DANS L’INDÉFINI
Extrait 2
Trous noirs, naines blanches et géantes rouges, quasars, synapses,
cellules, molécules, électrons, bribes, flux et reflux, infimes éclats
d’une éternelle métamorphose. Mais — table, vitre, ciel ou clôture
— j’y suis, et c’est pourquoi — citrons, lampe, chêne — je suis perdu.
Le temps dessine ses images. Entre clôture et ciel s’ouvre le vert
d’un pré qu’on ne reconnaît pas. Si je pouvais, comme un oiseau
rapide, je traverserais l’espace d’un seul battement d’aile vers
l’obscure lisière de la montagne. Seul le regard m’y conduit, en
revient, tissant du corps au jour les fils d’un indicible désir.