Vasari en effet a raison d'écrire : « S'il arrive que chez un homme d'un talent vraiment supérieur il se découvre quelque vice, même grossier et digne de blâme, il est si bien dissimulé par l'ensemble de ses mérites qu'au lieu d'être, comme chez un autre, le prétexte d'un désaveu ou d'attirer une punition à son auteur, c'est à peine si l'on y voit l'ombre d'un péché. Non seulement dans ces circonstances l'homme de talent n'est pas puni, mais on le traite avec ménagement, comme si la justice elle-même s'inclinait toujours avec un certain respect devant l'ombre du talent, si léger qu'il puisse être. Entre autres effets merveilleux, c'est au talent qu'il appartient en effet de changer en libéralité l'avarice des princes, de triompher de la haine des hommes, d'écraser l'envie et d'élever enfin jusqu'au ciel ceux qui, du rang des simples mortels, par l'avantage de leur renommée, deviennent immortels. C'est ce que nous voyons dans la vie de Fra Filippo di Tommaso Lippi ».