En fait l’histoire des livraisons françaises de sel à la Suisse est inséparable des difficultés financières où se débattait la monarchie et de la dette extérieure de la France. En 1692 par exemple, l’ambassadeur Amelot signait avec Messieurs de Berne un traité de fourniture de sel de Salins, en liquidation de la créance d’un million de livres que ceux-ci possédaient sur la couronne depuis les prêts consentis aux rois Charles IX et Henri III durant les guerres de Religion, et d’indemnités promises par Henri IV pendant la guerre de Savoie. Les Bernois acceptèrent de considérer que le capital se limitait à 555 000 livres (lb), mais les intérêts du capital non remboursés de 1692 à 1776 atteignaient près de 3 000 000 livres, sans aucun réajustement qui aurait tenu compte de la dépréciation monétaire. La dette à l’égard de Bâle était plus considérable encore, 4 500 000 livres.
Au Moyen Âge, les pays les mieux pourvus de sel gemme étaient l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, l’Est de la France (Lorraine et Franche-Comté), l’Angleterre (Cheshire), l’Italie (Salsomaggiore) et la Sicile, la Bosnie (Tuzla), la Pologne et la Roumanie, la Russie. D’autres pays ignoraient l’existence de leurs ressources, plus profondément enfouies, ainsi la Suisse et les Pays-Bas.
L’Europe a connu la mobilisation du travail par la corvée. Jusqu’à une date très avancée, et par exemple au VIIIe siècle encore, les paysans lorrains devaient des corvées de charrois pour apporter le bois vosgien aux salines et emporter le sel vers les entrepôts au sud-est de l’Alsace et dans les cantons suisses.
Dans les salins du Midi qui ne peuvent bénéficier du mouvement des marées, les surfaces d’évaporation sont en partie supérieures et en partie inférieures au niveau de la mer et de l’étang. Les parties supérieures sont alimentées au moyen d’une élévation mécanique.
La production de sel a généré différentes formes de travail forcé, du servage à l’esclavage, et il paraît difficile d’établir une relation entre ces modes d’exploitation de la main-d’œuvre et un système technique particulier.