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Citation de Erik35


Une thèse fut soutenue le 26 mars dans les écoles de médecine, qui demandait si le fréquent usage du tabac abrégeait la vie. An ex tabaci usu frequenti vitae summa brevior ! Et on concluait fort démonstrativement que l'usage fréquent de cette plante l'abrégeait. Ergo ex frequenti tabaci usu vitae summa brevior.
Mais que ne peut point la prévention, quand elle s'est une fois emparée de l'esprit des hommes ? Elle emporta en effet en faveur du tabac malgré tout ce qu'on put dire et faire contre lui. On se porta à en prendre avec une espèce de fureur qui ne permit plus de distinguer ni les lieux, ni les temps, ni les âges, ni les sexes, ni les tempéraments, ni les personnes. Tel n'en avait jamais pris qui dans deux ou trois jours s'en fit une habitude si forte, s'y asservit tellement, qu'il se réveillait la nuit exprès pour en prendre, qu'il en prenait en mangeant, en conversant, en marchant, en travaillant, en priant. On le regarda comme le lien de la société, la chose la plus nécessaire qu'il y eut au monde, que dis-je ? on s'étonna comment on avait pu vivre tant de siècles sans tabac, et on s'imagina qu'on cesserait de vivre dès qu'on cesserait d'en user. On poussa la chose si loin qu'on ne pouvait plus être un moment sans en prendre. On en prenait jusque dans les églises, sans que la présence de Dieu qu'on y adore, et le sacrifice redoutable qu'on Lui offre, pussent inspirer le respect, le recueillement et l'attention que des chrétiens convaincus de la vérité de leur religion devaient avoir naturellement, de sorte que Urbain VIII fut obligé, pour remédier à ces abus qui allaient jusqu'à la profanation, de publier une bulle par laquelle il excommuniait ipso facto tous ceux qui prendraient du tabac dans les églises.
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