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4.23/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Besançon , 1936
Mort(e) à : Rome , le 3 sept 2014
Biographie :

Jacqueline Risset est une poétesse française née en 1936 à Besançon. Elle est également critique littéraire, traductrice et universitaire, en particulier spécialiste de Dante et auteur d'une traduction de référence de La Divine Comédie.

De 1967 à 1982, elle a été membre du comité de rédaction de la revue Tel Quel. Ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, elle est professeur de littérature française à l'Université La Sapienza à Rome.

Source : Wikipédia
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Vidéo de

Jacqueline RISSET — Au fil musical de 7 passages dans la vie d'une femme (France Musique, 2000) L'émission "Les imaginaires", par Jean-Michel Damian, diffusée le 20 mai 2000 sur France Musique. Invitée : la poétesse en personne.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
La "monarchie temporelle", c'est à dire dans la perspective de Dante, un "principat unique" sur la planète, est nécessaire à l'humanité. Car l'humanité ne peut réaliser sa propre fin, qui est le bonheur et l'harmonieux développement de toutes ses composantes, sans un état de paix universelle. Mais cette paix universelle (qui est donc, aussi, la condition de la philosophie) ne peut advenir tant que des pouvoirs différents se partagent la terre. Il faut donc un empire unique, qui, n'étant en lutte avec personne et n'ayant rien à ajouter à son propre pouvoir, sera seul capable de garantir l'état de paix complète et véritable.
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En fait l'obscurité et la difficulté de Dante pourraient être formulées ainsi : texte trop vaste, trop claire - mais clair dans un sens actif, et jusqu'à l'extrême limite : lumineux, éblouissant, aveuglant. En d'autres termes, un tel texte ne saurait être réduit à une interprétation, parce qu'il est lui-même mouvement d'interprétation incessant, au plus près - le plus au fait - des mécanismes derniers de déchiffrement.
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Aucune oeuvre sans doute autant que celle de Dante ne donne l'impression d'un secret qui échappe. Cette impression naît de la lecture même, qui avance constamment dans la surprise conceptuelle et l'émotion linguistique vers un but constamment déporté, d'autant plus mystérieux qu'il est clairement énoncé et apparemment défini dans un code religieux et historique précis, rigoureusement établi et minutieusement respecté par l'auteur.
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Sept ans plus tard - les conflits ont recommencé de plus belle -, les Grands (guelfes), "reposés des guerres du dehors avec victoires et honneurs et engraissés sur les biens des Gibelins bannis", se sont mis à lutter entre eux ; l'esprit de faction s'engendre en spirale sur lui-mêmes, de secrètes alliances se concluent avec les Gibelins en exil...
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A mesure que Florence l'excluait, l'empêchant de faire pour elle ce qui l'aurait peut-être sauvée, jusqu'à le condamner à mourir par le feu, et tandis que sa vie se poursuivait douloureusement hors d'elle, il comprenait qu'il pourrait faire quelque chose de plus grand, qui resterait au-delà de la stupide et sauvage situation historique, au-delà de lui-même, isolé et mortel : un poème-monument, dont le premier projet - le triomphe de Béatrice au Paradis - serait le couronnement. Mais pour arriver jusque-là, il lui faudrait passer par tous les points du royaume de la mort rencontrés dans la vie. Il lui faudrait un voyage, comme celui d'Enée ou d'Ulysse.
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En réalité, et c'est là une distinction familière à la culture scolastique de Dante, la latin est plus noble en acte (il dispose d'une riche, et haute littérature, la littérature antique), le vulgaire est plus noble potentiellement : il faut donc écrire en langue vulgaire, pour que cette noblesse potentielle s'actualise, en se réalisant dans des textes nouveaux.
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En définitive, à quoi écrire sert-il, sinon à vivre ? Toutes les pénibles élucubrations sur “écrire ou vivre” – écrire comme renoncement à la vie – sur “la chambre aux murs de liège” – avec attendrissement : “Il n'a pas vécu, le pauvre” – ne sont que pitoyables défenses d'envieux, de toute façon sans importance. Mais ici, la chose est dite. C'est elle qu'il faut comprendre et suivre.
Et si on l'écoute, on comprend par exemple pourquoi un amour bizarre, très bref et apparemment sans aucun événement, peut produire une quantité de souffrances et d'interrogations disproportionnées avec ce qu'on appelle les faits : une conversation dans l'après-midi, un baiser sur le seuil, quelques messages tendres brusquement interrompus. D'où : souffrance, silence et ressassement, retour sur l'incompréhensible. Mais ce n'est pas la bonne manière ; ce n'est pas non plus la vraie matière. La vraie, c'est partir du “Zut que c'est beau” – comme aussi du “Zut que ça fait mal”, dès qu'il arrive.
Si nous ne faisons pas cet effort, nous perdons à tout moment notre vie, nous n'en gardons rien. De l'impression forte, de ces minutes oubliées il ne nous reste que leur substitut irréel, disqualifié, et quand nous voulons nous reporter à l'impression, c'est à lui, au disqualifié, que nous nous reportons. Résumé de la vie qui n'est pas la vie. Paresse : la grande ennemie ? Pourtant c'est elle qui, sans en avoir l'air, va le plus profond : elle laisse la place, laisse l'espace (…).
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Jacqueline Risset
Depuis Dante, la passion politique habite les écrivains italiens. Devant la dégradation de la culture et son asservissement par un pouvoir médiatique étendu, ils remplissent leurs fonctions d’éveil et de révolte.

Oui, peut-être le temps vient-il maintenant de dénoncer la subordination, l’attitude asservie, avec quoi la vie humaine est incompatible... Il importe, je crois, de définir ce que met en jeu la littérature, qui ne peut être réduite à un maître. NON SERVIAM est, dit-on, la devise du démon. En ce cas la littérature est diabolique. En 1950, dans Botteghe Oscure, la revue internationale que Marguerite Caetani avait fondée à Rome, après Commerce, à Paris, Georges Bataille publie la flamboyante Lettre à René Char sur les incompatibilités de l’écrivain, où il en vient à poser ceci : « L’incompatibilité de la littérature et de l’engagement, qui oblige, est précisément celle de contraires. »

En effet, si la liberté est l’essence de la littérature, elle exclut l’engagement comme prédétermination, comme programme, comme mot d’ordre au nom d’une cause qu’on approuve. Mais, comme activité naissant d’une liberté fondamentale, elle exclut aussi la soumission passive aux régimes où s’observe une réduction de la démocratie, aux régimes totalitaires, tendant comme tels à asservir la littérature, perpétuel repaire de pensées irréductibles. Il est normal, et même inévitable, que les écrivains et les intellectuels se rebellent, là où la liberté se trouve menacée. Ainsi, en 1935, André Breton et Georges Bataille, brouillés depuis 1930, s’étaient retrouvés pour mener une action commune contre la montée du fascisme en France : ils fondent alors le mouvement Contre-Attaque, rédigent des tracts et les distribuent ensemble dans la rue à Paris. Un tel type d’action impétueuse, qui n’a pas à être choisie, qui ne répond pas à un programme imposé du dehors, surgit de ce que Maurice Blanchot, dans un texte récent, appelle « injonction » : action et littérature ne sont plus alors « incompatibles ».

Le gouvernement italien d’aujourd’hui, appuyé qu’il est sur un pouvoir médiatique si étendu qu’il permet de contrôler tous les autres pouvoirs, et sur une majorité à toute épreuve, à la fois à la Chambre et au Sénat, commence à se révéler comme un système de propagande et donc d’asservissement des écrivains et des intellectuels, et de la culture en général. L’un des plus récents symptômes en est la révocation annoncée dans les derniers jours de plusieurs directeurs d’instituts culturels à l’étranger (Londres, Paris, Berlin, Bruxelles). Et partout, on le voit à de nombreux symptômes, la barbarie menace. « Il est impressionnant pour un citoyen élevé dans un Etat de droit d’assister à la dégradation de la culture et de la politique, à la chute du langage, et même des gestes de la culture. Une telle déqualification occulte l’image du pays, humilie les caractéristiques qui ont distingué l’Italie sur le plan juridique, historique, et même politique. » Le grand poète Mario Luzi s’exprime ainsi dans L’Unità du 10 mars. Il poursuit : « Je comprends dès lors pourquoi beaucoup des invités au Salon international du livre de Paris se demandent s’ils doivent ou non y participer. » Qu’il participe, mais qu’il parle !

Et en effet, au moment même où la société civile italienne, ébranlée par l’intervention inspirée de Nanni Moretti et par la constitution du mouvement des professeurs de Florence (qui s’étend progressivement à tout le pays), se réveille du sommeil léthargique qui a suivi l’élection de Berlusconi en mai 2001, réanimant les partis de gauche en état de choc, il serait paradoxal que les écrivains appelés à parler dans un lieu d’échanges européen se limitent pour leur part à causer aimablement de leurs propres écrits, sans percevoir que les lecteurs qui s’intéressent depuis longtemps à la littérature italienne attendent d’eux, aujourd’hui, quelque chose de plus : une lecture lucide, profonde, politique de la situation de leur pays, qui touche directement l’Europe entière.

Par ailleurs, les grands écrivains italiens nous ont habitués à ce type de lecture - qui est déchiffrement et rébellion tout à la fois. Déjà Dante, en qui la passion politique était aussi puissante que l’amour de la poésie et que la tension métaphysique... L’homme est pour lui, reprenant la formule magnifique d’Aristote, « animal compagnon », et le péché le plus grave, le plus gravement puni en Enfer est la trahison, destructrice du lien social. L’invective - à ses concitoyens, à Florence, à l’Italie ( « Ahi serva Italia, di dolore ostello... » ) - a pour fonction de réveiller ses lecteurs, ses concitoyens, car la Divine Comédie est oeuvre terrestre, et l’un de ses grands buts est celui d’aider à l’installation de la paix sur la terre, grâce à la séparation des pouvoirs — Pape et Empereur ont chacun leur royaume, sans hiérarchie aucune (le livre où il l’écrit, le De Monarchia, sera brûlé par l’Eglise).

Quant au grand roman de la littérature italienne, I Promessi Sposi (Les Fiancés), il fait surgir, grâce à une méthode qui rappelle à la fois Voltaire et l’Ecole des Annales, l’histoire secrète d’un siècle, celle que les historiens négligent d’habitude. Il s’agit de l’histoire du XVIIe siècle, mais Manzoni déchiffre du même coup celle du XIXe, qui est le sien, et encore celle du XXe - détectant dans l’histoire d’Italie la part d’ombre, « l’ombre du mal » qui l’accompagne et qu’un lecteur d’aujourd’hui retrouve par exemple dans les trames secrètes, dans les affaires ténébreuses des dernières décennies. Moravia, Sciascia, Biamonti...

Au XXe siècle, le solitaire Gadda s’indigne contre la colossale bêtise du régime fasciste, et la narration est pour lui « instrument, dans l’absolu, du rachat et de la vengeance ». « J’aurais voulu être, note-t-il dans une lettre à un ami, le Robespierre de la bourgeoisie milanaise ; mais cela ne vaut pas la peine. » Cependant, dans ses nouvelles, il exerce une dérision minutieuse sur le dynamisme économique de la métropole du Nord, sur ses banquiers frauduleux, ses entrepreneurs bornés, ses hardis constructeurs de ponts qui s’écroulent. Et dans Eros et Priape il déroule une fresque au comique impitoyable : la dévotion sexuelle des foules féminines pour le Chef à la forte mâchoire. Dans son premier roman, Moravia dénonce l’ « indifférence » radicale et, quelques années plus tard, le « conformisme » qui s’emparent des âmes soumises à l’abêtissement du régime et à la lâcheté qu’elles provoquent dans les sujets asservis...

Leonardo Sciascia, pour qui la littérature est « la forme la plus absolue de la vérité », et dont l’oeuvre ne cesse de poser une série de questions qu’on peut appeler « pirandelliennes » : qu’est-ce que le réel ? où est la frontière entre mensonge et vérité ? etc., dévoile « la face ignoble d’une complexité italienne jusqu’alors souvent analysée avec complaisance ». C’est ce qu’indique Bernard Simeone, ce remarquable poète et critique disparu prématurément l’été dernier, dont vient de sortir Le Spectre de Machiavel, précieux panorama de la littérature italienne des toutes dernières années. Panorama pessimiste quant à l’idée qui se dégage, à travers les textes, de l’Italie contemporaine. Texte qui aurait pu s’intituler, écrit l’auteur dans sa préface, En des temps marqués par Sofri (c’est-à-dire par le tragique désespérant de l’absurde affaire Sofri). Des romanciers comme Vincenzo Consolo et Francesco Biamonti évoquent un crépuscule désolé, un naufrage irrémédiable. Et dans cette dernière période, la plus terrible, la plus inquiétante depuis longtemps de l’histoire italienne, c’est encore à un écrivain que l’on pense, aux analyses prophétiques de Pier Paolo Pasolini, qui annonçait, peu avant sa mort, en 1975, les futurs ravages du « nouveau pouvoir » de la consommation. « Je sais, écrivait-il, dans l’article intitulé Le Roman des massacres (14 novembre 1974), je sais parce que je suis un écrivain. »

Jacqueline Risset, Le Monde du 22.03.02.
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Qui aime qui …
Qui aime qui ?

Ainsi dans la pièce
au soleil à Paris le matin
attente
bonheur d’attente ensoleillée
silence par la fenêtre dans la cour

et tout à coup : secousse
secousse de bonheur dans l’attente
pas vif et léger

Surprise : on peut aimer un pas ?
le pas de ce toi qui s’approche vite
— doucement

qui aime ?

Qui aime qui ?
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ROMANS

Dans les romans les héros sont éveillés - ils ont des choses à faire, ils ont eux-mêmes à former et à faire gagner...Il arrive qu'on assiste à leur réveil. Ils sont parfois réveillés par des dieux, comme Ulysse, qui voit tout à coup Athéna près de son lit, plus grande pour lui qu'une femme, de façon à qu'il ne se trompe pas, même dans cet instant peu lucide.
Il arrive qu'on voie leur rêve, que l'un deux dise son rêve. Mais avoir sommeil, être fatigué, c'est plus rare. Kafka, Bataille, peu d'autres.
Bien sûr, Proust. La Recherche baigne dans le rêve. Elle sort de lui comme Vénus de la mer, et de même que le lien de Vénus avec la mer dure dans sa vie - écume, sperme et charme - de même ce livre là garde son origine tout près de lui. rêve mais pas seulement, rêve er sommeil, sommeil et veille. C'est là, dit-il, qu'on trouve, et qu'on retrouve : non seulement le temps, mais la vérité même, elle n'a pas d'autre lieu. ( "On ne peut bien décrire la vie des hommes si on ne la fait baigner dans le sommeil où elle plonge et qui, nuit après nuit, la contourne comme une presqu'île est cernée par la mer." )
Dérision gaie envers les philosophies : " Je vous dépasse en dormant, mes chères, ne sachant pas bien si je dors ou je vis, si je dors ou je pense. "
Et qu'est-ce que penser sinon laisser sortir de l'ombre les figures que l'ombre a fait naître ? - passivité et dur travail, mais travail qui ne se fait pas par volonté.
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