Comment l'humain des premiers âges n'aurait-il pas eu une vénération reconnaissante, une admiration profonde pour cet être énorme qui survivait, pas seulement à lui, mais à ses descendants. Car l'arbre vit très vieux, plus vieux qu'aucun autre être. Il existe des essences qui, dépassant le millénaire, semblent, à vue humaine, immortelles. Cet ancêtre, l'ancêtre par excellence, est aussi de tous les vivants le plus grand, le plus majestueux. Aucun animal, jamais, même parmi les géants préhistoriques disparus, n'atteignit pareille taille, pareil poids. Pour le sauvage, qui est au premier sens de ce mot l'homme de la forêt, l'arbre est véritablement la première des créatures terrestres ; pour celui-là, c'est aussi le vivant le plus proche du ciel qu'il unit à la terre, la voie qu'empruntent naturellement les dieux.