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Citations de Inger Christensen (63)



LES SEULS ROIS D'ISLANDE

Les oiseaux désignent notre chemin depuis longtemps
couvert d'herbe
perdu sous le gazon et le vent dru
courbe les brins d'herbe qui poussent sur les ruines
de fermes perdues depuis longtemps et de sentiers
reverdis

Mais les oiseaux désignent notre sentier parmi du gazon
bien vert
et des ruines de fermes où siégèrent un jour des rois
qui écrivaient; roi du poème et de la saga
dans de petites fermes mais des immensités dans la tête

Dans leur vol brillant les oiseaux nous montrent
le sentier qui toujours monte et va de l'avant
le sentier que temps, ruines et gazon laissent intact
le sentier qui traverse les lignes que ces rois inscrivirent
sur parchemin

Perdues les fermes et perdus les sentiers battus des
vents
Mais le sentier du poème et de la saga est toujours
ouvert et libre.


Sigurdur Palsson (1948)

Poèmes des hommes et du sel (extraits)
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COUPS D'AILE

Ceux qui se perdent
en terre, se perdent
en terre.
Certains

battent
des
bras, presque avec humour, comme pour
dire: non

vous savez, j'en ai
vraiment assez! D'autres
restent au bord du nid et s'agitent
jusqu'au dernier jour.

Jan Erik Vold (1939)
La Norvège est plus petite qu'on ne le pense (extraits)
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C'est beau de promener le ciel en laisse
puis de le déployer pour les badauds de la place!

Que serait-il sans queue, mon paon?
J'adore ces grands oiseaux stupides
qui trainent en laisse le firmament
qui trahit cela même que les oiseaux brident :
le ciel est une caverne bleue, limpide
au fond d'une terre encore plus vaste. N'est-ce
pas beau de promener le ciel en laisse?

Leur queue est déployée à qui
sut préserver ses yeux d'enfants qui lui permettent
de voir les yeux du paon ; à qui se fit
sauver des beaux mensonges du monde ils la ferment.
Les nombreuses heures de vérité traversent
comme une complainte, nues, la vie à grande vitesse.
C'est beau de promener le ciel en laisse!

C'est dur d'extraire des neiges une vérité.
C'est dur d'être né d'un froid insupportable
trainant sa beauté comme un couperet
qui rêve de chutes de têtes interminables
jusqu'à ce que les conduites soient raisonnables.
Soyez absurdes! Et la nature immense.
C'est beau de promener le ciel en laisse!

C'est impossible, cela saute aux yeux.
Voilà pourquoi de joie nous jubilons
quand nous rions des tremblements des cieux
et nous moquons, heureux, de toute explication.
À l'univers nous prîmes un béquillons.
Nos traces, c'est lui seul qui les laisse.

C'est beau de promener le ciel en laisse
Et d'écouter un paon chanter la messe!
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Inger Christensen
Je vois les nuages fins
Et le soleil léger
Ensemble ils esquissent
Un infini parcours
Comme s'ils avaient confiance
En moi ici sur terre
Comme s'ils savaient que moi
Je suis leur voix.

(" Ça ", 1969)
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Le jour où un prétendu tyran sera entré en possession d'un moyen de destruction, nous pouvons être sûrs qu'il sera employé.
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Croître est une chose
de même nature
Je pense un arbre
un oiseau une image
traversant toutes limites
des ailes écrivent
la croissance du rêve
Là où tu es tombé
le sommeil a d'autres gouffres
il délie les vents
du déjà délié

Je pense un chagrin
où il est tombé
l'oiseau encore
a suspendu un nid
aussi grand que le ciel
et mon âme l'habite
Croître est une chose
peut-être la même
qu'habiter le rêve
Aucun chagrin n'empêche
l'oiseau et l'image


(extrait de " Lumière ").

.
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RONDE
de Sigurdur Pálsson
Extrait de « Poèmes des hommes et du sel »
(Traduit de l’islandais par Régis Boyer)

Je sais, je sais.
Snorri Sturluson est animateur de radio à Reykjavik, Reagan cordonnier à Baltimore et Napoléon est un cognac.

Je sais.
François Villon est le nom d’un magasin de chaussures rue Bonaparte dans le sixième arrondissement à Paris, Van Gogh une auberge à Arles en France méridionale et Lénine un chantier de constructions navales à Gdansk en Pologne.

Je sais.
Victor Hugo est une avenue et Sigurdur Pálsson est chauffeur de poids lourds à Reykjavik et c’est ainsi; tout passe et change d’image et l’histoire de l’humanité est un shaker de cocktails efficace entre les mains d’un barman pétulant qui n’en a jamais assez. Personne ne sait si quelqu’un boit tous ces cocktails ; probablement qu’il n’y a personne dans ce bar sauf ce stupide barman au goût de sang dans la bouche.

Je sais.
J’ai peur et d’ailleurs, je suis superstitieux et nous allons arriver au terme du vendredi treize. La tension augmente et cependant rien de catastrophique encore et bientôt on va avoir une catastrophe pour en finir.

Oui.
Je me réjouis de ce que la pluie soit pluvieuse et la chanson à la radio impartiale. Je sifflote faux, engourdi dans le courant d’air qui vient de la porte du balcon.

Je sais.
Ces événements que je crains en ce jour mènent une vie indépendante de l’autre côté de la muraille grandiose du silence étendu. Comme les événements de l’histoire de l’humanité. Tout mène cette vie indépendante tandis que l’homme, chaque homme, se tord comme un vers de terre dans une lutte désespérée contre les moineaux ou le pêcheur de saumon. Mène une vie indépendante.

[...]

Je sais.
Je pleure comme un fou. Pourtant, ils partent toujours à la pêche les bateaux, les vieux tigres de mer et quelqu’un vomit sur le pont. Les oiseaux crient et les Frères Jurés chantent et les baleines chantent sûrement de même et à vrai dire qu’est-ce qui ne chante pas nous oblige-t-on à demander. Chante et crie. Et pourquoi diable ? Pour se manifester ? Les frontières entre moi et le monde et toi. Provocation. L’amour ? Sais pas. Une sorte de fourmillement d’impatience aurait dit un vieil homme que j’ai bien connu un jour. Une sorte de fourmillent d’impatience.
Oui. Rien que des chansons. Sans interruption. Assurément, le vieux tigre ne chante pas mais cela chante en lui. De retentissante façon.
[...]



"Il pleut des étoiles dans notre lit" réunit les cinq poètes scandinaves :
Inger Christensen, Pentti Holappa, Tomas Tranströmer, Jan Erik Vold, Sigurdur Pálsson

Note de l’éditeur :
Snorri Sturluson. Le plus grand écrivain islandais du Moyen Âge. Vécut de 1178 à 1241.
Les Frères Jurés. Un chœur bien connu de chanteurs islandais.
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NEIGE DE JUIN

La neige
n’est pas du tout neige
quand elle neige
en juin

la neige n’est
pas du tout tombée
du ciel
en juin

la neige est
montée d’elle-même
et a fleuri
en juin

comme pommes
abricots
châtaignes
en juin

s'égarer
dans la vraie neige
qui est la neige en juin
avec germes et fleurs

quand jamais on ne meurt
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Il est une pièce minuscule, cachée
dans la source de l’espérance
Il est un matin le rouge du soleil
la dernière couleur que j’oublierai
Il est dans le trèfle précoce ce que je
trouve très tôt sans chercher
Il est une fissure dans la terre de l’hiver
printemps obstiné, bouche d’eau
baisers clapotants

Il est le puissant exorciste de l’effroi
qui pleure avec le soutien de l’oiseau
Il est la pente argileuse durcie
par la longue lutte du soleil avec son corps
qui abrite un couple d’hirondelles
Il est dans les ailes tictaquant la première
rencontre avec l’air bleu du matin
Il est dans le chant et le bec contre bec

La terre capture sa fenêtre, balance,
émoustille le temps
La terre saisit son oiseau et l’emmure
dans le gris
La terre enferme sa source
dans un coffre blindé
La terre consume le bec ardent
à la chute de l’oiseau soleil
Je refuse d’avoir honte de mon
espoir en les morts

Je refuse d’avoir honte de mon
espoir en l’espoir de mon amour
Je porte un puissant chant de soleil
matin rencontre passagère
J’ouvre la fenêtre de mon amour
hume l’odeur de la terre
qui est nous, espoir éphémère

Espérance malgré tout
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Je m'appuie tendrement contre la nuit
sur la rampe rouillée
je trouve ma joue, mon épaule
je trouve ma tendresse:
fer et chair.

Le reste ondoie, s'effrange
en silence, interroge dedans, dehors
dans l'espace de la nuit, dans l'espace de l'âme :
est-ce la mort?
je pose ma main sur le visage
tremblant de la nuit
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IV



Croître est une chose
de même nature
Je pense un arbre
un oiseau, une image
traversant toutes limites
des ailes écrivent
la croissance du rêve
Où tu es tombé
Le sommeil a d’autres gouffres
il délie les vents
du déjà délié

Je pense un chagrin
où il est tombé
l’oiseau encore
a suspendu un nid
aussi grand que le ciel
et mon âme l’habite
Croître est une chose
peut-être la même
qu’habiter le rêve
Aucun chagrin n’empêche
l’oiseau et l’image


/Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen
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La croûte de l'eau
se blesse elle-même
à la glace

Le bateau d'hiver
a tellement peur
qu'il monte sur terre

Sous la peau
un coeur
se protège
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Semant ses bienfaits un nuage vole
puis un aigle, messager.
Seules les îles gémissent vers le rivage à leur départ,
quand le vent sous le gel se fige, pleurant sur leur sort.
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HERBE



AMOUR

Cueillir des fraises sauvages
dans un taillis d’épines
glisser ma main
en dessous d’une crainte
d’une peine trop adultes
te donner mon cœur
petit enfant

p.101


/traduit du danois par Janine et Karl Poulsen
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II



Je pense un soleil
un cygne, une démence
une matière qui luit
sans matière
et balance indéfiniment
la lanterne du hasard
Une lumière est
un miracle si corporel
quand l’éternité se condense
approche
et ne tue pas

Je pense un masque
de soleil marbré
un costume de plumes raides
et de matière grise
Que la mort soit si froide
Je pense un miracle
le cœur est une lanterne
que le hasard balance
entre ce moi
et rien
dans la démence de la lumière


/Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen
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et au cœur du paysage de la sagesse la lumière de glace,
la glace identique à la lumière, et au cœur
de la lumière de glace le néant, vivant, intense
comme ton regard parmi la pluie, cette pluie fine ruisselante
qui irise la vie où, tel un geste,
les quatorze réseaux du cristal existent, les sept
systèmes cristallins, ton regard dans le mien,
et Icare, Icare impuissant existe ;
Icare langé d’ailes de cire fondues
existe ; Icare pâle comme un cadavre
en civil existe, Icare tout au fond où
les pigeons existent; les rêveurs, les poupées
existent; les cheveux des rêveurs avec les touffes
cancéreuses arrachées, la peau des poupées
épinglée, le bois pourri des mystères; et les sourires
existent, les enfants d’Icare blancs comme agneaux
parmi la lumière grise, pour sûr existeront, pour sûr
nous existerons, et l’oxygène sur le crucifix de l’oxygène ;
comme givre nous existerons, comme vent,
comme l’iris de l’arc-en-ciel dans les pousses luisantes
du mésembryanthème, les chaumes de la toundra ; petits
nous existerons, aussi petits qu’un peu de pollen dans la tourbe,
comme un peu de virus dans les os, peut-être comme hélodide,
peut-être comme un peu de trèfle blanc, vesce, un peu de camomille
exilée au paradis reperdu; mais l’obscurité
est blanche disent les enfants; l’obscurité du paradis est blanche,
mais pas blanche comme un cercueil est blanc,
c’est-à-dire si les cercueils existent, et pas
blanche comme le lait est blanc,
c’est-à-dire si le lait existe ; blanc c’est blanc,
disent les enfants, l’obscurité est blanche, mais pas
blanche comme le blanc préexistant
aux fruitiers existant, leur floraison si blanche,
l’obscurité est plus blanche, les yeux fondent
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A l'abri du vent, on peut entendre l'herbe pousser -
un léger roulement de tambour par le bas, le faible
grondement de millions de flammèches, c'est ainsi
qu'on entend l'herbe pousser.
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le bonheur est éphémère, mais il renaît sans cesse.
on enterre les déceptions, et l'illusion repousse.
elle fleurira demain.
dans mon cœur je fais pousser pour toi des tulipes, dés jacinthes, des flammes de bougie
pour toi, qui es un million.
le cœur est un symbole, la fleur ne l'est pas, elle est
faite de chair vivante.
tu la touches et tu es réel.
tant d'existences qui sont les tiennes.
les draps purs pour un soir de fête je les ai ouverts pour toi.
il pleut des étoiles dans notre lit, cependant que nous sommeillons

( Pennti Holappa)
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La prochaine fois que je viendrai au monde ici je transcrirai chaque minute dès le début. Je n'en consommerai pas une seule sans réfléchir d'abord, et le cas échéant j'arrêterai le temps afin qu'il attende ma décision.
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J’adore ces grands oiseaux stupides…



J’adore ces grands oiseaux stupides
qui traînent en laisse le firmament
qui trahit cela même que les oiseaux brident :
le ciel est une caverne bleue, limpide
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