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Critiques de Jean Azarel (6)
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Vous direz que je suis tombé : Vies et morts ..

Il y a plus de vingt ans, je fus enthousiasmé par la lecture d'"Ali, le magnifique". La grande qualité littéraire, la compréhension profonde des êtres, des événements et la culture déployée m'avaient fait penser que ce ne pouvait être Paul Smaïn, qui n'en était qu'à son quatrième roman, qui en était l'auteur. Je sais maintenant, qu'il s'agissait de Jack-Alain Léger, auteur -entre autres- de "Monsignore". Cette biographie, écrite par un auteur qui publie aussi sous pseudonymes, fait la lumière sur l'oeuvre et sur le personnage et remplit donc son contrat. Cependant, l'auteur, admirateur de Léger, est obnubilé par les névroses et tares de Léger et nous livre un document très pessimiste et plutôt glauque, ceci étant accentué par le fait qu'il ne suit ni un ordre chronologique ni logique, mais mêle interviews, analyses d'ouvrages, faits personnels. On aurait sans douter pu traiter le sujet sous un angle plus positif (simple opinion). Pas un mot sur la relation de Léger avec Françoise Sagan, qu'il a fréquenté pourtant, peut-être pas assez longtemps...

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Vous direz que je suis tombé : Vies et morts ..

J'avais lu quelques livres de Jack-Alain Léger, son dernier en particulier, Zanzarro circus, qui m'avait ému et rappelé l'incroyable écrivain qu'il était, qu'il aurait dû être ou qu'il aurait pu être - débrouillez-vous avec ça. C'est la raison pour laquelle, j'ai candidaté dans le cadre d'une opération Masse Critique pour lire sa biographie, enfin ce n'est peut-être pas le bon mot, disons l'essai biographique que lui consacre Jean Azarel.



Avant son suicide, dans sa dernière lettre, Jack-Alain Léger avait écrit : "moi, je sais qui je suis". Il est permis d'en douter. "Vous direz que je suis tombé", s'il éclaire l'affaire par brèves séquences, ne permet pas de la trancher. Homme multiple et successif, caméléon inachevé et rageur, bouffon génial qui aimait donner dans le grotesque, Jack-Alain Léger ne cesse de s'échapper de la toile où le biographe essaie de le fixer : c'est une sorte de course poursuite assez réussie en même temps qu'assez loupée, comme si l'ambition de cerner cet auteur était de toutes les manières vouée à l'échec.



Il y a chez Léger de son vrai nom Théron (Daniel-Louis), mais qui a emprunté les avatars de Melmoth, Dashiell Hedayat, Eve Saint Roch, Paul Smaïl pour écrire ou composer de la musique, un Philip K.Dick sans Californie ni SF qui se battrait avec un Romain Gary sans mère russe ni légende aérienne - un génie diffracté, reconnu puis ostracisé - un phénomène de foire maniaco-dépressif qu'on applaudit et qui fait peur.



"Dans chaque homme, il y a toujours deux hommes, et le plus vrai c'est l'autre" : Jack-Alain, schizophrène à la ville, le fut aussi à la scène et dans ses oeuvres, au point que tout se confond et se brouille, qui est qui ?, c'est un vertige, une galerie des glaces transformée en kaléidoscope. Jean Azarel ne démérite pas. Il y a dans son essai de très bons passages, d'autres mois bons, étrangement suspendus, alambiqués, bancals. Il donne l'impression d'avoir essayé de vivre dans les traces sans cesse brouillées de son héros - et que ce n'a pas été facile tous les jours...



Merci à Babelio et aux éditions Séguier pour cette lecture qui donne envie de lire ou de relire Léger.
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Vous direz que je suis tombé : Vies et morts ..

C’est l’histoire d’un mec dépressif et vaguement homosexuel qui a écrit des livres sous plusieurs noms, a publié des albums de rock déjantés et a fini par se jeter d’une fenêtre il y a 10 ans.



Voici en gros ce que l’on pourrait « pitcher » sauvagement de cette biographie si l’on voulait s’en tenir au format Twitter désormais dominant.



Jack-Alain Léger ne m’était pas totalement inconnu, quand j'ai candidaté pour le recevoir dans le cadre de l'opération Masse critique. J’avais le vague souvenir des polémiques déclenchées dans les années 2000 par ces deux pamphlets anti-islamistes, à une époque où mes convictions bien ancrées m’avaient interdit tout approfondissement. Depuis, comme pour beaucoup de mes concitoyens, les attentats ont permis de les nuancer quelque peu, ces convictions.



Curieusement, je visualisais l’écrivain sous les traits – beaucoup plus fins – d’un autre écrivain, sans pouvoir me rappeler lequel. Aujourd’hui, la couverture de l’ouvrage nous le présente dans la pose d’un M backstage, avant ou après la performance.



Je connaissais également Dashiell Hedayat et sa fameuse chanson Chrysler (« J'ai une Chrysler tout au fond de la cour. Elle ne peut plus rouler mais c'est là que je fais l'amour. »). On trouve facilement l’album Obsolète sur les plateformes de streaming (https://open.spotify.com/track/1WMhtmY2kElIVrsPNdsNv6?si=67275c47b1454523).



Mais je ne connaissais pas Daniel-Louis Théron, Melmoth, Paul Smaïl ou même Eve Saint-Roch. Je ne savais pas que JAL avait panaché sa bibliographie de quelques best-sellers, le plus notable étant Monsignore, thriller se déroulant au Vatican et ayant eu la chance de se voir adapté au cinéma (avec Christopher Reeves aka Superman dans le rôle-titre).



C’est donc bien volontiers que j’acceptais la proposition de Jean Azarel de partir à la découverte de ce personnage. Tout au long de ces quelque 300 pages, on le suit rencontrer les principaux témoins de l’époque : sa sœur, quelques-uns de ses éditeurs (qui furent nombreux), de vaillants amis qui eurent à supporter ses extravagances, les meilleurs jours, et ses esclandres les moins bons. On comprend au fil des pages toute la difficulté à être ami avec cet homme si autocentré, qui a très tôt souffert de bipolarité. On saisit progressivement toute la complexité, pour l’enquêteur, de saisir la réalité d’un auteur qui s’est voulu personnage romanesque (certains témoins en viennent même à douter de la réalité de son homosexualité revendiquée).



Un enquêteur qui ne ménage parfois pas son lecteur, de par son refus de la chronologie et un style parfois quelque peu… alambiqué. Mais pouvait-on imaginer lire la vie de Mister Léger sous la forme d’une fiche Wikipedia de 300 pages ? Il fallait bien coller à son sujet également dans la forme.



Un dernier point pour conclure. Le plus important peut-être. Jean Azarel m’a-t-il donné envie de lire JAL ?

Oui ! J’ai commencé sans attendre L’heure du tigre, un beau roman de plage (qui ne prétend pas au chef d’œuvre) trouvé dans une boîte à livres. Un détail anecdotique mais pas tant que cela : après quelques recherches dans les fonds de bibliothèques, Léger semble aujourd’hui bien oublié.

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Vous direz que je suis tombé : Vies et morts ..

« Vous direz que je suis tombé. » Dix ans après le suicide de l’écrivain, c’est sous ce titre prémonitoire que Jean Azarel, lui-même auteur de plusieurs romans, dresse un portrait biographique de Jack-Alain ­Léger, créateur visionnaire et tourmenté, bipolaire, narcissique, excessif, affabu­lateur, homosexuel masochiste, drôle et profondément mélancolique à la fois, toujours au bord du précipice.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Trans'Hôtel express

Comment appelle-t-on un collectionneur d’hôtels ? Si le mot fait défaut, il faudra l’inventer pour le narrateur de ce recueil qui passe sa vie d’une chambre à l’autre sur toute la surface du globe. Il conviendra ensuite de le traduire dans les trente-quatre langues qui lui sont nécessaires pour dire « Hôtel de la gare ». Ou mieux il faudra avoir recours à un terme d’addictologie. Le mal chez lui est en effet si enkysté, si incurable, qu’il s’affirme « dépendant, complètement accro » aux hôtels. Et comment se calmer lorsque les « dealers de came planétaire » font tout pour lui refourguer sa dose quand il veut décrocher ?

Le but premier du voyage : oublier Jumbo, « un dingue, rouleur de mécanique au cœur gros », et Estrella, une « jeune danseuse aux yeux mauves » au destin ténébreux avec qui il formait autrefois, en se croyant éternel, un « merveilleux trio d’amants-amis joyeux ».

L’aventure commence par un prologue à la Georges Pérec, véritable typologie des lieux transitoires où se nouent d’improbables histoires, de sombres destins. Pour déposer son sac, on a le choix − mieux vaut être adaptable − entre « les bouges, les palaces, les provinciaux, les économiques, les contemporains, les humbles, les prétentieux, les lugubres, les joyeux, les vétustes, les clinquants, les immaculés, les pouilleux ». D’autres listes à la Pérec ponctuent les étapes du voyage. L’une d’entre elles recense par exemple les détails sordides des bouis-bouis tenus par « des propriétaires calamiteux », loués à « des locataires veules », tous peu soucieux d’un « scribouillard de guerre las dont l’écriture est un moyen besogneux de survie ». Fort heureusement, le voyageur trafique « quand même mieux les mots que les armes ». Ses carnets se remplissent de notes pendant des années derrière des murs qui ont « l’épaisseur du papier ». Ils lui serviront plus tard à « retenir un passé avantageux bien que sans gloire » d’où hélas ne reviendront pas les victimes du sida ou les desperados du « syndrome Rimbaud », point suicidaire du non-retour.

Le Trans’Hôtel Express se termine par une dédicace aux initié.e.s : « à celles et ceux qui savent… » Quoi, au juste ? Sans doute que « les gardiens de la folie rôdent dans les jardins suspendus des hôtels du monde ». Sans doute qu’une proximité avec ses semblables est vitale pour « l’âme nomade » qui « poursuit inlassablement la rumeur des cloisons, alourdissant chaque fois ses bagages de sons diffus, de vociférations triviales, de halètements neigeux. » On l’aura compris : le plus souvent les portes closes s’ouvrent sur une « population interlope » où se côtoient drogue, overdoses, alcool, sexe, prostitution, descentes de police, souffrance, abandon, misère, déconfitures, rêves sans lendemains... Un monde « entre parenthèses » suffisamment déglingué, suffisamment « chimérique » pour qu’on souhaite réinventer la vie, la sienne et celle des autres, avec la certitude que le réel est l’imaginaire.

Le voyage à bord de la machine à remonter le temps est-il heureux ? Il semble que non pour le narrateur dont l’errance se perd dans une dangereuse frénésie. Son ascension dans les étages du plaisir s’apparente chaque fois à « une descente un peu plus profonde dans les enfers ». Le voici avec les « cellules nerveuses en chute libre ». Quelle « blessure à vivre » l’a poussé ainsi vers « la cruelle désinence du voyage », quelle fuite ? « La fin est jouée d’avance». Le cimetière Montmartre clôt l’aventure sur une tombe ouverte et une photo qui tombe « en vrille sur le cercueil ».

Les « fastes du passé » ne sont plus, le sommeil s’est perdu « dans les décombres de l’histoire. » La chambre bateau du prologue est devenue chambre ruisseau pour le survivant d’une époque folle, celle de la fin des années 60 à 80 où tout semblait possible, entre rock, culture américaine, immersion dans l’underground et nostalgie de la beat generation. L’écriture de Jean Azarel, « champion de la maïeutique hôtelière », s’accorde à cette époque : elle cultive le contraste, le vif, l’incisif, le compulsif, le cru, le rugueux, le poignant, l’haletant, le frénétique. L’accumulation et la dérive verbale ne lui font pas peur. Ces « bagatelles mésozoïques » finiront au bout du compte par s’effilocher en simple trace, un oiseau dans le ciel, possible sillage du poète Pessoa l’intranquille…



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Vous direz que je suis tombé : Vies et morts ..

Jean Azarel fait le portrait d’un écrivain aussi génial qu’insupportable : « Vous direz que je suis tombé ».
Lien : https://www.lesoir.be/515596..
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