombrables et leurs sources difficiles à trouver, quand elles existent. Aussi ai-je arrêté mon choix sur dix-huit chansons écrites par six auteurs tous nés en Algérie et ayant passé de nombreuses années en France.

La doyenne Bahia Farah, [1917, El-Main (Bouira) – 1985, Alger], s’est retrouvée orpheline très jeune. Elle s’est alors installée avec son oncle à Tunis où elle a suivi des cours de danse orientale. À l’âge de quatorze ans, elle est partie vivre à Paris. Ce n’est qu’en 1965 qu’elle est retournée définitivement dans son pays natal.

Dans la chanson “Ya qqsi yi w’azrem (Un serpent m’a piquée)”, elle dénonce la trahison amoureuse. Elle espère en des jours meilleurs dans “L’mektub iḳ (Ton destin)”. Dans “Si levḥar γarḍḍin (De l’autre côté de la mer)”, elle aborde son retour au pays.

Slimane Azem, [1918, Agouni-Gueghrane (Tizi-Ouzou) – 1983, Moissac (Tarn-et-Garonne)], a été mobilisé en 1939 durant “la drôle de guerre” et a connu les camps de travail forcé de la Rhénanie. Ses critiques du pouvoir algérien, après l’Indépendance, lui ont interdit tout retour en Algérie.

Deux de ses chansons ont pour thème l’exil. Dans la troisième “Ih ya baba γayu (Oh perroquet)”, à l'instar de La Fontaine, il utilise un animal pour parler de ceux qui font beaucoup de mal en répétant de fausses rumeurs.

Hnifa [1924, Ighil-M’henni (Tizi-Ouzou) – 1981, Paris], a été mariée de force à l’âge de quinze ans avec un homme plus âgé qu’elle. Son deuxième mariage s’est également soldé par un échec. Exilée à Paris en 1957, elle est revenue vivre à Alger après l’Indépendance, avant de retourner à Paris en 1975. Elle qui croyait qu’on avait vendu son étoile au marché du jeudi ou peut-être du vendredi, a fini par la retrouver dans la chanson.

Dans “Ḍḍa ṛay-iw (Ce sont mes pensées)”, elle donne une forme presque théâtrale à sa culpabilité après l’échec sentimental. Dans “Svaṛ a ul iw (Patience mon cœur)”, elle trouve un moyen de dépasser sa souffrance en parlant à son cœur comme s’il était un petit enfant qui s’était égaré. Dans “A mis net murṭ (Ô fils du pays)”, malgré la douleur de la séparation amoureuse, elle pardonne à l’homme aimé.

Chérif Keddam, [1927, Imsouhel (Tizi-Ouzou) – 2012, Paris], a quitté l’Algérie pour la France en 1947. En plus de son travail dans une usine de fonderie, puis de peinture, il a suivi des cours du soir de solfège et de chant. En 1963, il est rentré à Alger pour animer pendant des années une émission de radio en kabyle intitulée “Les chanteurs de demain”. En 1995, il est revenu à Paris pour se faire soigner. Ses belles chansons ont longtemps bercé l’auditeur kabyle.

Dans “Vgayeṭ ṭelha (Béjaïa tu es belle)” et “A Leẓẓayer nc’allah aṭṭ ḥluḍ (Ô Algérie si Dieu le veut tu vas guérir)”, il chante la beauté de son pays natal et lui souhaite tout le bien qu’il mérite. Dans “A lemri (Ô miroir)”, chanson traduite en français par Tahar Djaout, iI jalouse le miroir devant lequel se tient souvent sa bien-aimée.

Youcef Abdjaoui, [1932, Akfadou (Béjaïa) – 1996, Paris], a rejoint en 1958 à Tunis la troupe musicale du Front de Libération Nationale. Après l’Indépendance, il a pris la direction de l’orchestre de « variétés kabyles » à la chaîne II de la radio nationale algérienne. En 1969, il s’est installé à Paris. Là, tout en animant des soirées dans des cafés, il a enregistré une quarantaine de chansons toujours d’actualité sur les amours contrariées, l’exil, les problèmes sociaux, la terre natale…

L’amour est le thème des deux chansons “Ṭitt ḍḍ ul (L’œil et le cœur)” et “Iguma ul akem ittu (Le cœur refuse de t'oublier)”. Dans “Aḥlil (Oh-la-la)” il parle de ceux qui le jour s’épuisent au travail et la nuit dans la boisson.

Djamel Allam, [1947, Ilmaten (Béjaïa) – 2018, Paris], a d’abord repris dans les cabarets de Paris ou d’Alger le répertoire de la chanson française, avant de chanter ses premiers succès en kabyle. Dans ses airs de fête et ses ballades s’entremêlent le passé, le présent, les us et coutumes de ses ancêtres.

“Mara d’yuγal (Quand il reviendra)” parle du retour de l’exilé dans son pays natal. “Ur’Attru (Ne pleure pas)”, d’une vieille dame qui attend son fils parti rejoindre le maquis. “Ṭela ṭ’amkan’t ag ul iw (Il y a une place dans mon cœur)” s’adresse à tous les laissés-pour-compte.

Figurent également dans ce livre trois de mes chansons avec leurs partitions (solfège et tablature). Écrites à l’âge adulte, elles me semblent rejoindre les thématiques abordées, comme si l’expérience de l’exil trouvait éternellement à s’incarner malgré les différences générationnelles.

Je ne cache pas que j’ai parfois éprouvé des difficultés à transcrire ces chansons de l’oral à l’écrit, puis à trouver le mot juste en français sans perdre toute la richesse de ma langue maternelle.

Pendant longtemps le kabyle est resté plus une langue parlée qu’écrite et les grammairiens ne se sont pas toujours accordés sur la graphie. D’ailleurs certains sons propres à cette langue sont très difficiles à transcrire, voire impossibles.

J’espère néanmoins que ce recueil, reflet de notre âme et de notre culture, apportera au lecteur autant de plaisir que j’en ai éprouvé à rassembler les joyaux de notre patrimoine chanté.
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Chansons du figuier bleu

Si seulement nous pouvions vivre comme les oiseaux en chantant ! me répétais-je souvent.



Il y a en effet tant de choses qui sont plus faciles à dire avec des chansons.



Cet automan en comporte plusieurs.



Ce sont des fenêtres, des lignes de fuite, des accès vers d’autres mondes quand celui dans lequel nous luttons ne nous apporte plus la bonne respiration



Composée à la guitare, la mélodie prend parfois sa source dans les airs qui ont baigné mon enfance.



Il n’y aurait de plus grande joie à mes yeux que d’entendre ces modestes morceaux repris, entre autres, par tous ceux qui un jour m’ont prêté leur instrument et m’ont montré comment me servir d’un médiator.



Extrait de la préface "Le Murmure du figuier bleu"
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Les genêts sont en fleurs

"Les genêts sont en fleurs" est un roman aux accents authentiques, où chaque mot est pesé, mesuré, un récit aux nombreuses facettes où se mêlent poésie (de belles descriptions de la nature parsèment le récit) et bon sens ; une fable bucolique pourtant imprégnée de pragmatisme, qui tente de réconcilier la nature et le progrès, les générations entre elles (la rencontre d’Ahmed et d’Ilès est particulièrement émouvante), un homme et son passé, en évitant tout déchirement inutile ; Ahmed et son amour de la vie y sont pour beaucoup et c’est ce personnage que l’on retient avant tout, son émerveillement et son espérance sans cesse renouvelés. Une sagesse et une sobriété que l’on surprend à envier.



Blandine Longre, Sitarmag.com, octobre 2003
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Le murmure du figuier bleu

Le premier volet de la trilogie de l'écrivain d'origine algérienne Idir Tas sortira à la fin du mois prochain aux éditions de L'Harmattan.



Intitulé "Le murmure du figuier bleu", ce récit autobiographique retrace l'enfance de l'auteur passée en Kabylie, terre de contraste à qui il rend hommage, et sa jeunesse studieuse (collège, lycée et université) à Constantine, une ville bâtie sur un rocher.



La famille est également présente dans ce roman où se mêle admiration pour la mère et références historiques pour une terre au passé à la fois riche et douloureux.



L'auteur évoque l'arrachement qu'a été pour lui et sa famille le départ pour Constantine. Ce qui aurait pu apparaître comme un simple changement de domicile s'est transformé en véritable cauchemar. Et de préciser, « ce départ a révélé en moi que l'on pouvait se sentir étranger dans son propre pays ».



Bien que l'auteur ne soit pas engagé politiquement, "Le murmure du figuier bleu" n'est pas dépourvu d'un regard sans équivoque sur la société.

Idir Tas souligne d'ailleurs que son livre « sans être un plaidoyer s'engage pour la tolérance entre les communautés ».

Il renchérit en affirmant « qu'il nous d'abord regarder ce qui nous rassemble. Il faut accepter de vivre ensemble malgré nos différences culturelles et politiques. »



Son auteur a déjà publié deux autres ouvrages dont les récits se déroulent, à chaque fois, en Algérie.

"L'Etoile des neiges" est directement connecté à la guerre civile qui a embrasé le pays dans les années 1990.

"Les genêts sont en fleurs" s'inspire librement de la vie du conteur Da Ahmed.





Romain Julien, le Dauphiné Libéré, Jeudi 31 juillet 2014
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L'étoile des neiges

- Est-ce ta grand-mère qui t'a raconté l'histoire de L'Étoile des neiges ?



- Non, ce récit s'inspire librement d'un fait réel survenu lors de notre enfance dans un village pas loin du nôtre. Je devais avoir une dizaine d'années, peut-être moins, et ce qui s'est passé a eu un impact considérable sur moi en raison de la gravité des événements. Bien sûr, dans ma conscience d'enfant, je n'ai pu saisir que des bribes de l'histoire, mais j'en ai compris l'essentiel à travers ce qui transparaissait dans les paroles pourtant laconiques des adultes. Ce n'est que longtemps après que ces faits ont resurgi dans ma mémoire. J'étais à Grenoble lorsqu'a jailli en moi toute leur portée symbolique. J'ai réalisé que Babouh incarne la victime sacrificielle que l'on trouve dans beaucoup de cultures et à bien des époques. Ce qui a réveillé ce fait divers, c'est la réalité cruelle de l'Algérie des années 1990, les attentats, l'assassinat des artistes, les massacres permanents des innocents.



Entretien réalisé par Tahar Khalfoune
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Le plan cadastral français

Ce livre suit l’évolution du plan cadastral du 19e au 21e siècle. En s’appuyant sur des exemples concrets, il retrace avec des mots simples les lignes de force de cette évolution afin de faciliter le cheminement du lecteur dans un univers aussi varié que complexe.
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Les poissons migrateurs

Dans ce second tome de la trilogie “Le murmure du figuier bleu”, l’auteur raconte ses années passées en France entre 1983 et 1989.



Quand il est arrivé à Grenoble, son bagage ne contenait que l’essentiel : « des vêtements de rechange, une trousse de toilette, des stylos et un bloc-notes, une boîte d’allumettes, des cassettes d’Idir, d’Aït-Menguellet. […] Le soleil était déjà couché, lorsque je m’éloignai de la gare de Grenoble tout en me demandant où j’allais passer la nuit. »



Durant ces six années, le jeune étudiant va découvrir les subtilités de la recherche, les joies des sports et des spectacles, la solitude, l’amitié et l’amour qui "suppriment les frontières, toutes les frontières".



Dans ce récit d’apprentissage, l’auteur rend hommage à la France et en particulier aux traditions rurales du Dauphiné. Mais il ne rompt pas avec son pays d’origine avec lequel il tisse en permanence une toile mémorielle. L’aventure humaine de ce Picaro berbère en France est l’occasion de confronter les cultures qui à bien des égards se rejoignent.



Malgré de belles découvertes et de grands moments de bonheur, l’auteur sera confronté à la souffrance amoureuse. Il retrouvera le soutien de son ami d’enfance, le figuier bleu, à qui il parlera comme autrefois :

«Comment avais-je pu vivre loin de lui aussi longtemps ? J’étais un fils ingrat, un sans-mémoire, une âme perdue. Un flot de larmes et de souvenirs me submergea. Mon bel ami, figuier de tous mes rêves bleus, tu aurais dû ou ne jamais me laisser partir ou me suivre en cachant tes racines au fond de tes poches comme moi. Ô mon bel ami, comme j’ai mal de t’avoir abandonné, toi qui m’étais tout ; mon confident, mon compagnon, mon guide, mon arbre à paroles, mon gros chat ébouriffé au ventre bleu, mon thérapeute, mon éclaireur à bougies. Il était temps pour moi de te serrer dans mes bras et de sentir la chaleur de ta sève couler à nouveau dans mes veines.»



Ce tome contient 14 chansons qui évoquent tour à tour la nostalgie du pays natal, la solitude, la nature, l’amour, la tendresse, le jardin d’enfant, Venise, les voyages, la vieillesse et le temps perdu comme dans la chanson des coffres :



Hé l’homme vois ces coffres

Tous ces coffres devant toi

Ce sont tes journées

Tes journées qui t’attendent

Ouvre-les ouvre-les

Ils n’attendent que toi

Ils regorgent de surprises

Pour toi pour moi



Finalement ce voyage à l’étranger aura ouvert à l’auteur d’autres fenêtres sur d’autres univers, d’autres façons de voir, de sentir et d’espérer.
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L'étoile des neiges

Publié en octobre 1997 sous le titre “L’Étoile des neiges, Conte pour les enfants d’Algérie”, ce récit a été sélectionné à la 5e édition de “Lettres-frontière” et présélectionné au Prix Méditerranéen 1998.



En août 2016, l’auteur l’a traduit en anglais et a publié trois versions distinctes de ce texte : version française, version anglaise et version bilingue (français-anglais).



Ce récit s’inspire librement d’un fait réel survenu en Kabylie lors de l’enfance de l’auteur. C’est une œuvre à la fois atemporelle et universelle dont le caractère symbolique peut éclairer les événements qu’a vécu l’Algérie durant les années 90.



Babouh, le marginal, incarne la figure du Sacrifié, l’archétype de tous les innocents massacrés. À travers lui, on s’attaque à l’intolérance face à la différence, à la liberté d’être ce que l’on est.



Ce livre marque le début d’une production narrative poétique d’Idir Tas. Associant l’enracinement dans son pays natal et la région Rhône-Alpes, l’auteur se nourrit de sa double culture, de son appartenance à deux sociétés dont il observe les points de similitudes et les particularités.



Il s’intéresse autant au sort des immigrés parisiens dont faisait partie son père qu’aux paysans de la Kabylie de ses ancêtres ou aux Dauphinois qui cultivent les noix selon les traditions. Il porte une attention particulière aux êtres humbles en partageant leurs souffrances. Son goût pour la nature et un modèle de vie simple s’expriment dans ses récits bucoliques, empreints de poésie.
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L'étoile des neiges

L’histoire est belle […]

Son fil conducteur est l’amitié d’un enfant, Akli, avec un marginal, un “fou” que certains tolèrent et dont d’autres voudraient se débarrasser en l’envoyant à l’asile. Pour l’enfant, son ami Babouh ne peut avoir de meilleur asile que les bois, les grottes où il cueille des opalines.

La beauté de ce conte tient à son écriture et à l’univers qu’elle fait partager. Un grand-père qui fait des ombres chinoises en bougeant les mains devant une lampe tempête et raconte des histoires.

Un père qui revient, après trois ans d’absence, de là-bas, de l’autre côté de la mer. […] Une sœur qui coud une robe pour la fille du cheikh qui va se marier dans deux jours. On sacrifie un bœuf…

Ce n’est pas un monde idyllique : l’intolérance et la haine font partie de ce qu’Akli découvre.

Lui aussi aura envie de partir, de “couper les lianes que tresse le lieu de naissance

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Discours choisis (1962-2011)

Te rappelles-tu, Da L’Hocine, de ce mardi 29/12/2015 et de la venue du chanteur Idir au centre funéraire de Montoie à Lausanne ?



Il t’a chanté “Cheikh Mohand”, une chanson qui te résume bien selon lui. Elle parle de ton aïeul, le marabout Cheikh Mohand El-Hocine. Tu as écrit dans tes mémoires que c’était un sage, un grand poète. On vantait sa facilité proverbiale à improviser poétiquement sur des maximes, des leçons de morale, voire des versets du Coran dans leur traduction berbère. Notre poète errant du 19e siècle, Si Mohand Ou M’hand, lui a d’ailleurs consacré un long poème.



Toi aussi, tu as été un grand sage, un amoureux des mots, qui a exprimé de bien nobles pensées philosophiques et politiques, autant dans des discours que dans des livres qui ne cessent de nous surprendre encore aujourd’hui par la justesse de leur analyse. Bien des pages de tes œuvres éclairent toujours les chemins de doute de notre monde contemporain. Quel plaisir de lire tes mémoires qui décrivent les terres de ton enfance et de réentendre cette phrase si mélodique !



"Je suis né dans un village perdu au fin fond d’une vallée de la Haute-Kabylie, à quelque mille mètres d’altitude."



Oui, tu as vu le jour sur les hauteurs du Djurdjura qui ont fait de toi un homme bien trempé.

Nous nous souvenons encore de l’époque où tu étais un petit écolier. Dure était déjà ta vie ! Tu n’avais que six ans et tu avais dû émigrer chez une tante, pour te rapprocher de l’école française.



Tu nous rapportes que dès cinq, six heures du matin, tu allais apprendre le Coran, puis tu partais pour Michelet, le centre administratif, où se trouvait l’école primaire, et tu rentrais vers cinq, six heures du soir. Au total, tu faisais à pied un trajet quotidien d’une dizaine de kilomètres.



Plus tard, tu t’es éloigné de ton village natal et tu as parcouru des dizaines de milliers de kilomètres… Tu es entré au lycée à Ben Aknoun, tu as fait des tournées diplomatiques aux quatre coins du globe durant la Guerre de Libération, puis, après l’Indépendance, tu as connu un exil forcé en Suisse…



Là, tu as découvert les belles rives du lac Léman, un lac si clément pour tous les exilés comme toi, homme au combat si altier ! Tu as vécu dans un pays neutre et pacifique qui ne pouvait que convenir au démocrate que tu es.

Selon tes dernières volontés, tu es revenu définitivement dans ton village natal qui porte ton patronyme, Ath Ahmed, pour y être inhumé le vendredi premier janvier 2016. Un million de personnes t’ont accompagné jusqu’à ton ultime demeure. L’Algérie a décrété huit jours de deuil national pour rendre hommage au dernier « fils de la Toussaint ».



Nous savons tous que là où tu es désormais, tu entends encore la chanson d’Idir comme ces paroles de remerciements que nous t’adressons aujourd’hui pour tout ce que tu as fait pour nous. Sans toi il n’y aurait pas eu de libération. Sans tes appels à la mobilisation, tout élan vers la liberté n’aurait pas pu aboutir. Toi qui dès le début des années 1940 as posé les premiers jalons de l’Indépendance, tu as su rassembler la fine fleur des hommes valeureux et les mettre sur le chemin de l’action.
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Les genêts sont en fleurs

Un deuxième livre. La même quête. L'écriture littéraire de ce scientifique qu'est Idir Tas est pleine de poésie.

Idir Tas trace son chemin dans cet univers merveilleux de l'écriture. Il donne du bonheur à ceux qui le lisent, à ceux qui le découvre loin de tout tapage médiatique des deux rives de la Méditerranée.

"Tout le silence du monde plane dans ces nuages joueurs, sur ces chemins, ces bergers, ces montagnes qui accrochent la splendeur des rêves. Un silence gardien du temps et porteur d'avenir que Da Ahmed, le conteur, fait éclore en parole. Et les enfants, à aucun prix, ne voudraient manquer moment, à la fin du jour, sous le châtaignier, où leur est donné tout le luxe du monde..."

Paru récemment chez Gaspard Nocturne, Les Genêts sont en fleurs est, à bien des égards, un récit plein de magie au moment où les nouvelles du monde sont souvent maussades.

Dans cette deuxième œuvre, Idir Tas continue l'exploration de la nostalgie et de l'innocence. Il raconte la Kabylie de son enfance, de sa mémoire. Il souffre de ne plus être dans ces contrées misérables matériellement mais si riches sur le plan humain.

On sent que l'écrivain est heureux au contact de la nature. On devine que la région de son enfance lui manque mais les mots sont là pour guérir cette absence de cette patrie que des milliers de personnes n'arrêtent pas de fuir, pour une raison ou pour une autre.

Avec des phrases bien construites, l'auteur nous fait rêver. Kadour, Ahmed et bien d'autres personnages évoluent ans un territoire difficile mais naturel et donc qu'on peut, avec de la patience et du courage, amadouer.

"Maintenant les montagnes révèlent leurs crêtes raboteuses qui se cabrent dans l'horizon enflammé. Le vent réveille l'arôme des plantes, l'élancement salé de la mer lointaine", raconte Idir pour décrire un univers où les enfants se sentent bien.

"Le car enchaîne une série de lacets, se creuse un passage au-delà des barrières rocheuses, puis amorce un grand virage. Dans le fond de l'horizon,, peintes en intenses couleurs bleues, se rassemblent d'autres montagnes, pareilles à une peuplade de géants. Un pays de pâturage s'étire ensuite de chaque côté de la vaste route, pendant que la car gagne de la vitesse sur ce plat providentiel. Des troupes de brebis relèvent la tête, frappées par le soleil qui met sur leurs flancs des éclats de sel", voilà les tableaux qui font méditer Ahmed quand il est en voyage.

Des berceuses, agréables à lire, il y en a aussi dans cet écrit.

"Ô ma colombe / Ô ma chérie / Est-ce-que tu voudras / que je nage encore dans ta pureté /Ô mon amour / est-ce-que là-haut / le ciel est assez grand / pour deux / Si tu m'ouvres cette nacelle / nous fendrons la neige ensemble / et toute extase pourra recommencer. "



Nabil Abbas, Le Kabyle de Paris n°8, semaine du 05 au 11 juin 2003
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L'utopie des cigognes

Ce livre est un ensemble de chroniques qui racontent le cheminement d'un humaniste à l'écoute de la nature, des êtres vivants et de leurs rêves.



C'est que lui-même semble rêver, toujours, malgré les difficultés, malgré la guerre civile.



Et ses rêves vont pratiquement tous se réaliser tellement il y croit, tellement il a l'art d'avancer sur les chemins de la bonté, de la beauté et de l'amour.



Et pourtant tout n'est pas facile, tout n'est pas évident lorsqu'il revient chez lui après la fin de ses études en France.



"L'Utopie des cigognes" commence en l'an 1989 pour se terminer en 1994 ; le livre est parsemé de lettres à Lydia, 48 lettres adressées à cette femme aimée dont la présence, même à distance, peuple le cœur et l'âme de l'auteur.



Il y a également des chansons dans ce texte : des poésies chantées en langue kabyle et en langue française.



Le lecteur est convié à de fréquentes pérégrinations : le narrateur se déplace fréquemment d'un endroit à l'autre : la Kabylie, Constantine, le grand sud algérien, Laghouat, El Goléa, Ghardaia, Grenoble, Paris, Alger, Vgayet et tant de cités et lieux dits.



Youcef Zirem, Le Matin d'Algérie, 26 mars 2016
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L'étoile des neiges

Dans L'Étoile des neiges, Idir Tas, à travers le regard d'un enfant sur le monde des adultes, nous offre un message de lumière, de bonheur et d'espoir.

C'est autour de ses souvenirs d'enfance, passée sur les hauteurs de l'Akfadou, qu'Idir Tas a construit L'Étoile des neiges, son premier livre publié.

Ce roman aura demandé un an de travail à son auteur qui a été étudiant à l'INP de Grenoble puis enseignant à l'université de Constantine.

Revenu en France en décembre 1994, ce docteur en physique (plus exactement en automatique et traitement du signal) est depuis à la recherche d'un emploi. Alors, entre stages et petits boulots, il s'est lancé dans l'écriture. Et le résultat est à la fois remarquable et prometteur.

Avec des mots simples et un récit coloré, il raconte l'univers merveilleux et innocent de l'enfance. Akli, le petit héros du livre, apprend la vie et découvre la nature auprès de Babouh, un homme de son village en marge de la société. Ensemble, au quotidien, ils partagent de merveilleux moments, réinventent un monde idéal.

En compagnie de celui que certains considèrent comme fou, Akli apprendra à écouter la musique des arbres et le chant du torrent, à voir la beauté des choses et à connaître les vraies richesses, celles qui viennent de l'intelligence du coeur. Une intense complicité dans une Algérie profonde et idéale. C'est plein de poésie et de bonheur, de tendresse et de lumière. L'Étoile des neiges est à ce titre un souffle de fraîcheur et un hymne à la vérité et à la pureté.

Il y est aussi question d'intolérance, de peur et de violence. En effet, Akli prendra conscience de la méchanceté des hommes lorsqu'il perdra son ami, dans des circonstances aussi tragiques qu'absurdes. De cette douloureuse expérience, il en reviendra plus fort, plus courageux, plus déterminé aussi.

Conte pour les enfants d'Algérie ou d'ailleurs (à partir de 10-12 ans), ce livre s'adresse également aux adultes. Une “deuxième lecture” permet de comprendre que derrière les mots, c'est le drame algérien qui se profile. Et c'est aussi un message d'espoir et de paix destiné à tous les innocents de ce pays qui vivent dans la terreur et la douleur.

L'Étoile des neiges est un récit à la fois attendrissant et émouvant où se mêlent symboles et philosophie. Il invite chacun de nous à être meilleur que soi-même. Car, comme le confie Babouh à son jeune ami, « Les étoiles sont au fond de nous. Dans la vérité de notre cœur, on pressent ce que la terre nous cache pour ne le découvrir que si nos désirs sont purs ».

M.B., le Dauphiné Libéré, dimanche 18 janvier 1998
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Bouquet de 21 chansons kabyles

Ce livre de l’écrivain et romancier Idir Tas, sous le titre « Bouquet de 21 chansons kabyles » qui vient de sortir en novembre 2021 aux Éditions du Net, est un recueil rassemblant une vingtaine de chansons très connues.



On y retrouve des chansons de Bahia Farah, Hnifa, Slimane Azem, Chérif Kheddam, Youcef Abdjaoui, Djamel Allam sur des thèmes aussi variés que l’exil, les amours contrariées, les problèmes sociaux, l’amitié…



Elles ont bercé Idir durant sa tendre jeunesse au cours des décennies 1960 et 1970 dans son village At Saada, dans la commune d’Akfadou.



Ce livre est aussi l’occasion pour l’auteur de rendre hommage à sa jeune sœur Saâdia, professeure de mathématiques à l’université Abderrahmane Mira de Bejaia, décédée à l’âge de 49 ans. Paix à son âme.
Lien : https://www.lematindalgerie...
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Le plan cadastral français

Cet ouvrage comporte six chapitres qui suivent l'évolution du plan cadastral du 19e au 21e siècle.



Le premier porte sur la rénovation (loi du 17 mars 1898 sur la réfection du plan napoléonien de 1807, révision de 1930), le second sur le remembrement (loi du 9 mars 1941), le troisième sur le remaniement (loi du 18 juillet 1974), le quatrième sur la numérisation (depuis 1990), le cinquième sur le document modificatif du plan cadastral (essor du DMPC numérique depuis 2000) et le dernier sur la représentation du parcellaire cadastral unique (convention IGN – DGFiP signée en 2014).



Le texte est illustré par des cas concrets réalisés dans les communes du département de l'Isère et par plusieurs tableaux de synthèse concernant divers départements du territoire français.



Figurent également dans ce livre un glossaire et trois annexes dont l'arrêté du 16 avril 2003 portant sur les classes de précision des travaux topographiques, les canevas et les généralités sur les documents d'arpentage.



Un aperçu de ce livre peut être consulté sur le site de LEN.
Lien : https://www.leseditionsdunet..
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Les derniers jours du Tullianum

Le Tullianum, plus connu sous le nom de prison Mamertine, est une ancienne prison de Rome, située de nos jours sous l'église San Giuseppe dei Falegnami, dans le rione de Campitelli.



Selon la tradition, cette prison de Rome a été creusée au pied du Capitole au VIIe siècle av. J.-C., sous le règne d'Ancus Marcius. Cette prison a été agrandie par Servius Tullius qui lui laissa son nom. Elle fut encore agrandie sous Tibère. La dénomination de prison Mamertine date du Moyen Âge grâce a une guerre au VIIIe siècle.



C'était une prison souterraine à deux étages.



Wikipédia
Lien : https://fr.wikipedia.org/wik..
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Le murmure du figuier bleu

Entretien avec Idir Tas (Le murmure du Figuier bleu)



— Quel est le sujet de votre livre ?

— Le sujet de mon livre, c’est le rôle que les membres de ma famille ont joué dans ma vie de petit garçon et plus tard d’adolescent, m’ouvrant les portes de l’Histoire, m’initiant aux secrets de la Nature, me montrant comment rester sage face aux épreuves. Ce sont eux qui m’ont transmis les valeurs fondamentales de mon existence. Mais il y a également un autre acteur essentiel de mon enfance, c’est le figuier bleu. Il est mon plus fidèle confident et ce n’est pas un hasard s’il donne son nom au titre.



— Votre texte est-il une autobiographique ou un roman ?

— Cela pourrait passer pour une question aussi vaine que celle du sexe des anges, car ce qui compte pour une œuvre littéraire c’est d’abord ce qui est dit, son sens profond, et non son appartenance à un genre. Néanmoins la question peut être posée, car à un moment je n’ai plus très bien su où me situer. Au début tout était clair dans mon esprit, il s’agissait d’écrire sur moi sans fard et sans déformation, puis à mesure que j’écrivais les fils de la fiction se sont tissés malgré moi comme si le métier-à-tisser échappait à mon contrôle. Le résultat me plut et je lâchai la bride à ma plume pour qu'elle aille où bon lui semblait. Au terme de ce récit je décidais de faire appel à un néologisme pour désigner l’appartenance générique du livre : "automan". À mon sens, ce terme se distingue du mot autofiction dans la mesure où il désigne un rapport différent avec le réel : sincère et véridique, sans être son exact reflet.



— Comment avez-vous investi les thèmes de l’autobiographie ?

— Dans ce livre, on trouve les lieux communs de l’autobiographie tels que l’école, l’admiration pour ses professeurs, les premières fois — notamment la première fois où l’on nage, les premiers émois sexuels, la première fois où l’on est amoureux —, le rôle essentiel des grands-parents, le rapport aux parents, l’amitié, mais également des thèmes comme la musique, le cinéma, la place des nouvelles technologies dans une société traditionnelle et le thème de l’altérité, terme que je préfère à celui de la différence.



— Comment vous placez-vous par rapport à l’Histoire ?

— Je ne m’intéresse à l’Histoire que par rapport à l’impact qu’elle a sur les membres de ma famille et du village. Je n’ai pas l’ambition de faire un travail d’historien. Ça ne veut pas pour autant dire que l’Histoire existe uniquement comme un décor, car elle joue pour moi un rôle essentiel dans la révélation des êtres, de leur courage et de leur grandeur. Par exemple la Guerre d’Algérie est mal vécue des deux côtés de la Méditerranée. Le soldat français de 20 ans qui ne veut pas faire la guerre et qui arrive dans ce vaste pays, sans repère, est aussi un exilé, tout comme les membres de mon village qui ont dû partir à Alger. Ce sont tous des victimes emportées malgré elles dans le flot noir du conflit.



— Comment avez-vous construit votre livre ?

— Comme chacun peut le constater, j’ai écrit ce livre en respectant globalement la chronologie, mais sans être linéaire stricto sensu. Des retours en arrière emboîtés et des anticipations multipliées le caractérisent. Cette structure fragmentaire sous forme de tableaux dont on peut dégager une morale se nourrit sans doute de la structure en spirale propre aux grands textes de ma culture d’origine. J’ai laissé parler ma subjectivité et j’ai suivi le tout venant de mes souvenirs. Ainsi cette forme souple m’a permis de faire des recoupements entre les strates temporelles, de créer des liens entre les époques et les figures évoquées, de mettre à jour les ressemblances entre les destinées. J’ai en outre intégré à ce récit des chansons ; ce sont des fenêtres, des points de fuite, des accès vers d’autres mondes quand celui dans lequel nous luttons ne nous apporte plus la bonne respiration.



— On est aussi en présence d'une succession de départs vécus comme un véritable arrachement...

— La première phrase du récit présente l’un des axes clefs de mon projet ; « D’aussi loin que je m’en souvienne, pour toute ma famille, la vie est une succession de départs. » Cette succession de départs a été vécue par tous comme une succession d'arrachements. Le premier remonte au début du XIXe siècle : pour se soustraire à l’oppression ottomane, mes arrière-grands-parents ont quitté les plaines fertiles de la Soummam et se sont réfugiés sur les hauteurs d'Akfadou. Le deuxième date de 1957 : pour fuir la violence des affrontements entre l’Armée française et l’Armée de Libération Nationale, notre village est parti s’installer à Bouzaréah. Le troisième arrachement a eu lieu au début des années 70 : ma mère, mes sœurs et moi sommes allés rejoindre mon père revenu de France pour vivre à Constantine.



— Quel but poursuivez-vous dans cet ouvrage ?

— J’ai voulu donner la parole aux Humbles, aux Justes, à nos héros inconnus. J’ai voulu rendre hommage à ceux que l’Histoire a oubliés et faire une œuvre de mémoire pour les miens et pour tous ceux qui leur ressemblent ici ou ailleurs.



— Que vous apporté ce livre ?

— Il m’a permis de me retrouver alors que j’étais en train de devenir amnésique, de m’enliser dans la souffrance, d’oublier d’où je venais, et la fameuse parole de ma grand-mère : N’oublie jamais où se trouve la source. Ce livre est donc une sorte d’analyse, une véritable catharsis. Je suis né une deuxième fois. J’ai gagné en équilibre intérieur. À présent il est devenu pour moi mon figuier bleu.



Algérie-Littérature-Action, Numéro 197-200, Janvier 2017
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L'histoire de ce récit se déroule

À Alger
En Kabylie
À Constantine
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