Je touche le fond de la cruauté du monde avec ce qu’il me reste de carcasse humaine. Depuis des semaines, nous parcourons des landes sans fin, grisâtres, lourdes de brouillard, emportés dans un mouvement de foules désespérées vêtues de guenilles et de stupeur. Personne ne sait faire rien d’autre que faire avancer ses os et ce qui reste de chair et d’instinct de survie. Des bêtes se seraient couchées pour regarder paisiblement la mort les envelopper et les délivrer. Mais les humains ne sont pas raisonnables. Ils se lèvent en rampant pour lui échapper. Même si chaque pas est une explosion de souffrance, c’est encore la vie.