- Les livres sont les objets les plus merveilleux qui soient, tu ne trouves pas?
Il eut l'air surpris, se rendit-elle compte, de la banalité de cette réflexion.
- Je veux dire, parce que ce sont des objets informes, ils ont une existence physique, comme nous. Mais chaque livre est l'actualisation d'une forme platonicienne - l'idéal, la création d'un auteur, qui existe indépendamment de l'objet réel. Et ils sont là, posés sur l'étagère: comme si l'idéal restait latent jusqu'à ce qu'on s'empare du volume pour se connecter à l'esprit d'un homme ou d'une femme qui parfois est mort depuis longtemps. Et, dans le cas des romans, avec un monde qui n'a en fait jamais existé.