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Citation de Dandine


Comme la plupart des gamins juifs de maisons pieuses, j’ai pendant un certain temps tremblé devant les chiens en qui je voyais des ennemis d’Israël. Tout comme les jeunes goyim, les chiens ne pouvaient souffrir les longues basques des Juifs, et j’étais sûr que la haine canine des Juifs était quelque chose d’éternel, d’immémorial ; […] Un jour s’approcha de moi, en dehors de la bourgade, un chien. Au premier moment, quand je me vis suivi d’un chien de grande taille à l’épais pelage brun, je pensai fuir en courant ; mais je savais par expérience que rien ne donne autant envie à un chien de poursuivre un gamin juif que lorsqu’on le fuit en courant. Par peur je m’armai donc d’héroïsme et continuai ma route à pas lents : le chien me suivit. Voyant que grand était le danger, j’entrepris de me protéger en récitant un verset. Loy yékhrats kéylev leshoynoy\ murmurai-je, car on m’avait appris à dire cette conjuration si je rencontrais un chien, mais celui-ci fit semblant de ne pas connaître le verset, et il suivait chacun de mes pas ; tout à coup il ouvrit la gueule et montra des dents pointues, une langue lécheuse rose. Je fus sûr qu’il allait me saisir par le long pan de ma lévite de toile, mais il se contenta de me lécher les jambes ; ses yeux étaient pleins de soumission à mon égard, à moi le gamin juif, tout à fait comme si je n’étais pas de souche israélite. Je ne sais ce qui l’emportait alors en moi, l’amour pour le chien ou la peur que j’en avais, mais j’exposai ma vie et lui caressai le sommet du crâne : il me sauta dessus avec une telle effusion d’enthousiasme et de joie que c’est tout juste s’il ne me renversa pas. Dès lors le chien ne me quitta plus.
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