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47 pages
Tarmac (23/02/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L'amour, l'errance, la dépendance, d'hôtel en hôtel pour tenter d'oublier l'inoubliable jusqu'à ce que..., « Trans' Hôtel Express »...

« La marque de mes chemises est sans importance. Toute ma vie, bercé par l'habileté de leurs mains, je me suis laissé habiller par les femmes autant que j'ai aimé les dévêtir. Il m'arrive de veiller tard pour échapper aux rêves. Les lieux transitoires où se nouent puis se dénouent l'espace d'une nuit des destins poigna... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comment appelle-t-on un collectionneur d'hôtels ? Si le mot fait défaut, il faudra l'inventer pour le narrateur de ce recueil qui passe sa vie d'une chambre à l'autre sur toute la surface du globe. Il conviendra ensuite de le traduire dans les trente-quatre langues qui lui sont nécessaires pour dire « Hôtel de la gare ». Ou mieux il faudra avoir recours à un terme d'addictologie. le mal chez lui est en effet si enkysté, si incurable, qu'il s'affirme « dépendant, complètement accro » aux hôtels. Et comment se calmer lorsque les « dealers de came planétaire » font tout pour lui refourguer sa dose quand il veut décrocher ?
Le but premier du voyage : oublier Jumbo, « un dingue, rouleur de mécanique au coeur gros », et Estrella, une « jeune danseuse aux yeux mauves » au destin ténébreux avec qui il formait autrefois, en se croyant éternel, un « merveilleux trio d'amants-amis joyeux ».
L'aventure commence par un prologue à la Georges Pérec, véritable typologie des lieux transitoires où se nouent d'improbables histoires, de sombres destins. Pour déposer son sac, on a le choix − mieux vaut être adaptable − entre « les bouges, les palaces, les provinciaux, les économiques, les contemporains, les humbles, les prétentieux, les lugubres, les joyeux, les vétustes, les clinquants, les immaculés, les pouilleux ». D'autres listes à la Pérec ponctuent les étapes du voyage. L'une d'entre elles recense par exemple les détails sordides des bouis-bouis tenus par « des propriétaires calamiteux », loués à « des locataires veules », tous peu soucieux d'un « scribouillard de guerre las dont l'écriture est un moyen besogneux de survie ». Fort heureusement, le voyageur trafique « quand même mieux les mots que les armes ». Ses carnets se remplissent de notes pendant des années derrière des murs qui ont « l'épaisseur du papier ». Ils lui serviront plus tard à « retenir un passé avantageux bien que sans gloire » d'où hélas ne reviendront pas les victimes du sida ou les desperados du « syndrome Rimbaud », point suicidaire du non-retour.
Le Trans'Hôtel Express se termine par une dédicace aux initié.e.s : « à celles et ceux qui savent… » Quoi, au juste ? Sans doute que « les gardiens de la folie rôdent dans les jardins suspendus des hôtels du monde ». Sans doute qu'une proximité avec ses semblables est vitale pour « l'âme nomade » qui « poursuit inlassablement la rumeur des cloisons, alourdissant chaque fois ses bagages de sons diffus, de vociférations triviales, de halètements neigeux. » On l'aura compris : le plus souvent les portes closes s'ouvrent sur une « population interlope » où se côtoient drogue, overdoses, alcool, sexe, prostitution, descentes de police, souffrance, abandon, misère, déconfitures, rêves sans lendemains... Un monde « entre parenthèses » suffisamment déglingué, suffisamment « chimérique » pour qu'on souhaite réinventer la vie, la sienne et celle des autres, avec la certitude que le réel est l'imaginaire.
Le voyage à bord de la machine à remonter le temps est-il heureux ? Il semble que non pour le narrateur dont l'errance se perd dans une dangereuse frénésie. Son ascension dans les étages du plaisir s'apparente chaque fois à « une descente un peu plus profonde dans les enfers ». le voici avec les « cellules nerveuses en chute libre ». Quelle « blessure à vivre » l'a poussé ainsi vers « la cruelle désinence du voyage », quelle fuite ? « La fin est jouée d'avance». le cimetière Montmartre clôt l'aventure sur une tombe ouverte et une photo qui tombe « en vrille sur le cercueil ».
Les « fastes du passé » ne sont plus, le sommeil s'est perdu « dans les décombres de l'histoire. » La chambre bateau du prologue est devenue chambre ruisseau pour le survivant d'une époque folle, celle de la fin des années 60 à 80 où tout semblait possible, entre rock, culture américaine, immersion dans l'underground et nostalgie de la beat generation. L'écriture de Jean Azarel, « champion de la maïeutique hôtelière », s'accorde à cette époque : elle cultive le contraste, le vif, l'incisif, le compulsif, le cru, le rugueux, le poignant, l'haletant, le frénétique. L'accumulation et la dérive verbale ne lui font pas peur. Ces « bagatelles mésozoïques » finiront au bout du compte par s'effilocher en simple trace, un oiseau dans le ciel, possible sillage du poète Pessoa l'intranquille…

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