J'ai suffisamment vécu et travaillé pour savoir qu'il existe un malentendu foncier entre les enfants et nous, comme aussi entre nous et le printemps. Les enfants et le printemps nous inspirent les mêmes attentes : renouveau, transformation, fraîcheur, générosité des promesses ...
« Je me demande s’il faudra devenir « ingénieur social », comme on dit aujourd’hui, pour savoir allumer un feu et y cuire des châtaignes avec les mômes. Si l’éducateur oublie le geste primordial d’allumer un feu, il oublie tout, il oublie la vie. Et qu’être éducateur c’est d’abord accomplir les gestes quotidiens qui assurent la vie ».
p.6 : "Dire non, c'est contenir dans les limites structurantes d'un refus sans appel. C'est inscrire un enfant entre des bornes, c'est donner forme à l'informe psychique du petit enfant."
p.61 : "Comment convaincre certains juges, inspecteurs de l'ASE, travailleurs sociaux, qu'il faut parfois que les parents et les enfants se quittent pour ne pas se perdre, que le mythe du grand retour a été conçu dans la dévotion biblique aux parents et par les projections inconscientes des responsables judiciaires et sociaux sur les parents d'enfants placés?"
p.85 : "Pour croire en l'adulte et faire l'expérience cruciale de la confiance, l'enfant, d'abord, doit être cru."
p.95 : "Les enfants d'aujourd'hui s'envoient parfois des mots grenades. Ils ont un lance-flammes dans la bouche."
p.99 : "Winnicott : "Nous sommes bien pauvres si nous ne sommes pas un peu fou"."
p.140 : "La clinique nous avait prévenu : au seuil de l'autonomie et de la liberté tant attendues, le jeune est confronté à son ambivalence. Sur sa face positive, il est impatient de partir; sur sa face négative l'angoisse infantile d'abandon se réactualise malgré le travail préparatoire que nous avons accompli avec lui depuis des mois. Il lui reste alors la solution, paradoxale, d'être odieux en vue de se faire littéralement pousser dehors en nous culpabilisant."