Lui, eux, vous Madame mourrez peut-être de froid la nuit prochaine et je fais ma dégoûtée. Vous qui avez les mêmes organes, un cerveau, un cœur et de l’estomac, n’avez pas la valeur d’un euro. Seuls dehors par moins cinq, sans une allumette.
Reste à rendre l’âme. « Plutôt mourir debout que de vivre à genoux », a écrit Albert Camus dans L’Homme révolté ; vous, Madame, mourrez à genoux, à plat ventre, à petit feu. Je vous ai sur la conscience, Madame, et je vous remercie d’y être. Je mourrai avec vous comme je mourrai avec le premier rire de mon enfant ou avec ces figues de Barbarie dévorées avec son père. Je mourrai avec les yeux verts de ma mère, les bancs de raie manta effleurant mes cuisses, les heures lentes au Sahara. Je mourrai et le ciel sera votre paume renversée. Entrevoyant la vôtre d’âme, Madame, j’entrevois la mienne.