L'immobilisme écologique de nos décideurs politiques est une grande source de frustrations. Pour autant, on ne peut leur reprocher de préférer le greenwashing à la mise en application d'un programme de déconsommation générale et immédiate... (...)
Aucun candidat ne sera jamais élu avec un projet aussi radical, qui déboucherait probablement sur une guerre civile.
Selon moi, le traitement de choc qui s'impose ne peut être mis en place par un État démocratique (pour autant je ne crois pas en l'avènement d'un Hitler vert).
Nos dirigeants sont donc condamnés aux réformettes, au gentil mensonge de la croissance verte (pléonasme), et autres faux semblants. Alors ne perdez pas trop votre temps à manifester. Allez en priorité, vers le concret et rejoignez des associations actives (AMAP, potagers partagés, lobbies écolos ou ONG juristes, médias alternatifs, ressourceries, ateliers de réparation d'électroménager ou de construction de meubles, etc...).
En bons cartésiens, nous nous sommes crus "maîtres et possesseurs de la nature", grâce à la technique. Et nous avons oublié d'agir "de telle façon que les effets de (notre) action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre"*.
* Rapport The Limits of Growth, mis à jour depuis par Donella Meadows
Il est probable que la fin de notre monde ressemble à une lente agonie (qui a déjà débuté). Le problème : nous sommes comme une grenouille qui nage dans une eau chauffée à feu doux. On ne s'aperçoit de rien. L'eau devient tiède ? Certes, mais ça n'empêche pas de nager. L'eau est chaude ? On commence à s'inquiéter. Et au moment où l'on comprend que l'eau va bouillir... la grenouille est déjà cuite.
Moralité : les changements lents échappent généralement à notre conscience et ne suscitent aucune réaction de notre part.
Sorry, mais il n'y a pas d'échappatoire, ni de village où il fera bon vivre le collapse. Nous sommes tous de potentiels migrants climatiques, à la recherche d'un territoire plus vivable et des ressources... notamment d'eau.
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Finalement, la question à 10 milliards d'habitants n'est pas tant de savoir où s'installer pour survivre au collapse, mais si la communauté qui vous entoure est prête à gérer l'inévitable, à éviter l'ingérable et à construire le futur.
Notre mode de vie contemporain donne la priorité aux objectifs de long terme (faire carrière, rembourser le crédit...) qui oriente l'organisation de la vie quotidienne.
Le monde d'après inversera cette temporalité : nous vivrons au jour le jour, connectés aux réactions naturelles, avec, pour seule épargne, un stock de châtaignes et de conserves... tout en visant des objectifs de moyen terme, comme la cueillette d'août ou le grand marché d'avril.
SI nous sommes déjà entrés dans le dur du collapse et que vous lisez ce livre à la lueur d'une bougie, vous pouvez passer directement à la pratique, PAGE 107.
Si rien n'est encore joué, laissez-moi vous présenter mon collapsomètre-effondrographe.
Vous pouvez le photocopier et le coller sur votre frigo sous un magnet décapsuleur, afin d'en cocher les cases au fur et à mesure. Un peu comme un calendrier de l'avent-effondrement !
Actuellement, la réaction du système technico-industriel face aux crises est une recherche frénétique de solutions technologiques. Un virus ? Un vaccin ! De la délinquance ? Des caméras de surveillance ! La pollution ? Des tours de captage du CO2 !
On se désintéresse des causes profondes de ces crises. Ce ne sont que des "besoins", auxquels le marché offre une "solution"... qui, elle-même, provoquera de nouveaux problèmes.
Problème : le passage rapide d'une société techno-industrielle à une société conviviale est impossible. La convivialité exige un apprentissage, des expérimentations. C'est une société du temps long.
Il est donc urgent de retrouver et de réapprendre les gestes oubliées, mais aussi de changer notre état d'esprit, pour passer d'une logique de production à une logique de création.
Nous sommes à la fin de la civilisation industrielle telle qu'on la connaît. Mais, tant qu'il sera possible de s'offrir un week-end pô cher à Barcelone en EasyJet, la majorité de la population continuera d'en profiter.
Le cerveau d'homo sapiens est ainsi fait : tant qu'il ne voit pas la mort en face, il ne réagit pas. Il ne parvient pas à toucher du doigt sa propre finitude.
"Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. C'est même de cette façon que cela s'est toujours produit". écrivait l'anthropologue Margaret Mead. Ce petit groupe, chers lecteurs, c'est vous ! (Mais ce n'est pas une raison pour commencer à vous la péter !)