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EAN : 9782914156226
77 pages
Editions Gaspard Nocturne (01/03/2003)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Vigoureux, éclatant de lumière, combatif, le genêt a une beauté sauvage. On le voit en arrière-fond de ce récit tout en tendresse où Idir Tas raconte la Kabylie telle qu'elle s'est inscrite dans sa mémoire. Tout le silence du monde plane dans ces nuages joueurs, sur ces chemins, ces bergers, ces montagnes qui accrochent la splendeur des rêves. Un silence gardien du temps et porteur d'avenir, que Da Ahmed, le conteur, fait éclore en parole. Et les enfants, à aucun pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un deuxième livre. La même quête. L'écriture littéraire de ce scientifique qu'est Idir Tas est pleine de poésie.
Idir Tas trace son chemin dans cet univers merveilleux de l'écriture. Il donne du bonheur à ceux qui le lisent, à ceux qui le découvre loin de tout tapage médiatique des deux rives de la Méditerranée.
"Tout le silence du monde plane dans ces nuages joueurs, sur ces chemins, ces bergers, ces montagnes qui accrochent la splendeur des rêves. Un silence gardien du temps et porteur d'avenir que Da Ahmed, le conteur, fait éclore en parole. Et les enfants, à aucun prix, ne voudraient manquer moment, à la fin du jour, sous le châtaignier, où leur est donné tout le luxe du monde..."
Paru récemment chez Gaspard Nocturne, Les Genêts sont en fleurs est, à bien des égards, un récit plein de magie au moment où les nouvelles du monde sont souvent maussades.
Dans cette deuxième oeuvre, Idir Tas continue l'exploration de la nostalgie et de l'innocence. Il raconte la Kabylie de son enfance, de sa mémoire. Il souffre de ne plus être dans ces contrées misérables matériellement mais si riches sur le plan humain.
On sent que l'écrivain est heureux au contact de la nature. On devine que la région de son enfance lui manque mais les mots sont là pour guérir cette absence de cette patrie que des milliers de personnes n'arrêtent pas de fuir, pour une raison ou pour une autre.
Avec des phrases bien construites, l'auteur nous fait rêver. Kadour, Ahmed et bien d'autres personnages évoluent ans un territoire difficile mais naturel et donc qu'on peut, avec de la patience et du courage, amadouer.
"Maintenant les montagnes révèlent leurs crêtes raboteuses qui se cabrent dans l'horizon enflammé. le vent réveille l'arôme des plantes, l'élancement salé de la mer lointaine", raconte Idir pour décrire un univers où les enfants se sentent bien.
"Le car enchaîne une série de lacets, se creuse un passage au-delà des barrières rocheuses, puis amorce un grand virage. Dans le fond de l'horizon,, peintes en intenses couleurs bleues, se rassemblent d'autres montagnes, pareilles à une peuplade de géants. Un pays de pâturage s'étire ensuite de chaque côté de la vaste route, pendant que la car gagne de la vitesse sur ce plat providentiel. Des troupes de brebis relèvent la tête, frappées par le soleil qui met sur leurs flancs des éclats de sel", voilà les tableaux qui font méditer Ahmed quand il est en voyage.
Des berceuses, agréables à lire, il y en a aussi dans cet écrit.
"Ô ma colombe / Ô ma chérie / Est-ce-que tu voudras / que je nage encore dans ta pureté /Ô mon amour / est-ce-que là-haut / le ciel est assez grand / pour deux / Si tu m'ouvres cette nacelle / nous fendrons la neige ensemble / et toute extase pourra recommencer. "

Nabil Abbas, le Kabyle de Paris n°8, semaine du 05 au 11 juin 2003
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"Les genêts sont en fleurs" est un roman aux accents authentiques, où chaque mot est pesé, mesuré, un récit aux nombreuses facettes où se mêlent poésie (de belles descriptions de la nature parsèment le récit) et bon sens ; une fable bucolique pourtant imprégnée de pragmatisme, qui tente de réconcilier la nature et le progrès, les générations entre elles (la rencontre d'Ahmed et d'Ilès est particulièrement émouvante), un homme et son passé, en évitant tout déchirement inutile ; Ahmed et son amour de la vie y sont pour beaucoup et c'est ce personnage que l'on retient avant tout, son émerveillement et son espérance sans cesse renouvelés. Une sagesse et une sobriété que l'on surprend à envier.

Blandine Longre, Sitarmag.com, octobre 2003
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Établi actuellement dans notre région, Idir Tas a gardé de la Kabylie, où il a selon toute vraisemblance passé des années heureuses, une trace indélébile au creux de sa mémoire. Son dernier livre Les Genêts sont en fleurs en donne une preuve éclatante.

Il nous transporte dans un village au coeur des montagnes de cette région complètement à part. le temps semble s'y être arrêté et la vie ressemble à ce qu'elle devait être un ou deux siècles en arrière.

On y rencontre une terre brûlée par le soleil, un ciel traversé seulement de quelque « légère frise de nuage », la clameur des oiseaux, un troupeau de bêtes qu'un homme guide distraitement, des oliveraies frissonnant sous une légère brise, « l'élancement salé de la mer lointaine »... Et un ensemble de maisons de pierre peuplées de cris d'enfants qui sortent de l'école pour courir sous le châtaignier où officie un vieux conteur.

Tout ici paraît à l'abri des rugissements de notre vie actuelle, comme à jamais préservé des excès divers et polluants de la modernité. Sauf que le sujet principal du récit se noue autour de l'investissement des paysans pour se procurer un tracteur.

Partisans du progrès technique et de travaux moins rudes vont s'opposer à ceux qui voient en l'apparition de l'engin bruyant une menace pour le maintien de l'harmonie ancestrale qui caractérise leur existence paisible.

Toutefois, il ne faudrait pas prendre l'ouvrage d'Idir Tas pour une fable écologique. Écrit dans une langue simple mais non de force d'évocation, c'est davantage, sous la forme traditionnelle du conte oriental, le portrait émouvant d'un petit bout de terre et de ceux qui l'occupent.

Nicolas Blondeau, Livre & Lire, mai 2003
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Le mythe du paradis perdu, quoi de plus poétique, mais encore faut-il être poète pour le chanter. Idir possède une plume aussi légère que celle d'un ange. Sa dernière oeuvre : “Les genêts sont en fleurs”, parue aux éditions Gaspard Nocturne, est un véritable petit bijou.

Pierre VIALLET, le Dauphiné Libéré, 6 avril 2003.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De petites empreintes s’éloignent dans la poussière. Au bout du chemin, Ahmed reconnaît Ilès. Il avance, tête baissée, d’une démarche résolue. Ahmed se demande où il peut bien aller avec son sac sur l’épaule. Il hâte le pas pour le rejoindre. De le voir ainsi, il en a le cœur tout remué. Il a l’impression que ce bout d’homme suit les traces de son père, entraîné par une force fatidique.
— Tu nous quittes déjà ? demande-t-il en haussant le ton.
— Oui, répond l’enfant bourru.
— Tu vas me manquer, bonhomme !
Ilès ralentit son allure et se retourne subitement.
— Je t’écrirai.
— Non, ne m’écris pas.
— Pourquoi ? dit-il, le visage visiblement décontenancé.
— Je préfère que tu me parles avec les mots du monde.
Avec un accent triste, il dit tout à coup :
— Ce langage-là, je ne le connais pas, grand-père !
Son intonation est remplie d’une étrange sagesse. On dirait que le temps s’est retourné sur lui-même et qu’il se tient devant Mokrane. Ce bambin a la même obstination qui incite à battre en retraite.
— J’ai confiance en toi, je suis sûr que tu le découvriras tout seul.
Ilès porte alors ses yeux vers le ciel tout éclaboussé de lumière.
— Avec les nuages ? demande-t-il en ridant son front.
— Par exemple. Tu vois celui qui file vers le sud : on dirait un cheval qui se cabre. Je parie qu’il ne sait même pas où il va.
— Moi en tout cas je sais où je vais. Droit sur Alger. Là-bas, je retrouverai mes amis, et puis le port avec ses bateaux.
Les traits d’Ilès se ferment.
— Avant que tu t’en ailles, ça me ferait plaisir de te présenter mon dernier tour. Enfin si tu le veux bien.
— Quel tour ? dit-il sèchement.
— Le tour du roitelet.
L’enfant le considère avec un certain étonnement.
— Fis vite alors parce que je suis pressé. Il faut que j’arrive à Alger avant la nuit.
Ahmed sort de sa poche un mouchoir violet, le dénoue et montre à l’enfant un œuf piqueté de taches brunâtres. Il lève ensuite son bras en l’air et l’agite. Tout à coup, un roitelet huppé vient se poser sur l’épaule d’Ilès. L’oiseau se laissa caresser quelques secondes avant de disparaître.
— Alors ? demande-t-il tout rayonnant.
— C’est merveilleux, grand-père ! À moi de te montrer quelque chose, maintenant.
Il tire de son sac une boîte.
— C’est papa qui me l’a donnée pour garder tous mes trésors.
Il dépose dans la main du vieil homme un petit dé à coudre, puis un scarabée si clair que la lumière étincelle sur sa carapace.
— Maman m’a dit qu’on peut se servir de ce dé pour recoudre les nuages ensemble quand le ciel est en colère. À toi de choisir lequel tu préfères, grand-père.
— Il le faut vraiment ?
— Oui.
— Je prends le dé, mais à une condition.
— Laquelle ?
— Que tu retardes ton voyage. Demain nous irons ensemble voir la mer.
— Regarde ce nuage, grand-père ! Il file comme un poisson dans une rivière jaune.
— Tu vois, tu parles déjà le langage du monde.
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Le cheval avance fièrement. Sa robe étincelle à en brûler les yeux. Les oliviers baignent dans le soleil de deux heures. Les cris des enfants et les youyou des femmes éclaboussent. La mariée glisse au bord du ruisseau. Mokrane la conduit vers son mari, avec la dignité d'un serviteur de l'amour. Cela plaît à Ahmed de voir Mokrane et personne d'autre guider cette fée, irradiante de beauté. Chacun est animé d'une formidable gaieté. La nature elle-même s'associe à la joie du cortège, accentuant en bordure du chemin d'amples senteurs de menthe sauvage.
Quand tout le monde a gagné la fontaine, le silence se fait. Nadia délaisse sa monture et s'approche du bassin. Les femmes se mettent à fredonner un air qui entre droit au cœur comme un chant purificateur. Dans ses mains en conque, Nadia porte à ses lèvres un peu d'eau qu'elle boit lentement. Une goutte s'échappe le long de sa gorge, pareille à une perle de rosée. Nadia remonte ensuite sur le cheval et le cortège fait demi-tour. Au loin les montagnes dressent leurs contours crénelés.
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Elles sont partout,
au-dessus des toits,
près de la fontaine,
élancées frénétiquement en des escadrilles de joie,
s’appelant et se répondant par de petits cris aigus.

Tout en trissant,
elles composent dans le ciel adouci par le soleil déclinant
des menuets harmonieux,
fondent en troupes légères vers le sol,
se plaisent à changer de destination
avec un éclat de défi dans la voix.

Ahmed regarde ces petites fées espiègles,
bercé par le bruit très doux de leurs ailes
taillées comme des arcs pointus,
dissolvant l’air dans leur fuselage.

Tantôt elles le précèdent dans sa promenade,
tantôt les hirondelles le suivent.
Et dans cette floraison brune aux éclats de feu,
ce sont ses journées qu’il voit dessinées
par ces actrices insouciantes.

Subitement Ahmed se met à chanter
cette berceuse qu’il a inventée
la nuit où Djédjiga et lui
ont dormi à la belle étoile.

Ô ma colombe
Ô ma chérie
Est-ce que tu voudras
que je nage
encore dans ta pureté
Ô mon amour
est-ce que là-haut
le ciel est assez grand
pour deux
Si tu m’ouvres cette nacelle
nous fendrons la neige ensemble
et toute extase pourra recommencer
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La nuit berce les montagnes. Douces et réconfortantes, des myriades d'étoiles palpitent dans le ciel légèrement embrumé. Quelques nuages voyagent au milieu des constellations et des figures protéiformes se dessinent. Face humaine. Silhouette d'un fennec. Défilé de figues sèches. Olives brunes et ridées, fendues par des becs d'étourneaux. Peu à peu émergent dans la bigarrure des souvenirs ces jours anciens où le vent s'amuse à faire ricocher les épis houleux des champs et découvre la peau délicate des coquelicots...
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Vidéo de Idir Tas
Premier volet de mon tryptique autobiographique, "Le murmure du figuier bleu" couvre les deux périodes : 1. Akfadou [1962 – 1972] 2. Constantine [1972 – 1983]
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