Jacques Bellut

Clément VI a fait placer son tombeau au milieu du chœur des moines. Si le gisant en marbre est bien l’original, quoique restauré, le socle sur lequel il repose est une reconstruction faite vers 1650 par les mauristes. En effet, les huguenots s’étaient acharnés sur le tombeau du pape, l’avaient profané, avaient laissé le gisant dans un coin de l’église et complètement mutilé le mausolée gothique qu’avait sculpté Pierre Boye.
La reconstitution que l’on a pu en faire montre un so¬cle en marbre noir, sur les parois duquel figurent des personnages en albâtre dans un décor gothique. Il s’agit de membres de la famille du pape. Le gisant montre le pape, les mains jointes, serein, revêtu de tous les attributs pontificaux. Il était entouré de six anges agenouillés.
De nombreux membres de la famille du pape se feront enterrer à La Chaise-Dieu. C’est pour eux qu’ont été construits, à la fin du XIVe siècle, les deux beaux tombeaux en calcaire dans les nefs collatérales.
Au sud, on trouve celui dit « aux anges musiciens », tous ravissants. Au sommet, deux anges emportent au ciel l’âme du défunt. Il est possible que le gisant d’un évêque retrouvé plus à l’ouest soit celui du personnage enterré là.
Au nord, l’enfeu a disparu mais une fresque inachevée montre le beau dessin d’une Vierge. Les huguenots ayant détruit toutes les tombes, l’identification des personnages enterrés est controversée et la reconstitution très maladroite, par les mauristes, par réemploi de pierres d’origines différentes, peu fiable.
Les abbés étaient habituellement enterrés dans leur abbaye. Ainsi, l’abbé Hugues de Chauvigny de Blot a sa pierre tombale devant l’autel. Les abbés du XVe siècle ont souvent choisi de mourir à Chanteuges. Plus tard, ils ne résidaient plus dans l’abbaye.
Le dallage de l’abbaye montre que de nombreux seigneurs auvergnats se sont également fait enterrer ici. Le plus célèbre est Gilbert Mottier de La Fayette, compagnon de Jeanne d’Arc fait Maréchal de France par Charles VII, mort en 1463.