En effet, au lieu de se contenir dans de sages limites, d'y aller pas à pas et de s'attacher aux textes avec un esprit de critique raisonnable, M. de Schelling se confie d'une manière téméraire à l'art d'exploiter, au profit de ses théories, une érudition plus vaste que précise. Mais il ramène les esprits aux études religieuses avec une grande autorité, en répandant sur ces matières toutes les séductions de son génie poétique. Il est sobre dans sa théorie des anges, ces êtres dont, à l'origine, il concevait mal les attributs fournis par les textes sacrés. Une méditation plus religieuse lui en fit mieux saisir le caractère, quoiqu'il erre encore.
Mais abstraction faite de ces étranges rapprochements et de cette terminologie que l'on croyait reléguée dans l'empire des fables par les lois des empereurs de Constantinople, M. de Schelling, sans être jamais d'une orthodoxie parfaite, met tout son génie philosophique à expliquer la théologie chrétienne. Il apporte même, entre le christianisme et les autres religions, cette différence fondamentale que, dans celles-ci, les faits ne sont que des mythes ou des symboles, tandis que dans celle-là, ce sont réellement des faits.