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Citation de ferns


“ Aujourd'hui, je suis archiviste au San Francisco Call. On ne peut pas dire que j'ai la tête de l'emploi. Je pivote sur ma chaise pour me regarder dans le miroir et ce n'est pas le visage d'un archiviste que je vois. Pas de front haut, pâle, lisse. On est loin de la figure calme, posée, placide d'un homme studieux. Mon front n'est pas spécialement bas, mais les rides qui le barrent sont comme des cicatrices de coups de couteau. Les deux plis que j'ai entre les sourcils me donnent sans cesse l'air renfrogné. Mes yeux ne sont ni petits ni trop rapprochés mais durs et calculateurs. Ils sont d'un bleu sans chaleur. Mon nez n'est ni long ni pointu, pourtant c'est un nez inquisiteur. Ma bouche est large ; l'un des coins est plus haut que l'autre, ce qui donne l'impression que je souris tout le temps. Je ne suis pas renfrogné, je ne souris pas. Quelque chose dans mon visage fait que les gens hésitent toujours à me demander le chemin de l'église. Je n'ai pas le souvenir qu'une femme, jeune ou vieille, m'ait jamais abordé dans la rue parce qu'elle était perdue. A la rigueur, il peut arriver qu'un poivrot titube jusqu'à moi pour savoir comment rejoindre "le carrefour d'la 29e et d'Mission". Si je fixe le miroir assez longtemps en me concentrant, mon vieux visage disparaît et un autre surgit, celui d'un écolier : radieux, lumineux, innocent. Je vois une tignasse blonde, des yeux bleus et, déjà un nez inquisiteur. Je me trouve devant une entrée imposante, celle d'un pensionnat. J'ai quatorze ans et après trois années chez les soeurs je m'apprête à retourner chez mon père, avant de partir pour une école réservée aux "grands".
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