La philosophie est de tous les temps : le mysticisme et la théosophie ont leurs époques, cela est vrai ; mais ce sont les belles époques des peuples qui en jouissent, les époques des grandeurs morales et celles des hautes idéalités.
En effet, les systèmes négatifs et l'absence de puissantes convictions, religieuses ou politiques, énervent les esprits, tandis que les fortes convictions, même erronées, ou excessives, leur donnent une trempe propre aux grands labeurs et aux sacrifices sublimes, ces vrais maîtres de la science des moeurs.
En effet, au lieu de se contenir dans de sages limites, d'y aller pas à pas et de s'attacher aux textes avec un esprit de critique raisonnable, M. de Schelling se confie d'une manière téméraire à l'art d'exploiter, au profit de ses théories, une érudition plus vaste que précise. Mais il ramène les esprits aux études religieuses avec une grande autorité, en répandant sur ces matières toutes les séductions de son génie poétique. Il est sobre dans sa théorie des anges, ces êtres dont, à l'origine, il concevait mal les attributs fournis par les textes sacrés. Une méditation plus religieuse lui en fit mieux saisir le caractère, quoiqu'il erre encore.
Le mysticisme et la théosophie, ces deux ensembles d'aspirations morales et d'idées spéculative qui forment rarement des systèmes, sont à la philosophie et à la théologie ce que la métaphysique est à la physique, c'est-à-dire qu'elles vont un peu au delà de ce qui se sait positivement. Elles le font même dans des proportions plus hardies la métaphysique ne cherche que les raisons dernières, tandis que ces deux aspirations poétiques s'élèvent avec audace jusqu'à la raison de ces raisons, jusqu'à Dieu, non pas tel qu'il se donne à connaître et aimer à tout le monde.,mais tel qu'il se donne à aimer aux mystiques et à connaître aux théosophes.
C'est l'histoire des ces rivalités que nous avons entrepris de retracer ; c'est même l'histoire de celle de toutes qui fut les plus dangereuse, car c'est celle de trente à quarante sectes qui dressèrent leurs écoles à côté des premiers temples, et, pour ainsi dire, en face du berceau du christianisme; c'est celle de vingt à trente sectes qui, sorties des rangs de la primitive église, vinrent bientôt la combattre avec les armes que leurs fournissaient et la doctrine qu'elle leur avait communiquée, et les systèmes qu'elles empruntèrent au monde ancien tout entier.
Dans d’autres circonstances, le phénomène hallucinatoire, car je crois que c’est là l’explication de ces faits étranges racontés par un homme de bonne foi, par un homme aussi profondément convaincu que Swedenborg, dans d’autres circonstances, le phénomène hallucinatoire n’est pas aussi frappant, mais la virtualité de sou'existence se présente sous une forme que l’on retrouve fréquemment chez les individus qui, ayant éprouvé des hallucinations, parlent et agissent d’après l’impression primitive que leur a laissée telle ou telle impression sensoriale.
Mais abstraction faite de ces étranges rapprochements et de cette terminologie que l'on croyait reléguée dans l'empire des fables par les lois des empereurs de Constantinople, M. de Schelling, sans être jamais d'une orthodoxie parfaite, met tout son génie philosophique à expliquer la théologie chrétienne. Il apporte même, entre le christianisme et les autres religions, cette différence fondamentale que, dans celles-ci, les faits ne sont que des mythes ou des symboles, tandis que dans celle-là, ce sont réellement des faits.
En vain cherchons-nous une appréciation moyenne entre ces deux époques de sa vie , qui nous fixe sur la valeur de cet homme extraordinaire. Ses premiers ouvrages ne sont plus assez connus aujourd’hui, et la période mystique de son existence est jugée diversement, selon que l’on a affaire à ses critiques ou à ses enthousiastes. Pour ceux-ci, il reste le fondateur de la Jérusalem nouvelle , le nouveau prophète envoyé de Dieu; pour ceux-là, il n’est qu’un imposteur ou un aliéné.
Mais Swedenborg ne pouvait douter. Il nous dit pourquoi : « Cette nuit même les yeux de mon homme intérieur furent ouverts.» Et remarquons bien la portée de ces mots. Ce n'est pas de quelque idée nouvelle ou d'un vaste ensemble d'idées qu'il y est question; c'est la modification radicale dans l'organisme de toutes facultés, de toute l'existence de Swedenborg.
Ce qui restait tout à fait obscur jusqu'ici, c'étaient les véritables origines de la doctrine de Saint-Martin, et ce qu'il était impossible d'entreprendre, c'était de faire le départ entre son enseignement propre et celui de son maître dom Martinez de Pasqualis, dont rien, pas une page, n'était connu du public.