Citations de Jean-Claude Renard (159)
Joue-je ?
Jeu de mou
Pour le félin
Jeu de moues
Pour le vilain
Jeu de mains
Pour le filou
Jeu de moins
Pour rien du tout
Jeu de mors
Pour le roussin
Jeu de morts
Pour l'assassin
Jeu de monts
Pour Tibétins
Jeu-démons
Pour diablotins
Qui sait pourquoi
La coccinelle aux cents prunelles
Perle les prêles ?
- Ni vous, ni moi.
Qui sait pourquoi
La fourmi luit, mi-buis mi-gui,
Durant la nuit ?
- Ni vous ni moi.
Qui sait pourquoi
La sauterelle pastourelle
Pèle une airelle ?
- Peut-être toi...
Je cherche un jardin de sable avec trois blocs
de pierres parfaites,
des mousses riches de silence
et des arbres beaux comme des îles
Pour y enterrer mes démons.
Chaque mot écrit un autre mot.
p.85
INTRODUCTION AU SECRET/Dires
Le vent s'aiguise au seuil d'une caverne.
Si la menace ne se fie qu'au refus, pourquoi craindre
ce qui me guette ?
p.51
DANS LE DÉDALE BLANC
Rites 9
La mort
mesure-t-elle l’amour ?
L’amour
mesure-t-il la mort ?
Nul ne le sait.
Mais l’âme rit
si, dans l’un et l’autre,
habite
l’abîme blanc du mystère.
Le désert est, comme le silence du silence,
habité.
p.85
INTRODUCTION AU SECRET/Dires
Aucun corps n'est pareil.
Et pourtant chaque exil à chaque exil s'articule
dans les défis du labyrinthe.
S'ils s'annulaient
il n'y aurait plus que la mort.
p.83-84
FIGURE DE L'AIRE ROUGE/Carnet 3
Chaque seuil est une clé.
p.63
DANS LE DÉDALE BLANC/Grimoire 2
Notre parole dépend de notre silence.
p.87
INTRODUCTION AU SECRET/Dires
L'itinéraire commence-t-il quand toute piste disparaît ?
p.91
FIGURE DE L'AIRE ROUGE/Questions 3
Et les îles feront silence
3. Mais les corps sont anciens dans les amères pluies
Et leur sang séparé du sang de mes raisins.
J'ai préparé des poissons et des pains
Dont la présence émerveille les choses :
Qui les mange, en moi change et se métamorphose.
Restera-t-il des sèves, des roses, des rivières
Vivantes de la vie scellée entre mes pierres ?
Les fêtes de ma race par nuits rouges se fêtent.
Des bêtes pures louangent mes planètes.
Je n'ai légendes que de terres exactes.
Toute espérance fait avec moi son pacte.
Tout auspice en moi s'accomplit.
Les eaux transmuent que proposent mes puits.
Mes astres convient la connaissance.
J'arme la mort du temps des réelles essences.
J'arme l'amour des temps d'un amour sans saisons
Dont ma beauté habite les maisons.
Mais ma beauté brûle dans les ténèbres !
p.11
L'autre est-il l'infini de l'un ?
p.87
INTRODUCTION AU SECRET/Dires
Mais
Rien est ici.
Mais qui est rien ?
Tout est ailleurs.
Mais qui est tout ?
L'un n'a nul lieu.
Mais qui est l'un ?
L'autre est partout.
Mais qui est l'autre ?
Le même est là.
Mais qu'est le même ?
Dits des enfances
Extrait 2
Dehors , la foudre transfigurait le sang.
Toutes fourrures étaient vertes sous la neige lisible
à l'enfance
et les femmes, avant la mort,
touchaient de l'épaule les cristaux,
la mousse pure des menhirs.
Il n'y avait pas d'absence.
Nul ne sait quelle fut la parole.
Mais jusqu'à l'aube,
comme un rouge-gorge dans les branches nues,
l'indéchiffrable transparence
fascinera la nuit des îles.
Laisse l'acide noir creuser la nuit jusqu'au cristal.
p.64
DANS LE DÉDALE BLANC/Grimoire 2
ORACLES
Extrais de toi plus que toi.
DU PEUPLE INTÉRIEUR
extrait 3
Dans l'or exact en marche vers les près de viandes
et de vins
Et la profonde Ville. Ah ! qu'en ce lit aux lois
mystérieuses
Sédimenté de fruits et de froment se consomment
les Noces
Et la filiation, — et qu'à mon tour saisi du vent
royal
J'aie force avec la Femme armée des quatre Livres
du printemps
D'enfanter sa semence et le Dieu qui l'épouse !
— O pays verts,
O fêtes sur la mer où croît toute l'architecture
sainte
Et près des dolmens blancs scellés pour la proche
nuit de la gloire
La résurrection des corps frappés par l'Eau et
la Parole !
Question 2
Comment
(quand la lumière, chaque nuit, récidive mais, chaque
nuit, frappe l'ombre autrement)
déplier la parole
qui séjourne à hauteur du silence natal ?
p.47
NOIR — MAIS POUR INITIER
TOUTE LA NUIT
Toute la nuit la bête a bougé dans la salle,
Qu'est-ce que ce chemin qui ne veut pas finir,
Toute la nuit la barque a cherché le rivage,
Qu'est-ce que ces absents qui veulent revenir,
Toute la nuit l'épée a connu la blessure,
Qu'est-ce que ce tourment qui ne sait rien saisir,
Toute la nuit la bête a gémi dans la salle,
Ensanglanté, nié la lumière des salles,
Qu'est-ce que cette mort qui ne va rien guérir ?
Oasis
Toute oasis est intérieure.