Rester à ses côtés, ne jamais la quitter...
Goûter en chaque instant comme une éternité
Ne pas vraiment savoir si l'on est un ou deux...
Contempler son bonheur tout au fond de ses yeux,
Sa douceur angélique et son sourire nacré,
Être là simplement, pour vivre et regarder,
Et chercher chaque jour à l'aimer encore mieux...
Ne serais-je pas en train de tomber amoureux... ?
Une grande joie l'envahit, à laquelle elle ne s'attendait pas. Une joie intérieure. Une joie immense. Une joie merveilleuse la comble, qu'elle ressent furieusement dans chacune des cellules de son corps, dans toutes ses fibres, progressivement, à mesure que les derniers mots de Nicolas la pénètrent. Dans son esprit, dans son cœur. Une grande chaleur l'envahit, douce, bienfaisante, alors que sur son échine monte comme un courant électrique, un grand tremblement. Elle en oublie tous ses malheurs, au contraire, elle a l'impression qu'aucun être humain ne pourrait être plus heureux qu'elle sur cette planète, en ce moment magique. Elle en oublie aussi le ridicule de la situation, alors qu'elle ne peut faire un geste vers le garçon. Un geste d'amour, une caresse sur la joue, un baiser sur le front, rester contre lui un long moment pour vivre avec lui cette joie partagée, tout simplement, non cela lui est interdit.
À seize ans, bientôt dix-sept, on se donne totalement ou bien on ne se donne pas. Et l'on ne chôme pas à Mayumba. Il y a toujours quelque chose à faire. Le ménage, les repas, la visite des malades, l'aide aux familles, l'entretien des ornements de la chapelle, la chasse aux insectes, le safari aux araignées, aux souris, aux serpents, la lutte contre les champignons, l'humidité permanente... et encore tant d'autres choses.
Un peu de temps de ta vie au service des autres. C'est carrément bien ! Et puis l'Afrique... wow ! Ses crocodiles, ses araignées géantes, ses anacondas, ses moustiques, ses éléphants d'Asie, son paludisme, ses tortues ninja, ses tigres du Bengale, c'est quand même quelque chose !
Plus rien ne peut arrêter les fusées à poudre, plus rien ne peut sauver l'équipage en cas de problème majeur, durant ces cent trente secondes de tous les dangers ! L'enfer s'est déchaîné, sans retour possible, et les astronautes ressentent dans tout leur être cette explosion permanente et furieuse, ainsi que ce point de non retour, ces deux minutes fatidiques de vulnérabilité totale !
Pour Patou, Nicolas, Nolwenn et Marc-Antoine, le spectacle est stupéfiant. La terre tremble, l'énorme flamme brille comme un soleil, aveuglante, le vacarme est incroyable. Rien à voir avec ce que l'on peut ressentir devant sa télé ! Et de savoir qu'une petite jeune fille que l'on aime est assise là-haut, dans cet engin extraordinaire, le plus puissant du monde, harnachée dans le poste de pilotage, soumise à une accélération qui dans quelques minutes atteindra trois G, trois fois l'attraction terrestre, que son poids sera bientôt multiplié par trois ! Une adolescente de cent vingt-six kilos ! Au secours !
L'Afrique, c'est plein d'opportunités ! Tout le monde fait ça ! Regarde autour de toi ! Alors moi aussi, je ramasse un maximum et oualou ! Et à nous la belle vie !
Ils sont sympa... merci...
C'est vrai, ils sont gentils, accueillants, ils donnent ce qu'ils ont et ne demandent rien...