Isabelle Rieser, poète, rêveuse, bohème… Pour moi, ces qualificatifs traduisent son indépendance et son originalité. Dans ce livre il ne s’agit pas de repli sur soi-même caractéristique des intellectuels assis ! Isabelle Rieser épouse le goût des milieux artistiques et apparaît comme une sorte de pèlerin sans cesse en route. On devine une biographie riche en rencontres qui trouve son reflet dans une écriture imagée. L’auteure nous donne cette image de l’étrangère discrète et continuellement émerveillée, une citoyenne du monde restée enfant. C’est une visionnaire.
J’ai fini cette « autobiographie sans chiffres » et ma première idée c’est que l’écriture d’Isabelle Rieser a quelque chose des arts plastiques, des arts instantanés. À travers les rencontres humaines et en termes de poésie elle décrit l’instinct créatif, cet élan auquel elle ne pouvait qu’à se rallier. Cet instinct créatif est comme au centre du « tableau » et autour de ce centre vient se greffer le récit en images. Les motifs s’organisent en cercle autour du centre. C’est exactement le procédé, le « vocabulaire » cubiste ! C’est un support géométrique ordonnant logiquement les rêves, les souvenirs, les désirs, les songes. Pour moi, c’est là que réside le secret de l’écriture laconique et complexe d’Isabelle Rieser. (Souvenons-nous que la grandeur d’un écrivain se mesure à la quantité de pages qu’il n’a pas publiée !) Le langage d’Isabelle Rieser permet d’exprimer la magie du monde, la magie de l’improvisation. Par contre, « La Ruche » n’est pas forcément à Paris, elle est peut-être à New York, peut-être au Mont St-Michel ! Isabelle Rieser divise sa vie en différents cycles suivant son horloge intérieure et peut-être indépendamment de la réalité. Tout cela semble sans importance ! Ces transpositions fantaisistes sont dans l’esprit des transpositions musicales ! Juxtaposition des motifs, transparence des formes se prêtent à intégrer dans le récit des fragments des réalités les plus diverses. Ainsi les souvenirs deviennent symboles et un moyen d’ouvrir les portes de sa vie intérieure.
Lorsque l’auteure écrit « la rue est à nous » ou « la nuit nous appartient » ou « New York nous appartient » on sent qu’elle choisit les moments les plus intenses et les plus libres. Certaines images comme l’image de tempête servent de jalon pour le lecteur. Je mettrai des citations pour le monter. Cela me rappelle la phrase de Gide : « Il n’y a pas d’œuvre d’art sans raccourcis »
J’ai encore beaucoup de choses à dire mais j’arrête ma chronique pour ne pas me ridiculiser étant plus longue que l’auteure !
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Normandie, falaises crayeuses, parcs à huîtres, jetées, plages en automne, voilà les thématiques de ces très belles photos de Gilles Régnier qui donnent l'envie de partir vers ces immensités lointaines pour celui qui vit sur la côte varoise, bien différente sans l'immensité océanique et ses grandes marées.
Les photos sont parfaites, j'ai particulièrement aimé les contrastes des nuages et des rochers, les sables des Dunes de Wissant.
Beau livre.
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De très belles photographies mêlant ciel, mer et terre, tantôt en couleurs, d'autres fois en noir et blanc, offrent un voyage immobile vers les plages normandes avec de nombreux reflets saisissants, où le nacre le dispute à la blancheur de l'écume des vagues, où l'immensité des plages, des ciels où divaguent des nuages baudelairiens laissent aller l'imaginaire du lecteur.
Les légendes ne sont pas toujours clairement compréhensibles et leur syntaxe fantaisiste.
Beau livre pour tous les amateurs de la mer.
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"Le jazz, c'est comme la vie - c'est bien mieux quand vous improvisez", a dit George Gershwin.
A mon tour, donc, d'improviser sur ce court texte autobiographique d'Isabelle Rieser, après les deux beaux billets déjà publiés... je deviens, en quelque sorte, le troisième instrument qui entre sur scène pour étoffer la mélodie et y rajouter quelques notes personnelles...
Un texte court, certes, mais riche en images, accordées à la musique au gré des rencontres de l'auteure.
Isabelle Rieser est, elle aussi, une grande improvisatrice. Contrairement à la fiction, le biographe n'a à sa disposition que de la matière brute, et il faut la respecter, sous peine de créer des fausses notes.
Mais ça sonne juste - on découvre simplement une femme-globetrotter, ouverte au monde, qui sait prendre ce que la vie peut offrir ici où là, et se réjouir des rencontres fortuites.
Elle nous parle des endroits (finalement, peu importe lesquels) et de cette musique universelle qui se trouve partout et qui crée des souvenirs et lie des amitiés.
Tant qu'on sait profiter de l'endroit où l'on se trouve, cet endroit nous appartient - c'est ce que doivent ressentir tous ceux qu'on appelle "les citoyens du monde".
Chaque ancienne expérience est là, pour soutenir une nouvelle - exactement comme dans ces thèmes "jazzy", qui peuvent se dérouler à l'infini - mais on y retrouve invariablement ce "déjà-vu" à peine changé; ou même les bribes des mélodies bien connues, que les jazzmen aiment ajouter à leurs refrains.
Elle nous rappelle un peu ces musiciens, qui, comme le bluesman Robert Johnson, n'hésitent pas à vendre leur âme au diable, afin de "jouer comme personne". On les reconnaît facilement - c'est quand la scène disparaît et on ne fait plus qu'un avec la musique, qui devient alors un langage universel.
Quelques images de la marée qui accompagnent le texte épousent bien cette même philosophie - le rythme, les éternels allers et retours; toujours pareils... jamais pareils !
Belle expérience...
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Une drôle d'expérience : un texte et un clip !
On m'avait prévenu qu'il s'agit d'une expérience nouvelle et ... plein de charme ! Et c'est vrai !
Le texte est hautement littéraire, plein de belles images et de tournures de phrases, mais excessivement court.
La prochaine fois, Isabelle, maintenant que vous avez prouvé disposer de cet art littéraire rare, soyez sans crainte et laissez-vous vous emporter par vos impressions, réflexions et sentiments.
Je suis persuadé que rien que la 23ème rue de New York, que vous mentionnez en passant, vous suffirait d'imaginer un "blockbuster" à succès garanti. Oui ou non sur un air de fond de l'inoubliable George Gershwin, que vous citez. Mon compositeur américain absolument favori, mort en 1937, à l'âge de seulement 38 ans.
Ce qui me gêne, j'avoue, c'est la superbe chronique de ma grande amie Maryna Uzun, un autre grand talent, qui a vos capacités littéraires, et qui rédige si elle n'est pas en train de donner des cours ou des concerts de piano. Je partage entièrement sa merveilleuse analyse.
Je dois aussi féliciter Gilles Régnier de son splendide clip de la marée du siècle, en mars 2015, près de l'endroit magique qu'est sans doute le fabuleux Mont-Saint-Michel. Où en dehors des remparts et fortifications, il y a les "eaux vives d'aventure, à la pensée libre des grands espaces".
Pas exactement la mer "le long des golfes clairs... Bergère d'azur" de la chanson célèbre de Charles Trenet. Plutôt la "beauté informe" de la mer comme l'a décrite Sylvia Plath et dont elle était amoureuse.
Le Mont-Saint-Michel me tient au coeur, car c'était une halte lors de notre voyage de noces, mais ça c'est une autre histoire, bien sûr.
Je termine par une belle citation, présentée dans le clip et que je présume être de notre amie Isabelle Rieser :
" Une révélation submergée
D'être fugace
S'immobilise,
Au fugitif des eaux. "
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