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Citation de Partemps


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l’amour existe, l’amour existe

ta main qui, blottie dans la mienne, s’oublie telle

un petit et la mort impossible à se souvenir

impossible à se souvenir comme une vie

inamissible, aussi légèrement comme par mouvement chimique

par-dessus crételles et bisets, tout,

se perd, disparaît, impossible à se souvenir que

des troupeaux d’hommes déracinés, de bêtes et de chiens



qui existent ça et là, disparaissent ;

les tomates, les olives, les femmes

brunes qui les récoltent, se flétrissent, disparaissent,

tandis que le sol poudroie de nausée, une poudre

de feuilles et de baies, et que les boutons du câprier

ne seront jamais récoltés, confits au sel

et mangés ; mais avant qu’ils ne disparaissent, avant que nous

ne disparaissions, un soir, attablés avec

un peu de pain, quelques poissons sans abcès et de l’eau

qui sagacement a été changée en eau, l’un des

mille sentiers de guerre historiques traverse tout

à coup la pièce, tu te lèves, les frontières,

les frontières existent, les rues, l’oubli

partout, mais ta cachette ne s’approche pas,

regarde, la lune est par trop éclairée et le Chariot de David

retourne aussi vide qu’il est venu ; les morts veulent

qu’on les porte, les malades veulent qu’on les porte, les pâles

soldats usés ressemblant à Narcisse veulent qu’on

les porte, tu te promènes si bizarrement éternel,

et seulement quand ils meurent tu t’arrêtes

dans un jardin de choux dont personne ne s’est occupé

depuis plusieurs siècles, trouves en écoutant une source

tarie quelque part en Carélie peut-être, et pendant

que tu songes à des mots comme chromosomes, chimères,

et à la croissance frustrée des fruits de la passion

tu enlèves d’un arbre un peu d’écorce et la manges.
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