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Critiques de Jason A. Hurley (10)
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The Beauty, tome 6

Du début à la fin

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Ce tome fait suite à The beauty, tome 5 (épisodes 22 à 26) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 27 à 30, initialement parus en 2019-2021, coécrits par Jeremy Haun & Jason A. Hurley. Les épisodes 27 à 29 ont été dessinés et encré par Thomas Nachlik avec une mise en couleur réalisée par Nayoung Kim. L'épisode 30 a été dessiné et encré par Matthew Dow Smith pour la première partie, et par Jeremy Haun & Danny Luckert pour la seconde, avec une mise en couleurs de Brett Weldele. Les couvertures principales ont été réalisées par Jeremy Haun & Nick Filardi, ainsi qu'une variante. Les autres couvertures variantes ont été réalisées par Adam Gorham & Hilary Jenkins, Thomas Nachlik & Nick Filardi, Greg Hinkle. Le tome se termine avec une histoire supplémentaire écrite par Angela Enos & Joel Enos, dessinée par Lee Ferguson, et par une postface d'une page écrite par les coscénaristes.



Chapitre 27 : Jess & Joe sont en train d'aménager dans un grand appartement et ils s'apprêtent à sortir pour se rendre à une soirée. Elle l'aide à retrouver sa deuxième chaussure. Elle ajoute qu'elle peut prendre le métro, mais qu'il lui faudra prendre un gobelet de café sur le chemin. En descendant dans la station, Joe lui apprend que sa mère va venir passer quelques jours chez eux dans quelques semaines, si ça lui va. Elle amènera son chien comme d'habitude. Ils s'assoient dans la rame de métro, en face d'une jeune femme.



Il faut un peu de temps au lecteur pour comprendre quand se situe l'action. Les scénaristes sont partisans de montrer plutôt que d'expliquer : la scène dans le métro établit que ces histoires (à l'exception de la dernière) se déroulent au tout début de la propagation de l'épidémie de Beauté, avec qu'elle ne soit devenue une pandémie. Dans ce numéro, le principe est de confronter des individus normaux à ce phénomène, cette maladie sexuellement transmissible qui transforme les individus en être d'une beauté extraordinaire, tout en faisant peser sur eux la possibilité d'une consomption intérieure fatale, réduisant d'autant leur espérance de vie. Le lecteur éprouve rapidement de l'empathie pour ce jeune couple qui fait des projets d'avenir, venant d'emménager ensemble, et la femme attendant un enfant. La narration visuelle se situe dans le registre descriptif détaillé et réaliste. De la première à la dernière page, le lecteur éprouve un grand plaisir à prendre son temps pour regarde les décors : la grande pièce de l'appartement du couple avec son plancher, ses poutres apparentes, la longue table en bois. Il peut ensuite admirer la façade avec la texture de la pierre, les plaques de béton formant le revêtement du trottoir, l'escalier pour descendre dans la station, les portillons, le quai, l'intérieur de la rame, le bureau professionnel de Joe, l'appartement du couple homosexuel de leurs amies, etc. Il peut se projeter dans chaque lieu, comme s'il y vivait à côté d'eux.



Ce choix de représentation très réaliste apporte une grande plausibilité aux personnages, une grande proximité avec eux pour le lecteur. Les scénaristes montrent progressivement la relation entre les deux conjoints, dans la manière dont ils font des choses ensemble, dont ils se montrent prévenants l'un envers l'autre, dont ils interagissent avec leurs amis, dont ils partagent leurs inquiétudes. Il ressent pleinement leur incompréhension, leur effroi, face à ce qui arrive à la magnifique jeune femme assise sur la banquette en face d'eux dans la rame de métro. Il rentre dans leur quotidien, dans leur intimité émotionnelle et il ressent pleinement l'impact qu'à sur eux les informations progressivement plus consistantes et fiables sur la pandémie de la Beauté. Une belle réussite.



Chapitre 28 : Gerald est un acteur qui va d'audition en audition sans rien décrocher. Il y rencontre d'autres acteurs dont certains qu'il connaît et avec qui il discute. Il tousse régulièrement, mais ne dispose pas de quoi se payer une visite chez le médecin. Il rentre chez lui avec les courses et trouve un courrier du propriétaire lui rappelant qu'il est en retard de deux mois sur le loyer, et qu'il va le mettre à la porte s'il n'a pas payé d'ici à la fin de la semaine. Il appelle son agent pour savoir s'il a quelque chose à lui proposer, tout en ramassant les crottes de son chien en même temps. Le soir, il va manger avec sa tante.



La Beauté continue de se propager, et cette fois-ci l'effet en est perçu par le regard d'un comédien qui n'arrive pas à décrocher un rôle, qui a besoin d'un cachet rapidement pour payer son logement. Le lecteur retrouve les mêmes qualités de la narration visuelle : factuelle et très précise, avec un niveau descriptif donnant la sensation de pouvoir tout regarder à loisir. Les environnements ne sont pas identiques à ceux du premier récit : l'appartement bon marché de Gerald avec une piscine commune, le restaurant haut de gamme dans lequel sa tante l'a invité, les salles d'audition, l'appartement luxueux d'un couple. La mise en scène et la direction d'acteur de l'artiste sont à la hauteur des besoins du scénario : une bonne expressivité de Gerald pendant ses auditions, un langage corporel expressif sans être appuyé. Le lecteur ressent la nécessité de séduire pour plaire aux responsables des auditions, le moment difficile de l'attente d'une réponse, du doute quant à son talent quand il essuie une réponse négative après l'autre. Le lecteur sourit en voyant Gerald échanger des expériences d'audition et de refus avec un autre acteur, alors qu'ils sont tous les deux chasseurs dans un hôtel de luxe pour pouvoir manger. Il partage son anxiété de la performance quand il loue ses services à un couple âgé souhaitant pimenter leur vie sexuelle avec un plan à trois. Là aussi, il ressent tout l'impact de la contamination qui vient réduire à néant les plans d'avenir.



Chapitre 29 et 30a : Bonita et Timo sont en train d'attendre leur burger dans un diner. Il lui raconte le dernier vol qu'il a commis avec un pote : une petite caisse dans un camion blindée. Il s'agissait d'une énorme truffe. Ils savent l'un et l'autre que leur prochain coup, un assassinat, leur permettra de se mettre au vert pour la fin de leurs jours. Ils discutent pour savoir qui souhaite aller dans quel endroit ensoleillé avec une plage et du sable. Pourquoi pas Cuba ? Ils ont marché et sont arrivés à leur destination. Ils pénètrent dans un grand immeuble de bureaux avec des gardes à la banque d'accueil. Ceux-ci les identifient immédiatement grâce aux caméras et au logiciel de reconnaissance. Ils se lèvent et l'un d'eux porte sa main à son pistolet malgré l'avertissement de Timo. Bonita est plus rapide : elle a déjà dégainé et elle abat les deux gardes sans aucune hésitation.



Un couple d'assassins professionnels : cette histoire se démarque des deux précédentes plus naturalistes. La première page, toujours par Thomas Nachlik constitue un zoom avant sur un immeuble depuis une vue du ciel, jusqu'au trottoir, avec un luxe de détails et de précisions extraordinaire. À nouveau le lecteur se projette dans chaque lieu, chaque environnement aux côtés des personnages. Il se trouve également à leurs côtés alors qu'ils progressent dans l'immeuble de bureau jusqu'à la pièce où doit se trouver leur cible, dans une avancée tendue et réaliste à couper le souffle. Il regrette un peu qu'un autre dessinateur prenne la main pour la deuxième partie : des traits de contours moins minutieux, un degré descriptif moins précis, mais une narration visuelle vivante. Comme ils ont pu de le faire dans de précédents épisodes, les coscénaristes racontent un thriller violent, avec un élément surnaturel qui reste en arrière-plan, celui de la pandémie de Beauté. Ils savent faire s'exprimer la personnalité de Bonita et Timo, et ils racontent leur thriller avec une tension narrative de très bonne facture. Le lecteur prendre à nouveau un grand plaisir à cette histoire rondement menée, avec des protagonistes substantiels.



Chapitre 30b : Foster appelle Vaughn pour lui donner de ses nouvelles, de lui et de son épouse Jana. Ils continuent leur tour de la côte en bateau et ont décidé de s'arrêter quelques jours à Puerto Jiménez, de boire des cocktails sur la plage. De son côté, Vaughn a déménagé pour un appartement plus sympathique et elle prend son petit-déjeuner à base de céréales. Jana lui envoie une photographie de la côte : Vaughn l'imprime et la punaise à côté des précédentes. Il y a quelque temps, elle et Foster étaient sur un cas. Ils prenaient une pause pour déjeuner dehors, assis sur le capot de leur voiture. Elle était toujours aussi mal à l'aise pour les platitudes de la conversation. Ils avaient été interrompus par la sonnerie du téléphone de Vaughn : un meurtre, une épouse ayant étouffé son mari avec un sac en plastique.



C'est donc la dernière histoire, et c'est Jeremy Haun lui-même qui se charge de la mise en images. Celle-ci ont une délicatesse touchante apportant une forme de fragilité aux personnages, en cohérence avec le récit. Le degré de détails dans la description est inférieur à celui de Nachlik, mais les personnages sont plus émouvants. L'histoire se déroule une fois la pandémie bien installée, avec la perspective de sa fin. Le lecteur retrouve eux personnages qui ont déjà eu droit à des histoires précédemment. Il voit évoluer la relation entre les deux inspecteurs de police Foster & Vaughn, chacun évoluant en cohérence avec ce que le lecteur sait déjà d'eux. Les coscénaristes mettent à profit la pandémie de Beauté pour en faire un élément particulier d'une histoire de meurtre, avec un individu souffrant de la maladie d'Alzheimer, une histoire touchante et macabre à la fois, un drame poignant.



Même s'il a un peu perdu de vue la série depuis le tome précédent, le lecteur a tout intérêt à se plonger dans ce dernier tome, pour l'excellence de la narration visuelle, les intrigues, et les épreuves affrontées par des personnages très humains.
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The beauty, tome 1

Une nouvelle MST a vu le jour, infection qui rend les gens physiquement quasi parfaits. Et dans notre monde où on porte la beauté et l’apparence aux nues, hommes et femmes multiplient alors les relations sexuelles afin d’être « sublimés » à leur tour. Or, personne ne connaît encore les effets secondaires à long terme de cette maladie. Quand -enfin- ils se manifestent violemment, il va falloir trouver rapidement un vaccin. Mais cette solution ne plait bien évidemment pas aux investisseurs et politiques qui se cachent derrière l’industrie pharmaceutique. Deux flics vont payer le prix fort pour avoir osé enquêter...

J’ai été immédiatement immergée dans ce récit à la narration bien rythmée et mélangeant avec adresse polar anticipatif et critique sociale.

Moins séduite, par contre, par le graphisme un peu trop uniformisé de Jérémy Haun. Ce qui ne m’empêche pas d’espérer de voir paraître bientôt le deuxième tome en VF.
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The beauty, tome 5

Ce tome fait suite à The Beauty Volume 4 (épisodes 17 à 2) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 22 à 26, initialement parus en 2018, coécrits par Jeremy Haun & Jason A. Hurley, dessinés et encrés par Thomas Nachlik, avec une mise en couleurs réalisée par Nayoung Kim. Il comprend les 5 couvertures réalisées par Jeremy Haun, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Evan Waldinger, Kevin Mellon, Thomas Nachlik, Andy MacDonald, Danielle Otrakji.



Sur la scène d'un théâtre dans une banlieue enneigée, Val est en train d'expliquer à un individu ligoté sur une chaise qu'enfant, il était moche, qu'un jour harcelé par un grand il lui est rentré dedans et lui a éclaté le crâne avec une pierre. Depuis ce jour-là, il ne supporte plus la vue du sang, c'est la raison pour laquelle ce sont 2 de ses hommes de main qui sont en train de le tabasser. Le type salement amoché finit par avouer qu'il a parlé, qu'il a donné des informations à deux individus qui se sont mis en tête d'éliminer des chefs du crime organisé. Il lui confirme que le prochain sur la liste de Ezerae & Timo est Val lui-même. Val claque des doigts, et un des deux types loge une balle dans le crâne de l'indic. Val exige que les 2 hommes de main s'essuient bien avant de monter dans sa voiture pour qu'ils n'y mettent pas de sang. Tout en conduisant, il leur explique qu'il est hors de question pour lui de vivre en reclus, mais qu'il va augmenter son nombre de gardes du corps pour éviter de se faire tuer par les 2 assassins. Alors qu'il téléphone toujours en conduisant, la voiture est percutée par un poids-lourd. Elle fait un tonneau et termine sa course sur le toit derrière le rail de sécurité. Un des 2 hommes de main sort indemne de la voiture et est abattu d'une balle dans la tête.



L'accident a été provoqué par Ezerae & Timo. Ils sont sortis de la cabine du camion et s'approchent de la voiture, Ezerae avec un pistolet encore fumant dans la main. Ils sortent Val de la voiture et lui expliquent de quoi ils se vengent. C'est autour de Timo de tuer Val. Il sort son couteau de son manteau et se met à l'œuvre. Une fois la sale besogne terminée, ils se rendent au théâtre où ils trouvent le cadavre de leur informateur. Ils comprennent qu'ils vont devoir se débrouiller par eux-mêmes pour la suite. Ils rentrent dans leur maison et ils discutent de ce qu'ils vont faire après, une fois que tout sera fini. Timo se dit qu'il irait bien se la couler douce dans un pays chaud. Il demande à Ezerae si elle l'accompagnerait car il ne se voit pas se faire d'autres amis. Ailleurs Jimmy, un autre chef d'organisation, est en train de s'entraîner. Un de ses sous-fifres vient l'avertir de la mort de Val. Jimmy décide de contacter Bianchi pour s'occuper de cette histoire et mettre fin à leurs agissements. À leur bureau, les inspecteurs Kara Vaughn et Drew Foster désespèrent un peu des cas qui arrivent sur leur bureau (le dernier une affaire de vol à l'étalage), tout ça uniquement parce qu'ils sont commis par des individus infectés par le virus de la beauté. Ils sont sortis de leur discussion par un appel de la morgue : 7 corps de jeunes femmes carbonisés, toutes porteuses du virus.



Avec les tomes précédents, le lecteur a bien compris que les coscénaristes envisagent leur série comme une forme d'anthologie, c’est-à-dire impliquant des personnes différentes, avec comme lien thématique ce virus de la Beauté qui rend les gens beaux. Il ne s'étonne donc pas que ce ne soit pas la suite de l'histoire précédente, et que le récit reviennent aux 2 enquêteurs présentés dans le premier tome : Kara Vaughn & Drew Foster, présents la fois précédente dans The Beauty Volume 3 (épisodes 12 à 16), et apparus pour la première fois dans le premier tome. En fait, ils n'apparaissent pas tout de suite, les 2 premiers épisodes étant consacrés au duo de tueurs Ezerea & Timo, apparus pour la première fois dans le tome 2 (épisode 7 pour Timo, épisodes 8 à 10 pour Ezerae). Haun & Hurley prennent le lecteur au dépourvu avec un récit se déroulant dans le milieu du crime organisé, avec une dynamique de vengeance. S'il n'a pas lu les tomes précédents, il ne perd rien de l'intrigue, car les coscénaristes privilégient l'action. Le lecteur se retrouve également surpris par le rythme soutenu de la narration, les pages se tournant rapidement. Finalement il s'agit d'une histoire assez simple : Ezerae et Timo souhaitent se venger, et les 2 inspecteurs se retrouvent sur leur chemin. Ils doivent faire équipe à contrecœur, de manière temporaire. Une fois les différents personnages placés dans la première moitié du tome, il s'en suit une suite d'affrontements entre les différentes factions.



Pour illustrer ce polar à la structure linéaire, le lecteur retrouve le même dessinateur que pour le tome précédent. Thomas Nachlik dessine dans un registre descriptif et réaliste. Le tome se termine avec 4 exemples de construction de page, à différents stades de réalisation, montrant que l'artiste utilise un logiciel de modélisation pour préinstaller les éléments de chaque case. Cela lui permet d'implanter les bâtiments, et surtout de structurer ses perspectives, et de conserver une cohérence parfaite du point de vue d'une case, à un autre point de vue dans une case suivante. Le recours à ce type de logiciel permet également au dessinateur de changer l'angle de vue dans une case, jusqu'à choisir celui qui lui semble le plus clair ou le plus dramatique, sans avoir à tout redessiner. Effectivement le lecteur apprécie la précision des traits pour les contours des éléments de décors, que ce soit les vues extérieures des bâtiments, ou la description des intérieurs. Le plancher de la scène du théâtre est impeccable. Il ne manque pas un seul container sur les porte-containers du port. Les entrepôts présentent des formes géométriques reflétant leur nature de bâtiments fonctionnels et techniques. Les façades des immeubles dans la rue donnent une impression de précision photographique.



Bien sûr l'inconvénient de ce type de logiciel est que les cases semblent un peu froides, un peu trop cliniques. Nachlik a choisi de représenter ses personnages dans un registre très similaire, souvent avec des traits de contour très fins, tranchant comme un rasoir. Néanmoins le dessinateur donne des apparences différenciées à chaque personnage, tout en restant dans un registre naturaliste, avec des tenues vestimentaires différenciées et adaptées aux conditions climatiques et à l'occupation du personnage. Il s'agit d'une histoire violente où des vies sont en jeu ce qui fait que les personnages ne sourient quasiment jamais, mais Nachlik sait croquer des expressions de visages variées, allant de la tranquillité pendant les moments de calme, à une forte tension pendant les scènes d'affrontement. Lorsque la violence apparaît, elle est également représentée de manière naturaliste, sans tentation de la rendre romantique ou esthétique. Les individus en présence sont des professionnels et ils ne perdent pas leur temps à prendre la pose. Il apparaît alors une autre des limites de l'utilisation de la modélisation 3D. Elle permet de réaliser des descriptions de lieu sophistiquées, mais les trajectoires de balle sont représentées par des traits propres et très géométriques, donnant une impression artificielle qui fait chuter la tension dramatique. D'un côté, ça correspond bien à la froideur dépassionnée des professionnels ; de l'autre côté ça peut évoquer un schéma plus qu'un dessin vivant. Mis à part ces moments un peu artificiels, le lecteur conserve plusieurs images en mémoire de ces épisodes : le poids-lourd heurtant la voiture, l'arsenal étalé sur la table de salon de Ezerae et Timo, le combat à main nue entre Timo et Jimmy, la morgue, la dégustation de tacos, ou encore l'affrontement se déroulant durant la majeure partie du dernier épisode, et la très belle chute en arrière-plan de l'avant-dernière page.



À la lecture, il s'avère que malgré leur rigidité rectiligne, les dessins assurent un bon niveau d'immersion grâce à leur degré de précision et la clarté des séquences de prises de vue. Le lecteur s'aperçoit qu'il retient également des moments inattendus dans le récit : l'idée de la dégustation de tacos, les hésitations à faire des cadeaux de Noël, les bijoux de famille de monsieur Mutti, ou encore la nature du trafic. Il se fait la réflexion en cours de route que les coscénaristes n'ont plus l'air de s'intéresser tant que ça à la Beauté, le virus qui donne son nom à la série, quand même. Effectivement quelques-uns des personnages bénéficient des avantages engendrés par les effets secondaires du virus, mais sans que cela ne les différencient énormément de ceux restés normaux. Réciproquement, les motivations des individus restés humains ne semblent pas différentes de ceux affectés par la Beauté. Évidemment, une partie des personnages ont été transformés par les circonstances dans lesquelles ils ont contracté la Beauté, mais elles ne sont pas rappelées dans ce tome. C'est un peu déconcertant en y repensant après coup, même si ça n'obère en rien le plaisir de lecture de ce polar.



Le lecteur revient avec plaisir à cette série, souvent originale, faisant en sorte de ne jamais se répéter, avec un contexte (celui du virus de la Beauté) assez lâche pour parfois donner l'impression qu'il n'a aucune incidence sur le récit. Ce cinquième tome propose une histoire de vengeance, sous forme de règlement de compte entre truands, avec 2 policiers impliqués malgré eux dans ces affrontements. Cela donne une lecture rapide et immersive, un bon polar auquel il manque un peu de souplesse dans les dessins, et de thème autre que celui de tuer celui qui a nui.
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The beauty, tome 1

The Beauty a une couverture qui recèle une terrible ironie par rapport à son titre. La couverture a une sorte de beauté démoniaque et effrayante.



Le concept de la beauté a fait parler de tout temps, surtout dans notre société fondée sur les apparences. Une personne belle a de meilleures chances, le regard se retourne sur elle, on lui fait passer plus de choses, etc.

C’est tellement important que des gens font des opérations chirurgicales pour la conserver, prennent des médicaments, or les deux restent risquer. Il y en a toujours un. On a parlé de fontaine de jouvence, de boire le sang d’une vierge, etc.



Alors ici, l’histoire est diablement bien pensée et tellement intéressante. Un virus appelé The Beauty qui vous donne la beauté, fait fondre la graisse, enlève les bourrelets, vous modèle tel que vous ressemblerez à un mannequin. Un virus que les gens quelque part rêvent d’attraper.

C’est une MST (maladie sexuellement transmissible), pour l’avoir il suffit d’avoir des relations sexuelles avec quelqu’un qui l’a, et ensuite vous ne vous reconnaîtrait plus dans le miroir, vous aurez cette chose tant désirée : la beauté. Seulement, cela reste un virus, une maladie, et donc quelque chose de potentiellement dangereux. Le prix est aujourd’hui faible mais gênant. Seulement restera-t-il toujours à ce stade ? Quel est-il ?



Cela fait 2 ans qu’elle est entrée dans le monde et près de la moitié de la population l’a. Il est du coup aussi question de réussir à résister à la pression, l’envie en voyant les autres.



Quand une jeune femme meurt d’une atroce façon dans le métro, alors qu’elle avait le Beauty, les foules de déchaînent. Est-ce un attentat terroriste des Anti-Beauty qui cherchent à soulever les consciences, ou est-ce un effet diabolique du virus et une véritable bombe à retardement ?

Des inspecteurs prennent en charge l’enquête, et politiquement il ne faut pas affoler la foule, et surtout ne pas dire que cela pourrait être le virus. L’enquête est intéressante, nous tremblons, nous nous posons des questions, nous avançons avec eux, ces gens restent aussi terriblement humains sur certains aspects qu’on voit au travail voire même dans leur sphère privée. Comme pour la cité des esclaves (manga de Casterman), il reste un risque de l’attraper sans être au courant. La nuit, tous les loups sont gris.



Non seulement, l’histoire est très intéressante et prenante, mais en plus les personnages aussi, et c’est très bien mené. Le graphisme est lui aussi très agréable. Un comics à ne pas louper, la seule frustration est de ne pas avoir la suite sous la main.
Lien : https://lesvoyagesdely.wordp..
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The beauty, tome 1

Excellent pitch très original que celui de Beauty! Dans un futur proche un virus sexuellement transmissible contamine une bonne partie de la population, provoquant un effet étonnant: les corps rajeunissent, les traits s'affinent... les malades deviennent beaux! Dans ce contexte, un duo de flics de la section spéciale de la police chargée des affaires autour du Beauty enquête sur des décès par combustion spontanée de malades. Très vite ils constatent une conspiration au plus haut niveau, alors que leu vie privée se retrouve perturbée...



Ce premier tome est vraiment bon, alliant enquête de police, conspiration politico-pharmaceutique et action débridée. Graphiquement c'est très correcte même si la colorisation informatique classique de beaucoup de comics aplatit un peu la qualité du trait. Au-delà de l'intrigue efficace j'aime beaucoup ce qu'apportent les différents effets indésirables du Beauty sur la psychologie des personnages et sur les ambitions personnelles. Série à suivre.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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The beauty, tome 1

Il s'agit du premier tome d'une nouvelle série, indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2016, coécrits par Jeremy Haun & Jason A. Hurley, dessinés et encrés par Haun, avec une mise en couleurs de John Rauch. Il commence par une introduction d'une page de Scott Snyder qui en dit tout le bien qu'il pense.



Il y a 2 ans, une nouvelle maladie sexuellement transmissible est apparue sur Terre. Le symptôme est qu'elle transforme l'individu infecté en un modèle de beauté, grand élancé, musclé pour les hommes (mais sans excès), avec des rondeurs bien placées pour les femmes (sans aller jusqu'à des tailles de bonnets exagérées), avec une peau discrètement plus satinée et brillante. Aujourd'hui, une femme affectée par ce virus appelé la Beauté entre en combustion spontanée dans une rame de métro. L'affaire est confiée à 2 inspecteurs de police : Kara Vaughn (elle-même affectée par le virus Beauté) et Drew Foster. Le matin, ce dernier explique à sa femme Janna qu'il doit partir pour ce cas. Après un temps consacré à l'investigation, ils sont interrompus par l'agent Brandon du CDC (Center for Disease Control) qui les dessaisit de l'affaire car elle s'avère d'importance nationale.



De retour au commissariat, Vaughn et Foster sont affectés sur un autre dossier : interpeller Eddie Bennett, l'un des principaux activistes anti-Beauté. L'interpellation ne se passe pas très bien. L'agent Brandon rend compte des résultats de son intervention au sénateur Timothy Robeson qui a des intérêts pharmaceutiques dans cette histoire (et qui rend lui-même compte aux époux Abernathy). Alors que le nombre de cas de combustion spontanée augmente, l'organisation des activistes anti-Beauté prend contact avec Vaughn et Foster.



Jeremy Haun n'est pas un artiste très prolifique, il a un peu travaillé pour Image (The Darkness rebirth) et pour DC sur Batwoman. Il propose une série toute nouvelle, alimentant ainsi la corne d'abondance de l'éditeur Image dans les années 2010, avec une variété de titres et de genres sans fin. Le point de départ du récit est à la fois très malin et un peu convenu. Le lecteur est immédiatement séduit par ce concept de maladie sexuellement transmissible qui transforme les individus en canon de la beauté. Il s'agit d'une idée assez ironique puisque finalement c'est la possibilité pour l'humanité d'atteindre un de ses objectifs : devenir beau quel que soit l'individu, sans effort diététique ou physique. C'est assez moqueur car comme achèvement de l'humanité, être physiquement beau reste assez dérisoire par rapport à des aspirations plus sociales, politiques, intellectuelles ou spirituelles. D'un autre côté, c'est un peu convenu car les canons de la beauté retenus par Jeremy Haun sont ceux vendus par les marques de produits de beauté, par les responsables marketing de produits en tout genre, à l'échelle de la planète.



En découvrant la première page, le lecteur est agréablement surpris. Jeremy Haun réalise des dessins de type réaliste avec un bon niveau de détails. Cette page comprend 4 cases de la largeur de la page, un plan fixe sur une rue piétonne. Le lecteur observe les différentes personnes avec des morphologies différentes, des tenues vestimentaires différentes, l'impression que ces passants sont effectivement en train de marcher et de se déplacer, des façades d'immeuble plausibles. Les personnes atteintes de Beauté ne disposent pas d'une aura écrasante, mais John Rauch les fait discrètement ressortir avec leur peau mordorée.



Tout au long de ces 6 épisodes, le lecteur apprécie ce niveau d'implication de l'artiste, tant pour les accessoires, les tenues vestimentaires et les endroits. Jeremy Haun a l'art et la manière de donner de la crédibilité à chaque endroit : le bureau du chef de Vaughn & Foster, les toilettes femmes du commissariat, la cuisine des Foster, un parking souterrain, une salle de cinéma désaffectée, un énorme bureau dans les locaux d'un grand magazine, l'installation souterraine des activistes anti-Beauté, etc. Haun apporte le même degré de finition dans les vêtements ou les accessoires, variant même les modèles de monture de lunettes de vue en fonction de qui les porte. Le lecteur a donc vraiment l'impression de s'immerger dans des environnements crédibles et plausibles, sans exagération visuelle qui nécessiterait un supplément de suspension consentie d'incrédulité.



Dans la deuxième séquence, le lecteur constate également que Jeremy Haun détoure beaucoup d'éléments avec un trait fin, sans ajouter d'aplats de noir dans ces surfaces, ou de hachures pour leur conférer une texture. Ce parti pris graphique constitue un frein à l'immersion du lecteur pour certains décors. Ces derniers restent bien conçus et bien montrés, mais ils manquent parfois de consistance. Ainsi cette deuxième séquence montre une femme atteinte de Beauté entrer en combustion spontanée. Les parois du wagon sont dépourvues de toute publicité, de tout graffiti, de toute usure ou toute dégradation. John Rauch a beau ajouter de discrets motifs dans ses couleurs, ces parois restent factices. Lorsque le sénateur Robeson se présente à madame et monsieur Abernathy, ils se tiennent dans leur bibliothèque. Les étagères sont remplies de livres, mais uniquement détourés de traits simples, sans spécificité, sans crédibilité. John Rauch a beau varier la couleur des dos de chaque tome, le lecteur a l'impression de regarder un modèle de démonstration rempli de livres factices. Cette absence de texture diminue également l'impact de la représentation des corps dénudés (peu nombreux, mais représentés de face sans fausse hypocrisie quant à a nudité).



Convaincu par la majeure partie des visuels, le lecteur ressent l'impression d'être dans une série télé policière de bonne qualité, sur la base d'une idée très accrocheuse. Il apparaît que les coscénaristes ne se contentent pas de jouer avec la contamination et la réaction des infectés, ni avec des individus qui prennent soudain feu. Ils proposent une vision assez cynique de la société américaine, dans laquelle les intérêts financiers sont entremêlés aux intérêts politiques (le double positionnement du sénateur Robeson), dans laquelle le capitalisme règne en maître (l'entreprise pharmaceutique dont l'objectif premier est le profit et non la santé). Ce qui est le plus terrible est que cette vision provient directement du monde réel. Comme pour les dessins, le scénario n'exige pas beaucoup de suspension consentie d'incrédulité. Néanmoins le point de départ original assure que le lecteur n'ait pas l'impression de lire un journal d'actualités.



Le temps d'une ou deux séquences, le lecteur se demande si les auteurs n'en font pas un peu de trop en intégrant des éléments pour ratisser plus large. Il y a donc 2 ou 3 corps dénudés (mais finalement dénués de séduction érotique du fait de dessins trop académiques), un politique aux pratiques très discutables, et même une relation homosexuelle. Pourtant ces doutes sont atténués parce que finalement Haun et Hurley savent faire exister leurs personnages. Ainsi ces éléments ne sont pas de simples dispositifs narratifs au fonctionnement mécanique. Ils émanent de la personnalité des protagonistes, ils leur donnent plus d'épaisseur, ils servent à nourrir l'intrigue. En particulier les relations entre le couple homosexuel sont basées sur l'affection et la confiance, sans aucune image racoleuse, choquante ou provocatrice.



Comme il est de coutume dans le monde de l'édition des comics, ce tome porte le numéro 1. Début 2016, les épisodes du tome 2 sont en chantier. Les auteurs racontent un thriller rapide sans être frénétique. Les dernières pages apportent une résolution satisfaisante à l'intrigue principale. Le lecteur sent qu'une suite est possible, mais il ne ressort pas frustré de sa lecture car l'histoire pourrait également s'arrêter là.



Le tome se termine avec la reproduction des différentes couvertures et couvertures variantes, au nombre total de 20. En particulier, le lecteur apprécie celles de Jeremy Haun, Jenny Frison, la photographie des auteurs singeant l'une des couvertures alternatives de la série Sex Criminals (la quatrième impression du premier épisode), Ben Templesmith, Christopher Mitten, Riley Rossmo, Mike Huddleston, ou encore Greg Hinkle.



Au final, ce tome comprend une histoire complète, un thriller bien troussé qui prend comme point de départ une maladie sexuellement transmissible : la beauté. Les auteurs n'exploitent pas à fond ce concept philosophique, mais ils proposent un récit comprenant plusieurs facettes, noir sans être glauque. Les dessins de Jeremy Haun permettent un bon niveau d'immersion, même s'ils manquent parfois d'un peu de texture.
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The beauty, tome 4

Ce tome fait suite à The Beauty Volume 3 (épisodes 12 à 16) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 17 à 21, initialement parus en 2017/2018, tous écrits par Jeremy Haun & Jason A. Hurley, tous mis en couleurs par Nayoung Kim. Il contient également les couvertures variantes réalisées par Greg Smallwood, Andy MacDonald, Baldemar Rivas, Ray Fawkes et Dave McCaig.



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Épisode 17 (dessins et encrage de Matthew Dow Smith) - Quelque part en Amérique du Sud, monsieur Truman et son commando ont capturé la docteure Doreen Palmer et son assistant. Ils les tiennent en joue, agenouillés devant eux. Truman fait abattre l'assistant d'une balle dans la nuque. Dans le même temps, (Ben) Calaveras et son propre commando viennent d'arriver sur place. Ils commencent à éliminer les sentinelles postées par Truman, avant de faire irruption dans la pièce où il se trouve avec Doreen Palmer.



Le lecteur a pris le pli : il sait qu'en début ou en fin de chaque tome, il va découvrir une histoire dessinée par un autre artiste, mettant en scène un individu atteint ou non du virus de la Beauté, ce virus ayant une conséquence directe ou non sur sa vie. Cette fois-ci, il plonge au beau milieu d'un enlèvement d'une docteure travaillant visiblement pour un riche commanditaire. Mais en fait le récit se focalise sur le personnage du mercenaire Cavaleras qui porte constamment un masque évoquant la fête Santa Muerte. À l'évidence, cet individu (qui se prénomme Ben) a décidé de ne pas contracter le virus de la Beauté pour une raison indéterminé. Il a également décidé de se séparer de sa femme et de sa fille, même s'il continue de les entretenir financièrement. Quel rapport entre ce personnage et l'intrigue relative à la Beauté ? Mystère, ou en tout cas ce n'est pas très explicite, si ce n'est cette volonté de ne pas monter son visage que le lecteur suppose défiguré et difficile à regarder.



Ces histoires en 1 épisode sont aussi l'occasion de découvrir un nouveau dessinateur à l'œuvre : Matthew Dow Smith qui a dessine quelques épisodes la série X-Files ainsi que la rencontre improbable Batman '66 Meets John Steed & Emma Peel écrite par Ian Edginton. En surface ses dessins évoquent ceux de John Paul Leon, avec des aplats de noir copieux qui viennent densifier des descriptions réalistes et factuelles, sans volonté de donner une apparence romantique aux personnages ou de les glorifier. Le lecteur suit donc des individus crédibles dans un monde un peu froid, privé de chaleur humaine, ce qui est parfaitement en phase avec l'histoire. Dow Smith utilise de préférence des cases de la largeur de la page en utilisant toute leur largeur pour insérer des éléments visuels, établissant les personnages dans un environnement concret et consistant.



Sous réserve de ne pas se focaliser sur un éventuel rapport avec la Beauté (qui apparaît pourtant dans l'histoire suivante), le lecteur découvre une histoire sans affèterie, mettant en scène un mercenaire efficace et dépourvu d'état d'âme, très crédible. 5 étoiles.



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Épisodes 18 à 21 (dessins et encrage de Thomas Nachlik) - Cooper Mack anime une émission radio d'investigation qu'il prépare avec Nia Glover, enceinte de 7 mois. Il est en train de terminer la dernière émission de la saison. Il se rend ensuite au domicile de Nia et son époux pour fêter une saison d'émissions bien réussies, et goûter à la cuisine de ce dernier. Nia Glover ne peut pas s'empêcher de lui demander sur quels sujets il souhaite mener une enquête pour la saison suivante. Coop n'en a aucune idée. Quelques jours plus tard, alors qu'ils arrivent au studio pour traiter les tâches administratives, Nia Glover surprend un individu encapuchonné s'introduire dans leur local. Lorsqu'ils y pénètrent l'intrus ne s'y trouve plus, mais il a laissé une clé USB. Dessus, se trouve un message vidéo leur promettant des révélations sur le virus de la Beauté, et un rendez-vous pour le lendemain, dans un grand mall. Cooper Mack s'y rend et se fait accoster par Milo, un individu au comportement un peu étrange, collectionneur de chaussure. Milo offre un churro à Coop, et lui explique ses conditions pour accepter de livrer des informations.



Le lecteur retrouve le dessinateur des épisodes 13 à 16, ainsi que le virus de la Beauté. Thomas Nachlik dessine toujours de manière descriptive, réaliste et précise, avec plus de détails que Matthew Dow Smith, et moins d'aplats de noir. Le lecteur observe des individus avec des morphologies normales et des visages expressifs, portant bien les émotions habitant les personnages, en particulier lors des interviews d'une présentatrice, d'un basketteur, d'une actrice, d'un politicien, et d'une femme, avec des questions portant sur le bonheur, qui donnent leur avis sur ce que le virus de la Beauté a changé dans leur vie ou pour l'existence humaine. Nachlik utilise lui aussi majoritairement des cases de la largeur de la page, avec le même souci que Dow Smith de montrer où se trouvent les personnages et comment ils évoluent dans leur environnement. Cette approche réaliste donne une saveur particulière aux séquences, y compris les plus inattendues. D'un côté, le lecteur peut parfaitement se projeter dans des endroits ordinaires comme les appartements, les couloirs d'un immeuble de bureaux, les escalators d'un grand centre commercial, les rues de la ville, un parking souterrain et même les toilettes d'un bar avec ses urinoirs. De l'autre côté, cela donne une réelle plausibilité à des lieux plus inattendus comme la bibliothèque de mesdames Abernathy ou le club échangistes avec des pratiques sadomasochistes.



Grâce aux dessins de Thomas Nachlik, la narration prend une allure naturaliste qui rappelle que cette histoire se déroule dans un monde très proche du nôtre, avec des individus normaux dans lesquels il est facile de se reconnaître. La docteure Doreen Palmer refait une apparition et elle fait bien son âge, ainsi que mesdames Abernathy. L'allure de Milo montre qu'il fait parfois preuve d'un comportement légèrement décalé, pas tout à fait normal au regard de la bienséance de mise dans les rapports sociaux. Les postures de Nia Glover atteste du fait qu'elle soit enceinte et qu'elle prend des précautions dans ses mouvements, et sa manière de répartir sa masse corporelle. S'il y est sensible, le lecteur repère également que Thomas Nachlik ne se contente pas de dessins fonctionnels, et qu'il intègre de petits détails comme le teeshirt de Milo avec le logo de Winger, ou l'aquarium enchâssé dans une fenêtre, avec des poissons qui passent devant l'immeuble en vis-à-vis.



Les coscénaristes Jeremy Haun & Jason A. Hurley reviennent de plain-pied dans leur intrigue principale : la nocivité du virus de la Beauté, et la responsabilité des grands groupes pharmaceutiques. Le lecteur apprécie que l'intrigue principale progresse de manière significative. À nouveau, il est question de l'objectif réel des entreprises pharmaceutiques : faire du chiffre d'affaires, et non pas de guérir les malades. Milo travaillant pour une de ces entreprises, il devient un lanceur d'alerte avec les risques que ça représente. Le lecteur apprend que la docteure Doreen Palmer travaille pour l'entreprise pharmaceutique Abericorp, sans état d'âme sur l'utilisation des produits fabriqués. Par ailleurs l'interview de 5 personnes de milieux différents sur les conséquences de la Beauté pour eux abordent des questions éthiques sous autant d'angles différents, de la réussite par l'effort, à la beauté comme prérequis obligatoire de la réussite, et le fait que la beauté ne fait pas le bonheur. Les coauteurs ne se lancent pas dans une dissertation académique, mais touchent du doigt ces questions, avec un regard pénétrant.



Ces 4 épisodes constituent également une histoire à part entière, basée sur la dynamique d'une enquête : un journaliste qui a flairé un bon sujet, mais aussi une opération de maquillage d'un scandale de grande ampleur dont l'avancée dépend d'un individu un peu fantasque. Ils savent faire en sorte que Cooper Mack ne soit pas un individu carriériste uniquement motivé par son intérêt personnel, mais pas non plus un fanatique altruiste partant en croisade. Son enquête comporte un ou deux moments hauts en couleurs (le club échangiste) sans devenir irréaliste pour autant, car les coscénaristes savent doser leurs effets. Dans le même temps, ils savent faire ressortir que Cooper Mack s'est attaqué à un gros poisson et que ce combat de David contre Goliath n'est pas gagné d'avance, induisant un suspense efficace.



Arrivé au quatrième tome, le lecteur a compris que les coscénaristes ont créé un récit d'anticipation, avec un environnement qu'ils souhaitent explorer au travers d'histoires courtes, et une intrigue générale à laquelle ils reviennent au gré de leur fantaisie. Il découvre un premier épisode pas facile à rattacher à l'intrigue générale ou même au virus de la Beauté (mais au moins 2 liens apparaissent par la suite), raconté par des dessins en phase avec l'histoire pour le portrait d'un résolveur de problèmes aussi efficace que professionnel, et crédible. La deuxième histoire se concentre sur le fil directeur de la série, avec des dessins à nouveau en phase avec la forme d'enquête du récit, mettant en scène des personnages crédibles dans un thriller avec un bon suspense.
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The beauty, tome 3

Ce tome fait suite à The Beauty Volume 2 (épisodes 7 à 11) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 12 à 16, initialement parus en 2017, coécrits par Jeremy Haun & Jason A. Hurley, dessinés et encrés par Jeremy Haun (épisode 12) et Thomas Nachlik (épisodes 13 à 16), avec une mise en couleurs réalisées par John Rauch.



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- Épisode 12 - Joe se réveille tranquillement dans son lit, au son des paroles de la jeune femme avec qui il vient de passer la nuit. Elle est fort contrariée car elle n'a pas contracté d'infection sexuellement transmissible. Elle avait pensé que Joe avait été contaminé par le virus Beauty, mais en fait il est juste beau naturellement. Elle part très fâchée. Au boulot, Joe raconte cette mésaventure à sa collègue Jessie. Les jours suivants, il prend successivement, rendez-vous avec 4 jeunes femmes, mais elles sont aussi obsédées par la beauté apparente. Il finit par accepter de se rendre à une exposition avec Jessie où il fait la connaissance d'Adelaide, une jeune femme qui achète des tableaux pour décorer les intérieurs de riches propriétaires.



En commençant un nouveau tome, le lecteur ne sait pas trop sur quel genre d'histoire il va tomber. Les coscénaristes ont établi l'existence de cette maladie vénérienne, ce qui différencie le monde où se déroulent ces histoires, mais ils peuvent aussi bien mettre en scène des personnages récurrents que raconter une histoire indépendante de toute autre. C'est le cas ici avec cette histoire d'amour toute simple. Un jeune homme bien de sa personne va de déconvenue amoureuse en déconvenue amoureuse, jusqu'à rencontrer la bonne personne. Les dessins de Jeremy Haun sont descriptifs, propres sur eux avec des contours nets et fins, un soin réel apporté aux décors et aux tenues vestimentaires. Il choisit une mise en scène dénuée d'afféterie pour raconter son histoire de manière claire et simple. Les expressions des visages contiennent des nuances qui relèvent de bons jeux d'acteur.



Le lecteur se laisse donc porter par cette histoire d'une rencontre, avec plaisir, mais en se demandant quel est le rapport avec la choucroute. Il devient vite apparent que l'existence du virus Beauty n'est qu'un prétexte, un dispositif qui sert à souligner que Joe n'est pas obsédé par l'apparence, qu'il apprécie d'être beau, sans en faire un objectif dans sa vie. Finalement les auteurs ne cherchent qu'à mettre en scène la simplicité et l'évidence d'une rencontre, entre deux individus consentants et sains. C'est à la fois une histoire d'une banalité et d'une platitude remarquables, et à la fois une ode au plaisir de pouvoir partager sa vie avec une personne sans complication. Bien sûr, ils ne racontent que la rencontre et l'épisode s'arrête avant les chaussettes sales et les disputes sur la manière de reboucher le tube de dentifrice. Mais d'un autre côté, l'évidence de la rencontre entre Joe et Adelaide a quelque chose de réconfortant, d'optimiste, de chaleureux. 4 étoiles.



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- Épisodes 13 à 16 - Dans une boîte de nuit, une belle jeune femme repère un amant potentiel. Le lendemain, Kara Vaughn se lève, prend son café, revêt son uniforme d'inspectrice de police et se rend sur la scène d'un crime. Dans le hall de l'immeuble, elle retrouve son partenaire, l'inspecteur Drew Foster qui lui tend un café. Après avoir avalé leur café, ils prennent l'ascenseur pour monter jusqu'à l'appartement où se trouve le cadavre. Ils découvrent une mise en scène glaçante : la victime est maintenue en station debout par des liens à une potence, et elle s'est lentement vidée de son sang qui forme une grande flaque sur le sol. Le meurtrier l'a placée au milieu d'un cercle de miroir sur pied. Après avoir revêtu des surchaussures, les 2 inspecteurs pataugent dans le sang pour pouvoir examiner le cadavre de plus près. Une fois cette tâche accomplie, ils retournent au commissariat où les attend la journaliste Jocelyn Grace, animatrice d'une émission de télévision et changée par le virus Beauty. L'enquête piétine, et les meurtres d'individus infectés par Beauty continuent, y compris une immolation par le feu.



Cette deuxième partie repose plus sur l'existence du virus Beauty puisque le meurtrier en série choisit ses victimes parmi ceux qui en sont atteints. En outre, l'inspectrice Kara Vaughn elle-même l'a contracté, et a été transformée en une superbe modèle. Les scénaristes racontent donc une enquête en bonne et due forme, avec des inspecteurs qui traquent l'indice avec plus ou moins de succès. Ils sont confrontés à un criminel qui n'hésite pas à montrer son visage à une caméra de surveillance. Ils doivent surmonter l'horreur de la mise en scène des crimes et marcher dans le sang. Ils doivent aussi composer avec une journaliste chargée de rassurer la communauté des individus infectés, et qui n'a aucune intention de se laisser balader par des informations trop filtrées. Les coscénaristes utilisent avec intelligence les conventions du polar, montrant en quoi l'enquête touche les enquêteurs, en quoi le milieu dans lequel elle s'effectue influence aussi bien les victimes que le meurtrier. De ce point de vue, l'enquête sert également de révélateur de certains aspects de la société et de la personnalité de ceux qui y participent.



Jeremy Haun & Jason Hurley ont renversé le principe même d'une épidémie biologique puisque l'épidémie de Beauty a pour effet de transformer les corps des individus infectés en leur donnant une perfection physique, une forme de beauté universelle. L'enquête permet d'apprécier que ce qui semble être un bienfait pour tout à chacun ne fait pas le bonheur, loin s'en faut. La sublime Kara Vaughn déclare même qu'elle ne trouve pas de plaisir particulier à entretenir des relations avec d'autres personnes, à commencer par des amants. Les auteurs indiquent également l'épreuve qui lui pèse et l'empêche d'apprécier la vie. De la même manière, Jocelyne Grace (également transformée par le virus) n'a rien perdu de sa volonté de militer, de se battre. En creux, les coscénaristes montrent que la beauté physique n'a finalement pas amélioré la vie de ceux qui l'ont obtenue. Ils déroulent ainsi leur enquête, et le lecteur constate qu'ils laissent de côté le mythe de l'enquêteur tenace et perspicace, pour préférer une approche plus plausible, d'une enquête qui progresse du fait d'un concours de circonstances dont les enquêteurs ne sont responsables que de moins de la moitié.



Comme toujours, le lecteur grimace un peu quand il constate que ce n'est pas le dessinateur d'origine qui réalise les épisodes d'un chapitre. Il se détend un peu quand il constate que le ressenti de la lecture est identique à celui du premier épisode, grâce à la mise en couleurs de John Rauch qui établit une impressionnante unité visuelle. Il se détend encore un peu plus quand il se surprend à vérifier que ce n'est effectivement pas le même dessinateur entre l'épisode 12 et les suivants. En effet Thomas Nachlik utilise un découpage de planche très similaire à celui de Jeremy Haun, avec régulièrement des cases de la largeur de la page, et des cadrages en plan taille ou en plan poitrine. Il utilise un peu plus souvent une légère contreplongée pour accentuer une impression dramatique. Les traits des visages ne sont pas aussi fins que ceux de Haun, mais ils sont aussi expressifs et aussi naturalistes. Nachlik ne réussit pas aussi bien que Haun à conserver la cohérence des morphologies, en particulier Jocelyn Grace a tendance à empâter dans une case ou deux, et sa poitrine subit des variations de bonnet étranges.



Thomas Pachlik représente des décors aussi modernes que ceux de Jeremy Haun, détourés avec des traits aussi fins. Le lecteur finit par se demander s'ils n'utilisent pas le même logiciel de modélisation 3D. Quoi qu'il en soit, ils en font un usage intelligent qui n'est pas systématique et donne la sensation de voir les personnages évoluer dans des endroits clairement définis et spécifiques. Il commence par observer l'ameublement de l'appartement de Kara Vaughn, puis l'agencement du loft dans lequel les inspecteurs examinent le premier cadavre, puis les locaux fonctionnels du commissariat, le restaurant italien où a eu lieu un règlement de compte, l'étonnant espace de relaxation des studios de télévision, ou encore le restaurant dans lequel vont manger le couple Foster (Jenna & Drew) et Kara Vaughn. De temps à autre, le lecteur constate que le degré d'investissement de l'artiste diminue un peu en ce qui concerne les décors, mais cela reste passager.



Jeremy Haun & Jason A. Hurley continuent de mener la barque de leur série comme bon leur semble. Dans ce tome, ils consacrent un épisode à une rencontre amoureuse dans une histoire simple où la Beauté n'a pas grande importance. Avec des dessins qui rendent l'histoire encore plus évidente, ils envisagent la formation du couple sur la base de 2 circonstances donnant l'impression d'aller de soi, et redonnant confiance dans la possibilité de développer une relation amoureuse saine. Puis ils passent à une enquête criminelle totalement liée à l'existence de la Beauté. Les dessins baissent d'un cran en termes de qualité, mais les auteurs maîtrisent les règles du polar et évoquent aussi bien la notion de bonheur qu'une facette de la vie en société.
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The beauty, tome 1

Une MST (maladie sexuellement transmissible) que chacun voudrait contracter: voilà l'étonnant point de départ de "The Beauty", un polar qui mêle thriller, science-fiction et fable politique.
Lien : http://www.actuabd.com/The-B..
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The beauty, tome 1

Graphiquement, c'est là aussi du très bon boulot. Un réalisme photographique très agréable et très vivant ! Une nouvelle série qui ne va peut-être rien révolutionner, mais qui nous propose un bon moment de lecture !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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