Le coucher
Un soir d’été, entre chien et loup, je quitte le boulevard de Sébastopol pour tourner dans la rue-aux-Ours alors que les réverbères s’allument. Cette
courte traverse aux allures d’aventure finit aux pieds d’une belle bâtisse en pierre de trois étages qui borde la rue Beaubourg. Un feu rouge m’arrête
derrière d’autres voitures. Je lève les yeux vers les trois hautes fenêtres du premier étage dont l’une vient de s’éclairer. Une femme apparaît de profil
dans l’encadrement. Une mousseline aussi transparente que les vitres dorées par le couchant révèle plus qu’elle ne couvre sa nudité. Elle entreprend de lisser ses longs cheveux
blonds, d’abord d’un côté, en accompagnant la brosse de l’autre main qui caresse le flot de mèches de l’intérieur, puis elle renverse la vague .…
Dieu roule un atome entre ses doigts, le regard perdu dans l’univers en expansion. Bien malin qui pourrait dire à quoi il pense.
Peut-être fait-il ses comptes ? C’est qu’il ne s’agirait pas d’oublier la moindre particule. La question revêt une certaine gravité.