Un deuxième livre. La même quête. L'écriture littéraire de ce scientifique qu'est
Idir Tas est pleine de poésie.
Idir Tas trace son chemin dans cet univers merveilleux de l'écriture. Il donne du bonheur à ceux qui le lisent, à ceux qui le découvre loin de tout tapage médiatique des deux rives de la Méditerranée.
"Tout le silence du monde plane dans ces nuages joueurs, sur ces chemins, ces bergers, ces montagnes qui accrochent la splendeur des rêves. Un silence gardien du temps et porteur d'avenir que Da Ahmed, le conteur, fait éclore en parole. Et les enfants, à aucun prix, ne voudraient manquer moment, à la fin du jour, sous le châtaignier, où leur est donné tout le luxe du monde..."
Paru récemment chez Gaspard Nocturne,
Les Genêts sont en fleurs est, à bien des égards, un récit plein de magie au moment où les nouvelles du monde sont souvent maussades.
Dans cette deuxième oeuvre,
Idir Tas continue l'exploration de la nostalgie et de l'innocence. Il raconte la Kabylie de son enfance, de sa mémoire. Il souffre de ne plus être dans ces contrées misérables matériellement mais si riches sur le plan humain.
On sent que l'écrivain est heureux au contact de la nature. On devine que la région de son enfance lui manque mais les mots sont là pour guérir cette absence de cette patrie que des milliers de personnes n'arrêtent pas de fuir, pour une raison ou pour une autre.
Avec des phrases bien construites, l'auteur nous fait rêver. Kadour, Ahmed et bien d'autres personnages évoluent ans un territoire difficile mais naturel et donc qu'on peut, avec de la patience et du courage, amadouer.
"Maintenant les montagnes révèlent leurs crêtes raboteuses qui se cabrent dans l'horizon enflammé. le vent réveille l'arôme des plantes, l'élancement salé de la mer lointaine", raconte Idir pour décrire un univers où les enfants se sentent bien.
"Le car enchaîne une série de lacets, se creuse un passage au-delà des barrières rocheuses, puis amorce un grand virage. Dans le fond de l'horizon,, peintes en intenses couleurs bleues, se rassemblent d'autres montagnes, pareilles à une peuplade de géants. Un pays de pâturage s'étire ensuite de chaque côté de la vaste route, pendant que la car gagne de la vitesse sur ce plat providentiel. Des troupes de brebis relèvent la tête, frappées par le soleil qui met sur leurs flancs des éclats de sel", voilà les tableaux qui font méditer Ahmed quand il est en voyage.
Des berceuses, agréables à lire, il y en a aussi dans cet écrit.
"Ô ma colombe / Ô ma chérie / Est-ce-que tu voudras / que je nage encore dans ta pureté /Ô mon amour / est-ce-que là-haut / le ciel est assez grand / pour deux / Si tu m'ouvres cette nacelle / nous fendrons la neige ensemble / et toute extase pourra recommencer. "
Nabil Abbas, le Kabyle de Paris n°8, semaine du 05 au 11 juin 2003