Dans cette tradition du refus pur et simple, Thomas d’Aquin est un jalon capital. Dans la Somme contre les Gentils (I, 5), il donne les arguments suivants : Mahomet a séduit en donnant des commandements qui satisfont la concupiscence des hommes charnels ; il n’apporte que des vérités faciles à saisir par un esprit ordinaire ; il y mêle des fables et des doctrines qui diminuent ce qu’il y a de vérité naturelle de son enseignement ; ses preuves reposent sur la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. Ni l’Ancien ni le Nouveau Testament ne témoignent en sa faveur ; au contraire, il les a déformés par des récits légendaires, et il interdit à ses disciples de les lire. Bref, conclut-il, « ceux qui ajoutent foi en sa parole, croient à la légère ».
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