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Bibliographie de Isabelle Van Geem   (1)Voir plus

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Enfants du Tibet. Pas de passé. Futur obscur.
L'obscurité s'épaissit, descend.
Les enfants n'ont plus de mémoire.
La mémoire du pays perdu, la seule chose qui pourrait encore les retenir au passé, s'effiloche, s'en va en fumée, on ne peut pas la retenir, l'enfermer, la garder, elle s'évanouit doucement.
La mémoire n'existe plus.
Viendra la nuit.
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Pour Mme Lawang, dame de la noblesse (elle appartient à la famille des Tethong qui ont servi les Dalaï-Lamas depuis au moins deux siècles), le Tibet était aussi un beau pays. Elle parle ici de son enfance d'aristocrate, privilégiée mais solitaire.
Contrairement à M. Pala, Mme Lawang parle couramment anglais. Elle a appris la langue seule, en Inde.
– Ma famille est de Lhassa, mais je n'y suis pas née. Comme j'étais la première enfant de la famille, mes grands-parents ont trouvé de meilleur augure que je naisse dans la principale propriété de la famille, à Shigatse. Shigatse, 12.000 habitants, est la deuxième ville du Tibet, et la résidence du Panchen Lama. Le Panchen Lama détient presque les mêmes pouvoirs religieux que le Dalaï-Lama, mais il n'a pas d'autorité politique. Notre propriété était dix fois plus étendue que celle du Panchen Lama. Nous avions des bois immenses et des champs cultivés. La région est très fertile.
… Pendant les derniers mois de sa grossesse, ma mère se nourrissait surtout d'aliments liquides, de fruits et de laitages, parce nous pensons qu'une alimentation plus riche est mauvaise pour la circulation et la digestion. Ma mère suivit encore le même régime plusieurs mois après ma naissance.
C'est elle qui m'a appris à lire et à écrire dans les textes religieux. J'appris aussi un peu à compter, mais nous ne savions pas ce qu'étaient les mathématiques, les sciences, la géographie ou l'histoire.
Mes sœurs et mes frères mangeaient à part. Comme j'étais l'aînée, j'avais le droit de partager le repas de mes parents. Tout se passait dans une atmosphère digne et très rigide. Quand, par malheur, je faisais un peu de bruit en mastiquant, ma mère me pinçait sous la table. Le plat préféré de mes parents était du porc nourri aux pêches et aux noisettes. La chair en était toute parfumée. Ma mère me pinçait parce qu'il n'était pas de bon ton de réprimander ses enfants devant son mari. Ma mère était supposée m'avoir appris les bonnes manières et n'être pas obligée de me les rappeler. Elle ne m'embrassait jamais, pas plus que je n'osais embrasser mes parents. Elle me conseilla de ne pas me marier. Elle-même avait eu de nombreux enfants et pensait que la condition de femme était une vraie servitude. Aussi, petit à petit, au fur et à mesure que je grandissais, je m'habituais à cette idée. Quand je fus en âge de me marier, on me rasa la tête, et je revêtis la robe pourpre de nos nonnes.
Quand j'étais encore une petite fille, je jouais, je pense, à des jeux de petites filles : poupées, etc. Je n'avais pas beaucoup d'amies. De toute manière, j'aurais voulu devenir général comme mon père, qui avait été gouverneur à Chamdo, dans le Kham. Je n'avais pas beaucoup de contact avec les petites filles de mon âge autres que les petites filles de la noblesse. Comme jeune femme de la noblesse, on m'avait appris à me servir d'un fusil, et je montais à cheval, à la manière des hommes. Les femmes ne montent pas en amazone au Tibet, c'est une manière peu pratique de monter, surtout pour nous qui devions faire quelquefois des voyages de deux mois, la distance de Chamdo à Lhassa, à cheval. Les jeunes femmes d'à présent ne pourraient pas monter avec leur chuba étroite. Nous avions des robes fendues sur le côté et croisées. Il nous suffisait d'entrouvrir notre chuba (nous avions des pantalons en dessous) pour nous trouver aussi à l'aise que les hommes.
Ma mère surveillait notre éducation. Elle surveillait aussi le travail domestique. Il y avait une multitude de servantes qui tissaient, faisaient des tapis, des couvertures que nous posions sur les matelas qui servent de banquettes dans la journée dans les maisons tibétaines, et que nous recouvrions de tapis ensuite. Les couleurs étaient entièrement végétales, douces et belles. Nos servantes utilisaient comme colorants beaucoup de rhubarbe, de feuilles de noisetier. La technique consistant à couper les contours du dessin aux ciseaux n'est venue qu'après, en exil, et elle vient du Cachemire.
p. 43- 45

Maintenant,
Mme Lawang, effacée à l'extrême, anonyme, les mains tachées de teinture safran qu'elle a utilisée hier pour reteindre une vieille blouse de soie fanée, est en train de trier le linge du Village des Enfants où elle est lingère. Le Village des Enfants est un grand pensionnat-orphelinat où Pema Gyalpo, la sœur du Dalaï-Lama, a réuni autant d'orphelins et de demi-orphelins que les fonds fournis par les organisations de bienfaisance étrangers le permettent. Mme Lawang a une chambre dans un des homes d'enfants. Elle parle le moins possible, et fait le moins de bruit possible.
p. 248
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