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Citations de Irène Némirovsky (849)


Les bottes... Ce bruit de bottes... Cela passera. L'occupation finira. Ce sera la paix, la paix bénie. La guerre et le désastre de 1940 ne seront plus qu'un souvenir, une page d'histoire, des noms de batailles et de traités que les écoliers ânonneront dans les lycées, mais moi, aussi longtemps que je vivrai, je me rappellerai ce bruit sourd et régulier des bottes martelant le plancher.
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-"Et puis, de n'avoir pas été une enfant quand il était temps de l'être, il semble que l'on ne peut jamais mûrir comme les autres; on est fané d'un côté et vert de l'autre, comme un fruit trop tôt exposé au froid et au vent...
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Et dire que personne ne le saura, qu'il y aura autour de ça une telle conspiration de mensonges que l'on en fera encore une page glorieuse de l'Histoire de France. On se battra les flancs pour trouver des actes de dévouement, d'héroïsme. Bon Dieu ! ce que j'ai vu, moi ! Les portes closes où l'on frappait en vain pour obtenir un verre d'eau, et ces réfugiés qui pillaient les maisons ; partout, de haut en bas, le désordre, la lâcheté, la vanité, l'ignorance ! Ah ! nous sommes beaux !
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Que le corps humain semble fort lorsque c'est la chair d'un autre homme qui saigne ! Qu'il est facile de regarder la mort en face lorsque c'est d'un autre homme qu'elle approche ! Eh bien ! c'était son tour maintenant. Ce n'était plus d'un enfant chinois, d'une femme espagnole, d'un Juif d'Europe centrale, de ces pauvres charmants Français qu'il s'agissait, mais de lui, de Hugo Grayer ! De son corps roulé dans l'écume de la mer et les vomissements, glacé, solitaire, malheureux, tremblant ! Comme il avait regardé, puis froissé d'une main paisible, avant de se mettre au lit, ces journaux qui contenaient les récits de bombardements, de torpillages, d'incendies - ah ! il y en avait trop, la pitié elle-même se lassait -, ainsi, demain, des gens sages et tranquilles contempleraient un instant l'image d'une mer monotone et lisse où flotte une épave, et ils n'en perdraient pas une bouchée de pain, ni une gorgée de vin, ni une heure de sommeil. Il serait gonflé par l'eau, mangé par les bêtes marines, et dans un cinéma de New York ou de Buenos Aires passerait sur un écran : "Le premier navire neutre torpillé dans cette guerre !" Et cela serait vieux et oublié et n'intéresserait personne. Des gens penseraient à leurs affaires, à leurs maladies, à leurs ennuis. Des garçons saisiraient dans l'ombre des filles par la taille ; des enfants suceraient des bonbons.
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Elles ne comprenaient donc rien ? La vie était shakespearienne, admirable et tragique, et elles la rabaissaient à plaisir. Un monde s'effondrait, n'était plus que décombres et ruines, mais elles ne changeaient pas. Créatures inférieures, elles n'avaient ni héroïsme ni grandeur, ni foi ni esprit de sacrifice. Elles ne savaient que rapetisser tout ce qu'elles touchaient, à leur mesure.
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Il y avait toujours en eux une ardente volonté de bonheur; sans doute parce qu'ils s'étaient beaucoup aimés, ils avaient appris à vivre au jour le jour, à oublier volontairement le lendemain.
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Après tout, ces grandes migrations humaines semblaient commandées par des lois naturelles, songeait-il. Sans doute des déplacements périodiques considérables de masse étaient nécessaires aux peuples comme la transhumance l'est aux troupeaux. Il y trouvait un curieux réconfort. Ces gens autour de lui croyaient que le sort s'acharnait particulièrement sur eux, sur leur misérable génération; mais lui, il se souvenait que les exodes avaient eu lieu de tout temps.
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« En temps de guerre, aucun de nous n’espère mourir dans un lit. » (p. 359)
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Qu'ils aillent où ils veulent; moi, je ferai ce que je voudrai. Je veux être libre. Je demande moins la liberté extérieure, celle de voyager, de quitter cette maison (quoique ce serait un bonheur inimaginable !), que d'être libre intérieurement, choisir ma direction à moi, m'y tenir, ne pas suivre l'essaim. Je hais cet esprit communautaire dont on nous rabat les oreilles. Les Allemands, les Français, les gaullistes s'entendent tous sur un point: il faut vivre, penser, aimer avec les autres, en fonction d'un État, d'un pays, d'un parti. Oh, mon Dieu ! je ne veux pas ! Je suis une pauvre femme inutile; je ne ne sais rien mais je veux être libre ! Des esclaves nous devenons, pensa-t-elle encore; la guerre nous envoie ici ou là, nous prive de bien-être, nous enlève le pain de la bouche; qu'on me laisse au moins le droit de juger mon destin, de me moquer de lui, de le braver, de lui échapper si je peux. Un esclave ? Cela vaut mieux qu'un chien qui se croit libre quand il trotte derrière son maître. Ils ne sont même pas conscients de leur esclavage, (...) et moi je leur ressemblerais si la pitié, la solidarité, "l'esprit de la ruche" me forçaient à repousser le bonheur.
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Antoinette tremblait de tous ses membres, mais elle sortit avec lenteur sans une larme.

— Charmant, dit Mme Kampf quand elle fut partie : ça promet... D'ailleurs, j'étais toute pareille à son âge ; mais je ne suis pas comme ma pauvre maman qui n'a jamais su me dire non, à moi... Je la materai, je t'en réponds...

—Mais ça lui passera en dormant ; elle était fatiguée ; il est déjà onze heures ; elle n'a pas l'habitude de se coucher si tard : c'est ça qui l'aura énervée... Continuons la liste, c'est plus intéressant, dit Kampf.
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Les êtres passionnés sont simples, se dit-elle encore; elle le hait, et tout est dit. Heureux sont ceux qui peuvent aimer et haïr sans feinte, sans détour, sans nuance.
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Ne comptez pas les années écoulées et elles ne vous arqueront que d’une main légère...
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-" On ne peut pas être malheureuse lorsqu'on a ceci : L'odeur de la mer, le sable sous les doigts...l'air, le vent..."
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Chaude, pensaient les Parisiens. L'air du printemps. C'était la nuit en guerre, l'alerte. Mais la nuit s'efface, la guerre est loin. Ceux qui ne dormaient pas, les malades au fond de leur lit, les mères dont les fils étaient au front, les femmes amoureuses aux yeux fanés par les larmes entendaient le souffle de la sirène. Ce n'était encore qu'une aspiration profonde semblable au soupir qui sort d'une poitrine oppressée. Quelques instants s'écouleraient avant que le ciel tout entier s'emplit de clameurs.


(Incipit)
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Le soleil traversait certaines d'entre elles [les fleurs] et révélait alors un entrelacs de petites veines délicates, visibles dans la blancheur des pétales et qui à la fragilité, à l'immatérialité de la fleur ajoutaient quelque chose de vivant, de presque humain dans le sens où ce mot humain signifie à la fois faiblesse et résistance; on comprenait comment le vent pouvait secouer ces ravissantes créatures sans les détruire, sans même les fripper;
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Ils se disaient que la raison, le coeur lui-même pouvaient les faire ennemis, mais qu'il y avait un accord des sens que rien ne pourrait rompre, la muette complicité qui lie d'un commun désir l'homme amoureux et la femme consentante.
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Les bombes étaient tombées sur la gare et un peu plus loin sur la voie de chemin de fer. [...] Des femmes, prises de panique, jetaient leurs enfants comme des paquets encombrants et se sauvaient. D'autres saisissaient les leurs et les pressaient avec tant de force qu'elles paraissaient vouloir les faire rentrer de nouveau dans leurs flancs, comme si ce fût là le seul abri sûr.
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Au fond de son coeur il y avait comme des couches successives de haine qui se superposaient sans se confondre: celle de la paysanne qui d'instinct déteste les gens de la ville, celle de la domestique lasse et aigrie d'avoir vécu chez les autres, celle de l'ouvrière, enfin, car pendant ces derniers mois elle avait remplacé son mari à l'usine; elle n'avait pas été habituée à ce travail d'homme, il lui avait endurci les bras et l'âme.
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Je ne peux pas supporter ce désordre, ces éclats de haine, le spectacle repoussant de la guerre. J'irai dans un coin tranquille, à la campagne. Je vivrai avec les quelques sous qui me restent jusqu'à ce que les hommes redeviennent sages.
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On lui avait caché ainsi une fois la mort de son chien. On lui avait dit, pour éviter des larmes importunes: " Il est malade, mais il reviendra..." ajoutant ainsi à son chagrin la torture de l'espérance.
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