En ce mois de septembre 1800, Napoléon Bonaparte, Premier consul, était assis dans son cabinet, devant son bureau - la réplique exacte de celui qu'il utilisait à Paris -, et parcourait les bulletins de police soigneusement cachés sous un portefeuille de maroquin rouge portant la trompeuse inscription "Gazettes étrangères". A cette heure-ci, chacun savait qu'il ne fallait à aucun prix le déranger. Ce matin-là, donc, il feuilletait une série de rapports concernant un certain Jomini et ces notes l'intriguaient. Il s'agissait d'un jeune Suisse, sans doute un de la race des Benjamin Constant ou La Harpe qui ne portaient pas le Corse dans leur cœur. Ce Jomini se vantait d'écrire un traité sur l'art de la guerre et il aurait même prévu le passage du col du Grand-Saint-Bernard.