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Citation de litolff


Quand il rentrait chez lui au terme d'une longue journée de travail, avant de retrouver Clara, il lui arrivait d'attendre quelques instants au seuil de sa demeure. C'était la seule minute où il eût l'esprit libre. Chez lui, il trouverait la note du gaz et de l'électricité ; il compterait les vieilles dettes, il verrait les yeux de Clara, rouges et à demi fermés pour avoir trop cousu, la veille sous la lampe ; il se souviendrait que l'enfant avait besoin de souliers et lui-même d'un pardessus neuf. Il s'accordait une seconde de répit dans cette rue bruyante, en face de ce pont de fer ; il ne regardait plus ces pauvres arbres effeuillés, le brouillard de l'automne, les gens maussades et tristes qui se hâtaient ; il cessait d'avoir conscience de cette odeur de maladie et de misère dont il ne pouvait se débarrasser ; elle flottait sans cesse autour de lui et imprégnait ses vêtements. Il ne pensait à rien... Il ramassait ses forces, comme dans une bataille inégale où, si un instant encore la mort vous est épargnée et qu'on ne peut fuir, on serre dans sa main ses armes, on songe à un être chéri, et on se jette en avant, ayant compris enfin dans son coeur que l'on ne ménagerait rien, ayant accepté de perdre son âme s'il faut à ce prix gagner l'existence.
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